Elu en février dernier, Philippe Gayet a officiellement pris ses fonctions de président de la FFB de la Marne le 4 juin.
Une succession tout en douceur. Elu président de la FFB de la Marne en février 2021, Philippe Gayet n’a pris ses fonctions que le 4 juin. Le temps pour Rodolphe Lefèvre, son prédécesseur, de lui transmettre les dossiers chauds de la « Fédé » après deux mandats de trois ans.
La transition entre les deux hommes est d’autant plus facile qu’ils se connaissent bien, œuvrant ensemble au sein de la FFB depuis une dizaine d’années. « Cela fait partie des devoirs d’un président de penser à la suite, d’identifier le potentiel d’éventuels successeurs et de leur donner envie de s’impliquer davantage », explique le président sortant. Et si le choix s’est rapidement porté sur Philippe Gayet, c’est aussi parce que celui-ci était parfaitement disposé à s’engager dans un tel mandat, après une trentaine d’années à co-diriger le groupe familial éponyme dans lequel la nouvelle génération prend peu à peu les rênes de la gouvernance. « À 59 ans, je suis arrivé à un âge où je dispose d’une certaine expérience et où j’avais aussi envie d’agir pour la profession et redonner à la Fédération ce qu’elle nous a apporté », souligne Philippe Gayet, dont l’entreprise créée en 1911 est aussi une des plus anciennes adhérentes de la FFB départementale. Le groupe Gayet compte aujourd’hui 380 salariés répartis en six sociétés de tailles très différentes, un atout pour son co-dirigeant, qui est donc au fait des problématiques des petites comme des grandes structures.
UN BILAN POSITIF
À l’heure de passer le flambeau, Rodolphe Lefèvre dresse le bilan de ses 6 années passées à la tête de l’organisation départementale, qui compte 420 entreprises adhérentes, représentant 5 300 salariés soit les deux-tiers des salariés du bâtiment marnais. « Nous avons réussi à construire une organisation hyperefficace avec des permanents passionnés grâce à qui nous disposons d’un outil remarquable », estime-t-il. Deuxième motif de satisfaction : la place majeure qu’occupe la Marne dans l’organisation régionale Grand Est de la Fédération mise en place au cours de ses mandats.
« La Marne a été reconnue comme un élément moteur de la Fédération à l’échelle régionale. Nous avons beaucoup de plaisir à nous réunir entre élus et à créer des synergies entre les permanents des fédérations locales. Les entreprises de la Marne sont engagées et agiles, elles sont innovantes et challengeantes au niveau du Grand Est », explique celui qui reste toujours Président délégué à l’échelon régional.
Enfin, Rodolphe Lefèvre s’avoue pleinement satisfait de la manière dont les quatre fédérations locales (Reims, Epernay, Vitry et Châlons) ont été « animées avec talent ». « Elles ont crédibilisé notre action par rapport au Covid », souligne le sortant, qui rappelle que la FFB de la Marne a investi 100 000 euros dans l’achat de masques au printemps 2020 pour les redistribuer aux entreprises adhérentes et leur permettre ainsi un retour anticipé de deux semaines sur les chantiers. « Nous avons redistribué 70 000 masques ».
PÉNURIE DE MATIÈRES PREMIÈRES
De son côté, Philippe Gayet a déjà anticipé les sujets à traiter dès les prochaines semaines. Et de ce côté- là, force est de constater que l’actualité donne du fil à retordre à la filière du bâtiment. « Face à la flambée des prix et à la pénurie des matières premières, nous nous battons avec les maîtres d’ouvrage pour obtenir des revalorisations de prix », souligne-t-il. Des discussions plus faciles avec le secteur public qu’avec le privé ou les bailleurs sociaux mais auxquelles la FFB ne renonce pas, pour éviter que l’effort de cette flambée des prix ne soit porté que par les entreprises, au risque de grever leur marge.
Le deuxième dossier chaud concerne la main d’œuvre.« Les carnets de commandes sont remplis, la grande majorité des entreprises est en suractivité actuellement et elles ont toujours besoin de main d’œuvre qualifiée ». Si les métiers techniques (génie climatique, maintenance…) sont les plus recherchés, l’ensemble des métiers présents sur les chantiers sont aujourd’hui en tension. « Il faut que les jeunes aient envie de venir vers nos métiers, à nous de les attirer et de trouver des jeunes en face de la cinquantaine de contrats d’apprentissage que nos entreprises proposent chaque année ».
LES ENJEUX ÉNERGÉTIQUES
Troisième sujet à suivre : la RE 2020, la future réglementation environnementale des bâtiments neufs, qui va notamment entrainer un changement de méthode de calcul de l’empreinte carbone des matériaux biosourcés. Censée être effective début 2022, ses contours ne sont pas encore définitivement tracés, ce qui inquiète les dirigeants de la FFB. « Cela reste encore très flou. Nous savons que la démarche va dans le bon sens, les entreprises en sont conscientes mais nous ne sommes pas encore tout à fait prêts », alerte-t-on à la Fédération, d’autant que les matériaux concernés par la RE 2020 sont les mêmes qui sont impactés par la pénurie mondiale (comme le bois de structure).
Enfin, Philippe Gayet alerte sur la chute de la construction des logements neufs, un élément à propos duquel les représentants de la FFB vont devoir alerter davantage les élus locaux pour les sensibiliser à cette baisse. « La chute de construction des logements neufs est importante : sur un an, elle est de 15% au niveau national et de 35% au niveau marnais », explique-t-il. « Cela fait quatre ans que la FFB alerte au niveau national et un an et demi que les indicateurs sont noirs. Or, le neuf représente un quart de la construction en France », ajoute Rodolphe Lefèvre.
Décidément, la FFB et son nouveau président ne manqueront pas de chantiers cette année encore.