Carine MontrésorPersonne sur le banc de touche !

Carine Montrésor, au premier plan, devant les sportifs de haut niveau qu’elle accompagne au sein de Jumps : « Le décrochage scolaire on ne l'attrape qu'à l'école, c'est un peu comme une maladie nosocomiale. C'est à moi de réparer ces jeunes et faire en sorte qu'ils guérissent ».

Professeure en lutte contre le décrochage scolaire et présidente de son association Jumps, elle jongle entre ces deux activités pour offrir aux jeunes toutes les chances de réussir.

À bientôt 50 ans, Carine Montrésor se décrit comme quelqu’un de dynamique, et de l’énergie il lui en faut pour gérer à elle seule son association et son travail de professeure coordinatrice Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) au lycée Hippolyte Fontaine à Dijon. Il y a deux ans elle a créé l’association Jeunesse, Urbaine, Mission, Passion, Sport (Jumps) pour accompagner financièrement des jeunes sportifs de haut niveau dans leur carrière. « L’argent ne doit pas être un frein pour se lancer dans le sport. J’accompagne une jeune fille qui est céiste (qui pratique le canoë NDLR) elle a dû ouvrir une cagnotte sur internet pour financer son embarcation… Ce n’est pas normal ! Elle est championne de France et a eu la médaille de bronze aux championnats du monde, ce n’est pas rien ». Son caractère trempé comme l’acier, Carine le tient des valeurs du sport qui ont guidé sa vie. « J’ai été sportive de haut niveau en athlétisme sur 100 et 200 mètres, le sport a toujours été une valeur fondamentale chez moi. Le dépassement de soi, le goût de l’effort, ne jamais baisser les bras sont des choses très importantes pour moi ». Pour ses sportifs, Carine n’hésite pas à mouiller le maillot. Après avoir créée elle-même son site internet, elle recherche activement des partenaires.

ENTHOUSIASME ET VITALITÉ

« L’association est toute jeune, elle a à peine deux ans, je suis dans une phase de recherche de financement. J’essaye de me faire des contacts, de trouver des entreprises qui seraient intéressées pour me soutenir et j’organise des évènements. C’est du boulot! Je ne dors pas beaucoup en ce moment». Pourtant de l’enthousiasme et de la vitalité, elle en a à revendre et sa bonne humeur est contagieuse. Carine multiplie les évènements, elle organise notamment le 13 juin un congrès en présence de grands champions, pour faire connaître Jumps et mettre en lumière les sportifs qu’elle soutient. Pour l’instant l’association suit neuf jeunes issus de sports différents : équitation, golf, basket, ping-pong… Champions de France, d’Europe ou même du monde, ils ont du mal à trouver des financements. « On veut démocratiser les sports onéreux, mais dès qu’on passe au haut niveau il y a plein d’éléments qui rentrent en jeu, ça représente un gros budget. Jumps est là pour aider les jeunes qui percent et dont les parents et clubs peinent à subvenir à leurs besoins. Préparer un programme olympique et avoir des soucis pour se payer à manger, ce n’est pas évident, il faut leur donner toutes leurs chances ».

Plus jeune, Carine voulait être professeure de latin et de grec, c’est donc tout naturellement qu’elle cite le philosophe romain Sénèque pour imager le rôle de l’association. « Nul n’est censé émerger des flots seul il faut que quelqu’un lui tienne la main et le tire à la rive. C’est à nous de tendre la main pour qu’ils émergent et montent sur les marches du podium, pour représenter la France.» Avec le nom Jumps, Carine voulait quelque chose qui « pulse », diffuser la symbolique d’une impulsion, d’un rebond présent dans tous les sports. Aller toujours plus haut : une vraie philosophie de vie.

REMETTRE DES JEUNES EN SELLE

Gommer les inégalités, une mission qu’accomplit Carine Montrésor dans le sport, mais aussi à l’école dans son métier de professeure au lycée Hippolyte Fontaine à Dijon. Elle accompagne cette fois-ci des jeunes en décrochage scolaire. Pour l’instant les lycéens qu’elle a suivis ont tous eu leur bac, 100 % de réussite qu’elle doit à une méthode personnalisée pour chaque élève. «On fait du cousu main, de la haute couture, comme je le dis souvent, chaque jeune a un parcours différent ».

Un chemin pour chacun, la réussite pour tous, un credo qu’aime tenir Carine. Aujourd’hui elle est très fière des élèves qu’elle accompagnait hier. Certains ont continué leurs études. Une de ses anciennes élèves est même devenue prof et vient désormais aider les jeunes en décrochage scolaire. Les difficultés rencontrées à l’école par les jeunes qu’elle accompagne, Carine les comprend, elle possède un parcours scolaire atypique. Après un CAP, elle se réoriente vers un BAC, puis suit un BTS avant d’intégrer une licence et d’obtenir son Capes. « Lorsque j’ai eu mon bac j’étais acceptée dans une prépa HEC au lycée Carnot à Dijon. Je suis Creusotine, je ne suis jamais sortie de ma campagne et pour moi Dijon c’était comme Paris à l’époque. Je ne me sentais pas à la hauteur, ça me paraissait trop prestigieux! J’avais peur de ne pas y parvenir. J’ai préféré faire un BTS, avoir un objectif moins haut mais être sûre d’y arriver ».

Aujourd’hui elle ne regrette pas son choix, mais elle retient de son parcours que tout est possible. Un enseignement qu’elle transmet à ses jeunes pour les empêcher de se mettre eux-mêmes des bâtons dans les roues. Pour redonner le goût de l’école et l’envie d’apprendre, le service anti décrochage scolaire du lycée Hippolyte Fontaine propose aux jeunes un emploi du temps partagé entre des cours particuliers et un engagement en service civique. Cette année, Carine Montrésor suit 12 jeunes, une première en Côte-d’Or dont elle est très fière. Remettre ces adolescents dans le chemin de l’école demande aussi un travail d’écoute. « On donne beaucoup, mais ils nous le rendent aussi ». Son bureau, elle le laisse volontiers aux jeunes s’ils ont besoin d’un lieu pour se poser. Même si elle s’agace des tasses mal lavées laissées sur son bureau par ses élèves, Carine est heureuse d’incarner pour eux un rôle de mère, de grande sœur, d’assistance sociale ou de prof. « Mon parcours scolaire escarpé me donne une crédibilité. Rien n’a été facile pour moi, leurs difficultés je les ai vécues aussi ». Emmener les jeunes jusqu’au sommet, un défi de tous les jours que Carine Montrésor ne se lasse pas de relever. Sa personnalité entière et sa force de caractère l’ont mené là où elle voulait aller. Dopée de volonté, elle partage sa rage de vaincre avec ses sportifs et ses élèves.

association-jumps.fr

Parcours

1969 Naissance le 27 avril à Paris.
1993 Devient professeure en coordination pédagogique et ingénierie de formation.
2003 Obtention du Capes.
2017 Création de l'association Jumps.