Planoise : Besançon veut modifier durablement son image

Pour changer l’image du quartier bisontin de Planoise, 1191 logements seront démolis, 695 seront réhabilités, 1495 résidentialisés et 397 reconstruits en dehors du quartier.

Le projet de renouvellement urbain du quartier de Planoise, dit prioritaire de la politique de la ville se veut une opération de vaste ampleur. Chiffrée à 170 millions d’euros HT, étalée sur dix ans, elle doit permettre à ce lieu de vie, qui compte 17830 habitants, de voir son image profondément bouleversée, afin de le rendre de nouveau attractif.

Si l’on prend en compte son extension géographique qui inclut les zones de Châteaufarine, les Hauts du Chazal, la Malcombe et Micropolis, le Grand Planoise, avec ses près de 18000 habitants est le quartier le plus peuplé de Besançon. Il compte des atouts majeurs, avec un parc immobilier de plus de 8500 logements (65 % d’appartements sociaux et 35 % de logements privés), d’importants centres commerciaux et des zones franches réunissant une partie notable des entreprises bisontines du secondaire et tertiaire et des sièges divers comme celui de l’Insee de Bourgogne Franche-Comté, la présence du tramway ou encore la qualité et la diversité des services de proximité (lycées, théâtre, Centre hospitalier régional universitaire, polyclinique…). Mais c’est également un quartier trop connu pour ses difficultés : pauvreté (revenu de solidarité active – RSA – versée à 19,5 % des ménages), chômage (44 % de taux d’emploi pour les hommes et 39 % pour les femmes), sécurité, tranquillité publique, propreté, décrochage scolaire, bâti dégradé…

C’est dans ce contexte qu’est né le projet de renouvellement urbain de Planoise. Son ambition est de modifier durablement et profondément l’image du quartier afin d’améliorer la qualité de vie de ses habitants et de le rendre à nouveau attractif en jouant sur plusieurs leviers complémentaires. Le premier s’appuie sur des interventions urbaines visant à résidentialiser les immeubles (en leur donnant un caractère privé, par exemple en posant des grilles à l’entrée ou en aménageant un jardin au pied), à les réhabiliter et à déconstruire lorsque c’est nécessaire (immeubles vétustes, typologies inadaptées à la demande actuelle, difficultés de gestion…). Il s’agit également de réaménager les espaces publics pour recomposer les secteurs et améliorer les cheminements. Cette étape est complémentaire de la nécessaire restau- ration de la sécurité publique, qui s’est traduite, au cours de ces derniers mois, par la mise en place d’un Groupe local de traitement de la délinquance par le procureur de la République, l’ouverture d’un poste de police dédié à la Police de sécurité du quotidien (PSQ) au sein du quartier, des interventions quotidiennes renforcées de la police municipale, la mise en œuvre d’une action de tranquillité résidentielle à l’initiative des bailleurs sociaux, cofinancée par l’État, le Grand Besançon et la ville. Second levier : le développement de l’économie en confirmant notamment l’excellence numérique du quartier comme élément central du projet en créant une coopérative du numérique, rue du Luxembourg, pour faire du quartier un « Temis numérique », après les deux technopoles Temis spécialisées en micro-techniques et santé, déjà présentes sur l’agglomération. Enfin, il s’agira d’amorcer la diversification de l’offre de logements au sein du quartier pour améliorer la mixité sociale (construction de maisons individuelles mitoyennes, soutien à l’accession à la propriété…).

UN PROGRAMME À LA HAUTEUR DES ENJEUX

Pour changer l’image de Planoise, 1.191 logements seront démolis, 695 seront réhabilités et 1.495 résidentialisés sur les trois grands secteurs du quartier (Île-de-France, Cassin et Époisses). Par ailleurs, à raison d’un logement reconstruit pour trois démolis, 397 reconstructions sont prévues en dehors de Planoise et des autres quartiers prioritaires bisontins (64 % à Besançon et 36 % dans les autres communes de l’agglomération). Il est également proposé de créer un nouveau gymnase à Planoise dans le cadre du projet. Cet équipement répondrait notamment aux besoins des deux lycées et à ceux des associations sportives du quartier qui ne disposent pas de tous les créneaux dont elles auraient besoin dans les deux gymnases existants. Côté financement : le coût total de l’opération est de l’ordre de 170 millions d’euros HT sur dix ans, dont 53 millions d’euros proviennent de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). La ville participera à hauteur de 17 millions d’euros et prendra en charge les aménagements et les équipements réalisés sous sa propre maîtrise d’ouvrage.

Le Grand Besançon interviendra à hauteur de 16,6 millions d’euros sur : la reconstitution de l’offre des bailleurs sociaux, la résidentialisation des immeubles de logements sociaux, la réalisation des voiries, le financement des opérations économiques et commerciales (coopérative du numérique, centres commerciaux, maison médicale…). La réussite d’un tel projet ne repose pas uniquement sur des éléments de transformation urbaine. Elle repose également sur une très large mobilisation pour l’accompagner et accompagner les habitants dans la durée. Un engagement des acteurs du quartier : conseil citoyen, habitants et associations… est indispensable à la réussite des opérations. Ils seront ainsi associés au projet en phase opérationnelle. C’est aussi une intervention partenariale avec l’État dans toutes ses composantes (éducation nationale, police, justice…), la région et le département, les bailleurs sociaux (sur des missions de relogements, déconstructions, réhabilitations, résidentialisations, reconstitution de l’offre) et les partenaires économiques, commerçants et professionnels de santé. Une maison du projet pour informer et co-construire verra le jour sur deux sites : le centre Nelson Mandela (secteur île- de-France) et la Maison des services au public (MSAP), secteur Cassin. Une charte de la participation sera entérinée par les différents maîtres d’ouvrages et le conseil citoyen afin de garantir des principes et modalités de fonctionnement identiques, quelles que soient les opérations. Côté calendrier, après la première réunion publique de présentation du projet aux Planoisiens, qui a eu lieu le 12 février, le projet sera soumis en mai à l’ANRU, dans le cadre du Nouveau programme de renouvellement urbain (NPRU) national, pour une signature de convention définitive à l’automne. Enfin en 2029, Planoise devrait voir sa mue achevée.