Le petit labo gersois d’aromathérapie cartonne avec une gamme de produits d’entretien 100 % naturels. Un challenge réussi pour un patron qui a tout quitté pour entreprendre en milieu rural.
Changer de vie, quitter le monde de la finance et partir vivre et travailler à la campagne. Jean-Christophe de Salins en rêvait depuis longtemps. À 48 ans, ce Breton qui occupe un poste important chez un grand compte, décide de franchir le pas et met le cap sur le Sud-Ouest, où il dispose d’une maison.
En 2010, il lance Phytogers, une entreprise de distribution de produits bio, alimentaires et cosmétiques, qui démarre vite et va très bien marcher. En 2014, la CCI du Gers signale à Jean-Christophe Salins un petit labo d’aromathérapie à vendre, à Gavarret-sur-Auluste, un charmant village de 140 habitants. Notre homme en est sûr, c’est la pépite qu’il cherchait. « J’ai racheté cette entreprise de quatre personnes qui disposait d’un savoir-faire unique et de centaines de formules de produits d’entretien et cosmétiques à base de plantes. Je savais développer et distribuer, j’avais l’occasion de produire, le challenge était passionnant ».
Le nouveau patron investit en R & D, s’approvisionne en Provence, en Auvergne et à l’étranger pour des plantes spécifiques. « Nous avons réussi à mettre au point un concentré à 99,9 % végétal qui offre les premières normes bactéricides. Un produit novateur, 100 % biodégradable, qui permet de nettoyer efficacement des grandes surfaces tout en éliminant les bactéries ».
Le succès est fulgurant pour la gamme de produits d’entretien de Phytogers, lancée en 2017, estampillée
« Fabriqué en France rurale » et commercialisée sous différentes marques, dans les réseaux de la grande distribution et par les enseignes spécialisées (Truffaut, GammVert, Naturalia…). En 2018, le CA était multiplié par quatre pour atteindre 1 M€, les effectifs auront triplé en septembre prochain, pour atteindre 12 personnes. L’entreprise fabrique également des cosmétiques et des antinuisibles mais le dirigeant mise surtout sur les produits d’entretien qui ont fait décoller l’activité.
AU BON MOMENT, SUR UN MARCHÉ PORTEUR
« C’était la bonne idée, au bon moment, assure le dirigeant, ravi de développer cette petite entreprise à taille humaine, en milieu rural. Le marché est très demandeur de gammes naturelles en droguerie, hygiène et parfumerie, non polluantes et non agressives. Et il existe très peu de fabricants ».
Et ce n’est sans doute que le début de l’aventure. La demande grossit et elle pourrait bientôt exploser, des accords nationaux sont en vue avec trois très grands comptes français. « Si cela se concrétise, il faudra doubler les effectifs d’ici 2020 et adapter l’outil de production ». Le CA serait aussi multiplié par deux. Quant à l’export, déjà développé au Japon, en Belgique, en Espagne et en Suisse, il pourrait lui aussi s’envoler, des contacts sont en cours avec une chaîne de 750 magasins aux États-Unis.
Phytogers méritait bien le prix « Innover à la campagne.fr », attribué à l’entreprise en 2018, parrainé par la région Occitanie et des grands titres de la presse nationale. « C’est un bonheur de travailler ici et de pouvoir créer de l’activité avec du personnel du secteur. Il y a une solidarité et une vitalité incroyable dans ces contrées délaissées. On est un peu seuls, on subit la fracture numérique mais ça vaut le coup ».