Si la Maison Philipponnat et le Domaine Dufouleur exaltaient toutes les nuances du pinot noir, Denis Jacquet montrait combien le pragmatisme de la Chine en faisait un leader économique mondial et redoutable…
Entre le champagne de Charles Philipponnat et le bourgogne de Yann Dufouleur, Denis Jacquet, l’invité d’honneur de cette réunion du Wine & Business Club de Reims, s’est chargé de ramener les commensaux à la dure réalité des choses. À cet égard, le titre de son dernier ouvrage, « Pourquoi votre prochain patron sera Chinois » est à lui seul explicite ! On sait d’ailleurs que les représentants de l’Empire du Milieu sont particulièrement friands d’investissement dans le vignoble français.
UN BEAU PARCOURS
50 ans, diplômé d’HEC, spécialiste du e-learning, entrepreneur « engagé pour les entrepreneurs » (l’entreprise étant à ses yeux l’un des derniers terrains de liberté en même temps que… le seul esclavage librement choisi), proche du chef Thierry Marx, ancien international d’athlétisme, figure de proue du mouvement des « Pigeons » (précurseur « inverse » des Gilets Jaunes ?), fondateur du réseau Parrainer la Croissance et de l’Observatoire mondial de l’ubérisation, Denis Jacquet fait preuve d’une analyse incisive soutenue par un humour décapant.
62 % DES RECHERCHES SUR L’IA
« La Chine rebâtit patiemment un empire puissant » explique-t-il, exemple à l’appui. Un empire renaissant puisqu’au 15e siècle la Chine représentait 95 % du commerce mondial. Il démontre comment nos Gilets Jaunes « ont construit leur propre désarroi » en achetant toujours moins chers des produits venus de cette usine du monde qu’est la Chine !
Mais la Chine va plus loin puisque Denis Jacquet indique que « 62 % de toutes les recherches sur l’intelligence artificielle viennent de Chine ». Et pendant que Donald Trump s’efforce de mettre quelques bâtons dans les roues chinoises afin de permettre aux USA de se reprendre un peu, l’Europe interdit la fusion Alstom-Siemens…
Faut-il chercher l’erreur ? Pour Denis Jacquet, les Chinois sont pragmatiques, regardent ce que fait l’Occident… et font l’inverse. S’il a bien étudié le fonctionnement de l’économie chinoise, ne pas croire cependant qu’il irait vivre en Chine ! Ce qui ne l’empêche pas de penser que « ne pas s’inspirer que ce que fait la Chine est idiot ». Dont acte.
Champagne Philipponnat : patrimoine familial depuis 1522
Lorsqu’il est arrivé à la tête de la Maison fondée en 1910 par son grand-père et son grand-oncle (et qui fait partie du groupe Lanson-BCC), voici maintenant 20 ans, Charles Philipponnat a créé la cuvée 1522. 1522 comme la date identifiée de la possession d’une parcelle de pinot noir au lieudit Le Léon, à Aÿ, par l’ancêtre de la famille. « C’est une responsabilité, lorsque votre nom figure sur l’étiquette » dit l’actuel représentant de la lignée.
Il est vrai que depuis 20 ans, Charles Philipponnat n’a de cesse que de vouloir magnifier la précision et la fraîcheur des pinots noirs qui figurent dans les assemblages d’une Maison justement réputée pour donner toutes ses lettres de noblesses à ce cépage : « Chaque jour j’essaie d’améliorer un détail. C’est ce qui fait la différence ». Outre la cuvée 1522, dans son millésime 2008, les membres du Wine & Business Club ont pu déguster l’exceptionnel Clos des Goisses extra brut 2009 issu, à Mareuil-sur-Aÿ d’un vignoble de 5,40 ha qui est sans doute le plus chaud de la Champagne !
Domaine Guy et Yvan Dufouleur : patrimoine familial depuis 1596
Chez les Dufouleur, c’est la date de naissance de Gilles Dufouleur, en 1596, qui témoigne de l’enracinement familial de cette lignée de propriétaires récoltants à Nuits-Saint-Georges. Mais ce sont bien Guy et Yvan Dufouleur qui ont redonné vie au vignoble familial au cœur des Hautes Côtes de Nuits. Vie et réputation. Pour Yann Dufouleur, qui représentait le Domaine en compagnie de son épouse, « quand on rencontre quelqu’un de formidable, on passe toujours un bon moment. C’est pareil avec le vin ! », comprendre que le travail du vigneron complète ce que donne la nature (le terroir). À ce petit jeu, les Dufouleur excellent. Comme les grands vins blancs de Bourgogne ont besoin d’être bien élevés, les leurs le sont en barriques, à l’image du Savigny-lès-Beaune 2017 servi au Wine.
Quant au Fixin 2016, « si l’appellation, près de Gevrey Chambertin, est encore peu connue, le vin tout en profondeur, puissance et complexité, est étonnant et à découvrir » expliquait Yann Dufouleur. Un vin pour vrais amateurs !