Delphine Josse, directrice de la boutique des Espaces de la Mode Toulousaine, dessine l’avenir de l’association.
La créatrice n’a pas seulement réinventé la petite robe noire, elle a surtout importé le concept de la Maison de la Mode qui manquait au sud de l’Hexagone afin de redonner du galon aux créateurs français. Pas loin d’être incubatrice de talents, l’association EMTO qui a pris ses quartiers place Saintes-Scarbes, aiguille et valorise une quarantaine d’adhérents dont 80 % de femmes. « Je souhaitais regrouper des initiatives isolées. La région possède un écosystème qui colle à ce projet et cela faisait plus de 10 ans que j’y pensais, avec les problématiques de mes partenaires et les galères que j’ai rencontrées au moment de me lancer », explique Delphine Josse, à la tête de cette initiative soutenue par son mari, trésorier de l’association, avant de poursuivre : « nous intégrons des créateurs qui ont une vraie identité avec un projet entrepreneurial bien ficelé ».
Cette entrepreneuse, qui n’a pas froid aux yeux, a ainsi tiré toutes les ficelles pour connaître les dessous des Maisons de la Mode existantes après son premier pop-up store en 2017. « Je suis allée à leur rencontre et j’ai suivi leurs conseils, comme ne pas avoir un lieu trop important, bien choisir l’en- droit, et se faire épauler ». En effet, dynamiser le secteur de la mode dans un tiers-lieu peut vite devenir un gouffre financier. « Les Maisons de la Mode investissent 500 K€ pas an pour valoriser leurs espaces. Si nous parvenons à 40 K€, ce sera une belle réussite », avoue la directrice qui a racheté la boutique d’une de ses amies pour mettre en avant sa marque ainsi que celle de deux autres créatrices et y installer le siège associatif.
La quadragénaire qui a séduit en moins d’un an une dizaine de partenaires ainsi que le tissu institutionnel régional, a bénéficié d’une enveloppe de 8 000 € pour impulser le projet inauguré en juin dernier, réunissant une cinquantaine de personnes dont l’élue municipale Nicole Miquel-Belaud.
« Elle souhaitait développer ce genre de concept et nous a avoué que nous avions été plus loin que ce qu’elle avait imaginé », se remémore la créatrice, qui après des études de design d’objet s’est intéressée au tissu et a passé un CAP en candidature libre de couture flou.
Aidée par les Imaginations Fertiles, celle qui a prouvé ses talents de coordinatrice et de facilitatrice, a trouvé dans le modèle de l’économie sociale et solidaire, un équilibre entre son rôle à la boutique et à l’association. « L’objectif est de proposer des réunions d’intelligence collective, de mutualiser les compétences, les outils et poursuivre les groupes de travail. Je souhaite aussi que les adhérents prennent plus la main. Je ne veux pas être la chef », exprime cette mère de famille qui espère obtenir une aide de 15 K€ pour pérenniser l’association et fédérer des boutiques Espaces de la Mode dans d’autres villes pour démultiplier le modèle.