Phodé, le parfum de la réussite

Daniel Eclache a créé Phodé, une entreprise reconnue à l'international, qui produit 5000 tonnes de produits par an. (Droits réservés)

L’entreprise, initialement positionnée sur le marché des destructeurs et correcteurs d’odeurs, continue son expansion à l’international avec d’autres produits, comme des additifs et compléments alimentaires, et des e-liquides.

Nichée dans les contrées d’Albi, l’entreprise Phodé, spécialisée dans le développement d’additifs sensoriels, affichant un CA de 22 M€ en 2018, commence à être connue du grand public, suite à la création du parfum du département du Tarn, alors qu’elle excelle à l’international. Daniel Eclache, ancien docteur vétérinaire spécialiste de la reproduction, qui est devenu directeur scientifique pendant 10 ans chez Sanofi avant de plonger dans le milieu des arômes, en prenant la tête de la direction générale d’un laboratoire suisse, s’est ainsi lancé dans l’aventure en 1997, convaincu des bienfaits des arômes sur les êtres vivants. « Après avoir étudié des articles qui mentionnaient un lien direct avec le cerveau, j’ai trouvé invraisemblable de travailler uniquement sur le goût et l’odeur alors que ces molécules ont une action directe sur le comportement de l’individu », plaide le PDG de 70 ans. Sans attendre, il décide alors de s’installer dans le Tarn et de collaborer, à l’époque, avec un sous-traitant qui produisait des arômes.

Au fil de ses 22 ans d’existance, la PME a maintenu sa croissance, avec la volonté initiale d’innover et de se diversifier, en n’utilisant que des matières d’origines végétales et naturelles. Initialement positionnée sur le marché des destructeurs et correcteurs d’odeurs – qui représente aujourd’hui 10 % de son CA – elle s‘est lancée sur le marché des additifs alimentaires (80 % du CA total) dont une des spécialités est de stimuler l’appétit des animaux. Le marché des compléments alimentaires n’est, lui, pas en reste. « Étant spécialistes de l’olfaction, nous sommes sollicités régulièrement par la quasi-totalité des fabricants français pour rendre le produit meilleur au goût et donc acceptable par le consommateur ». Un axe de développement fortement étudié par l’entreprise, qui envisage de commercialiser ses propres compléments alimentaires d’ici deux ans.

Aussi, avec l’émergence des cigarettes électroniques, Phodé a pris le parti de miser sur ce marché, en 2014, en développant sa propre marque. « Le laboratoire Sense est devenu une référence sur le secteur. L’invention du robot R-vap9 a permis de connaître précisément les substances qui restent dans les poumons d’un vapoteur. Cette machine, qui est de venue une référence de l’Afnor, nous a permis de nous différencier sur le marché avec des produits sûrs », explique le dirigeant, qui laisse aujourd’hui son fils chapeauter la filiale comptant 10 salariés et possédant quatre gammes de produits avec différents taux de nicotine. La diversification crée ainsi le succès de l’entreprise, présente dans plus de 56 pays, comprenant des filiales, des bureaux commerciaux et des distributeurs. « Depuis la création, j’ai pensé “internationalisation”. Mais ce sont avant tout les liens humains qui créent les opportunités ». Avec une filiale en Chine, au Canada, en Afrique du Sud, en Colombie, au Kurdistan, au Liban, en Europe… la PME, qui emploie une centaine de collaborateurs dont une trentaine répartis dans les différentes régions du monde, se focalise actuellement sur l’Indonésie. « 70 % de nos ventes sont réalisées sur les marchés extérieurs, dont une bonne partie hors Europe », détaille le PDG.

La société qui investit chaque année près de 20 % de son chiffre d’affaires en R&D, s’appuie sur 17 personnes.
« Cela démarre du contrôle qualité où nous utilisons des machines de très haute précision pouvant éclater les différentes molécules qui caractérisent un produit jusqu’au savoir-faire galénique permettant de contrôler la libération de nos produits en fonction du temps, de la température, etc. En parallèle nous possédons une échantillothèque de plusieurs milliers de molécules ». Plus précisément, l’entreprise accueille aujourd’hui un laboratoire de 150m2 organisé en quatre zones où toute activité débute : un espace aromatique, galénique, analytique et applicatif. Plus de 50 machines dont certaines coûtant plusieurs dizaines de milliers d’euros fabriquent des formules miniatures qui sont ensuite reproduites à grande échelle, dans une autre zone de production, passant de quelques grammes manipulés au laboratoire, à plusieurs tonnes : 5 000 tonnes par an au total et plusieurs milliers de références depuis le début de la création. « Ce qui nous permet aujourd’hui de répondre à toutes les demandes, même si nous aimons toujours relever de nouveaux défis, comme le développement récent d’un arôme de truffe noire naturel, une première ! », se réjouit le dirigeant.

L’entreprise, qui planche aussi sur d’autres sujets sensibles comme le stress ou des alternatives aux antibiotiques, désireuse toutefois de ne pas intégrer le domaine de la santé, « une étape trop laborieuse et coûteuse » selon le PDG, n’a pas dit son dernier mot. D’ici cinq ans, la PME ambitionne de multiplier son CA par trois, répartis principalement sur ses activités actuelles, en poursuivant une fabrication 100 % tarnaise.