Lors d’un webinaire organisé par Walter France, Pascal Ferron, vice-président, et Yoann Suzanne, directeur de mission et initiateur du mouvement Les experts de la relance, ont dressé le panorama des mesures du plan de relance afin que toutes les entreprises puissent être en alerte des dispositifs existants et se positionner pour profiter totalement de la relance.
A ides, appels à projets, soutien des régions : le plan de relance affiche un budget de 100 Mds€, répartis en trois pôles pour « préparer la France d’ici 2030 » : l’écologie pour 30 Mds€, la cohésion pour 36 Mds€ et la compétitivité pour 34 Mds€. Certaines mesures existaient déjà et ont été intégrées à ce plan de relance, d’autres ont été créées spécifiquement. Les concepteurs de ce plan à Bercy ont bien compris l’intérêt de l’effet de levier. Les 100 Mds€ ne sont pas tous issus du budget de l’État : les entreprises, les banques et les investisseurs apportent leur contribution, et une partie significative des subventions sera elle-même subventionnée par le budget de Bruxelles.
Toutes ces mesures doivent être exploitées par les entre- prises d’ici 2022. La fenêtre de tir est courte et il ne faut pas attendre trop longtemps !
QUATRE DISPOSITIFS PHARE POUR L’ÉCOLOGIE
Inciter à rénover les logements est l’objectif de « MaPrimRenov » qui s’adresse à tous les propriétaires occupants et bailleurs et aux copropriétés. 1,7 Md€ est déjà dépensé.
Concernant la rénovation thermique des bâtiments publics, les 4 200 projets sont sélectionnés, en revanche les appels d’offres vont s’échelonner jusqu’à 2023 : les entreprises du secteur ont de belles opportunités en vue, il ne leur reste plus qu’à trouver de la main-d’œuvre !
Une enveloppe de 1,2 Md€ est consacrée à la décarbonation de l’industrie, qui a pour objectif d’accompagner les entreprises industrielles dans l’investissement d’équipements moins émetteurs de CO2. Quatre nouvelles catégories ont été ajoutées aux 17 qui avaient déjà été décrétées fin 2020, et certains taux d’aides ont été rehaussés, pouvant atteindre 50 % de leur investissement pour les PME.
Enfin, la prime à la conversion et le bonus écologique pour les véhicules propres ont très bien fonctionné jusqu’à maintenant, et des possibilités subsistent pour les entreprises qui possèdent une flotte de véhicules et qui seront bientôt contraintes de ne faire rouler que des véhicules propres.
PRIORITÉ AUX JEUNES ET AUX COMMERCES DE CENTRE-VILLE POUR LE VOLET
« COHÉSION »
Les aides à l’embauche se multiplient et sont déjà connues des entreprises : primes à l’embauche des jeunes, emplois francs… L’aide à l’apprentissage fonctionne très bien, c’est donc le moment ou jamais pour les entreprises de se décider à embaucher un apprenti pour la rentrée de septembre. Les aides, pouvant atteindre 17 000 €, mais en moyenne de 8 000 €, sont particulièrement intéressantes. L’année prochaine, il sera trop tard !
À noter que l’APLD – activité partielle de longue durée – qui peut prendre le relais de l’activité partielle de droit commun pour les entreprises concernées par une baisse d’activité durable mais modérée, est incluse dans ce volet Cohésion. Le recours à l’APLD peut porter sur une durée de 24 mois maximum, consécutifs ou non, sur une période de trois ans. Les entreprises envisageant de réduire au maximum leur temps de travail de 40 % en moyenne bénéficieront d’une allocation à hauteur de 60 % du salaire brut de référence, et indemniseront leurs salariés à hauteur de 70 %.
L’attention doit être attirée sur une mesure conçue pour redévelopper les commerces de centre-ville : la Banque des Territoires acquiert des locaux vacants et les loue à des commerçants, en leur donnant un coup de pouce au démarrage. Objectif : 6 000 nouveaux commerces à l’horizon de la fin 2022.
34 MDS€CONSACRÉS AU VOLET COMPÉTITIVITÉ
1 450 retenues pour un montant total de 6,2 Mds€ d’aides à la modernisation ou la relocalisation de l’outil industriel.
Des mesures phare particulièrement intéressantes ont été conçues pour contribuer au financement des entreprises, notamment la possibilité qui leur est offerte de souscrire des prêts participatifs ou de mettre en place des obligations relance ; 170 fonds ont été labellisés à cet effet.
Pour inciter les entreprises à exporter, une aide de l’ordre de 5 000 € peut être sollicitée pour financer des VIE – volontaires internationaux à l’ex- port – ; et l’assurance prospection qui existait déjà a été fortement abondée.
Enfin, les 500 € de subvention pour la mise à niveau numérique des PME restent un petit coup de pouce dont les commerçants, artisans et micro-entrepreneurs auraient tort de se priver.
ACCÉLÉRATEURS ET PROJETS D’INVESTISSEMENT D’AVENIR TOUJOURS AU PROGRAMME
Au-delà du plan de relance, les entreprises ont d’autres pistes pour profiter de la relance.
Bpifrance met en place des groupes d’accélérateurs de 20 à 30 entreprises, sur une période de 12 à 24 mois.
Il s’agit de programmes d’accompagnement sur mesure qui ont pour vocation de favoriser l’émergence de champions nationaux et internationaux. Ils peuvent regrouper des entreprises autour d’une expertise métier, ou regrouper celles d’une région.
Les PIA – programmes d’investissements d’avenir – qui préexistaient, ont été abondés de 11 Mds€ à l’occasion du plan de relance, et il n’est pas rare que les régions surabondent. Sur certains domaines stratégiques tels que l’hydrogène, la cybersécurité, le transport industriel, etc., ces PIA sont une formidable opportunité.
Depuis le début de l’année, ce sont 500 appels à projets qui ont été lancés.
Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’intérêt des fondations, qui disposent de fonds qu’elles peuvent octroyer sur des projets d’économie sociale tels que le handicap, le vieillir ensemble par exemple. Toutes les agences de l’Ademe, l’agence de la transition écologique, interagissent quant à elles sur les projets liés à l’environnement et fournissent un fantastique appel d’air sur ce type de projets.
QUATRE CONSEILS POUR PROFITER « À PLEIN » DU PLAN DE RELANCE
Entre le plan de relance, les PIA, les aides des régions, et tous les autres dispositifs existants, les entreprises se voient offrir des opportunités exceptionnelles. Pour ne pas passer à côté, elles doivent s’organiser :
– Bien définir leur stratégie et leurs objectifs de croissance et de développement, bien structurer leur projet.
– Être en veille permanente, identifier les dispositifs qui concernent leur secteur d’activité et qui correspondent à leur stratégie. Certains sont présentés lors de webinaires.
– Être réactives. Même sur des aides de 10 000 ou 20 000€, les dossiers à présenter sont souvent conséquents. Présentations type, modèles… Tout ce qui peut être anticipé doit l’être, car les délais de réponse sont parfois courts, et les dossiers doivent être préparés en plus de l’activité habituelle des dirigeants.
– Se faire aider. La forme des dossiers est aussi importante que le fond. Pour chaque nouvelle sollicitation, une attestation supplémentaire est nécessaire, un nouveau document doit être fourni… Il faut faire en sorte que le projet et le savoir-faire de l’entreprise correspondent au dispositif sollicité et cocher les bonnes cases.
L’aide de professionnels rompus à ce type d’exercice et habitués à constituer des dossiers peut faire gagner beaucoup de temps aux entreprises et multiplier leurs chances de succès.
« Le moment actuel est très propice. Il ne durera pas. C’est l’occasion ou jamais de ne pas laisser partir le train en restant sur le quai, assure Pascal Ferron, vice-président de Walter France. Les entreprises doivent commencer par structurer leurs projets pour qu’ils correspondent à une véritable stratégie de long terme et pas uniquement à un petit effet d’aubaine. C’est à cette condition que les professionnels que sont les experts-comptables et les experts de la relance peuvent intervenir efficacement, pour identifier les dispositifs intéressants, c’est-à-dire ceux qui seront le plus en adéquation avec la stratégie de l’entreprise, et mettre en place le processus d’investissement. »