Pierre Gattaz : « La France a des atouts incroyables »

Rodolphe Lefèvre (président FFB Marne et vice-président FFB Grand Est), à gauche sur la photo, et Christian Brethon (président du Medef Marne et de l’UIMM Grand Est), entourant Pierre Gattaz, Rémois d’un soir.

Pierre Gattaz était la semaine dernière l’invité d’honneur du Wine & Business Club de Reims. Belle occasion de recueillir sa vision de la situation politico-économique française du moment, et de faire un peu de prospective…

On ne fera pas l’affront à nos lecteurs de présenter davantage Pierre Gattaz. Mais on précisera cependant qu’il intervenait au Wine & Business Club en qualité de président du directoire de Radiall, entreprise fondée par ses père et oncle et spécialisée dans la conception et la fabrication de composants électroniques d’interconnexion – et à ce même titre, donc, dans le cadre de cet article. On n’oubliera évidemment pas qu’il a été président du Medef de 2013 à 2018, et qu’il est aujourd’hui président de BusinessEurope (association patronale dans laquelle on peut voir un « Medef euro- péen »…).

« Préoccupante ». Voilà comment Pierre Gattaz juge la situation française actuelle. « Le mouvement des gilets jaunes – au moins dans son ‘canal historique’ – exprime une inquiétude et des angoisses partagées par bien des Français, et bien des chefs d’entreprises ». À ses yeux, ce qu’entreprend le président de la République pour faire face à cette crise, notamment à travers le Grand Débat, mérite l’attention. La baisse de la fiscalité, la diminution des dépenses publiques, la revalorisation de l’apprentissage… sont également des mesures qui vont dans le bon sens. « Il faut avoir le courage de continuer les réformes. La France a des atouts absolument incroyables ». Des atouts passant justement par l’entreprise « qui possède 80 % des solutions des problèmes du pays », estime ce fervent prosélyte de la pédagogie relative à l’entreprise.

ECONOMIE ET DIGNITÉ HUMAINE

La sérénité, l’emploi, le pouvoir d’achat, mais aussi l’espoir (surtout pour les enfants d’aujourd’hui) et la fierté d’être Français et Européen, sont autant d’éléments qui doivent concourir à un redressement de la France, comme l’exprime Pierre Gattaz dans son dernier ouvrage, Y croire (éditions Nouveaux débats publics). « Nous devons avoir un grand projet, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle européenne. Nous devons porter une ‘vision’ à l’échéance 2030/ 2050. L’exploitation de notre patrimoine historique et culturel peut y contribuer. Les Chinois – qui sont fiers d’être Chinois ! – viennent aussi admirer notre culture… ».

Pour lui, une économie performante doit être une économie respectueuse de l’Homme et de la dignité humaine. « Nous avons les moyens de reprendre l’initiative en la matière ».

VERS L’AFRIQUE…

Le président de Business Europe regrette cependant que l’Europe manque de projet(s) politique(s) et d’enthousiasme. À ce titre, le veto opposé par la Commission européenne à la fusion entre Alstom et Siemens – qui aurait permis l’émergence d’un champion européen du ferroviaire pour faire face à la concurrence chinoise – lui semble « ridicule ».

Dès lors, pourquoi l’Europe ne se tournerait-elle pas vers l’Afrique afin d’y développer des « villes intelligentes durables », à la réalisation desquelles seraient associés les Africains dans un échange gagnant/ gagnant ? « Plutôt que de donner simplement de l’argent ou, comme les Chinois le font actuellement, de profiter de l’Afrique avec une stratégie très opportuniste de court terme, aidons les Africains à repenser leur urbanisation et à structurer leurs infrastructures, vers une transformation socio-économique qui apportera aussi une réponse au boom démographique attendu sur le continent ».