Pas d’amélioration avant l’été 2021 pour l’hôtellerie et la restauration du Grand Est

Royal Champagne

L’Hôtellerie de luxe, comme ici le Royal Champagne s’en sort mieux, avec une clientèle étrangère fidèle.

Qu’il s’agisse du bilan de juin ou des perspectives d’ici la fin de l’été, l’hôtellerie régionale affiche et envisage un recul de 60% et la restauration de 40%. Avec des capacités réduites, un personnel moindre et une baisse de la fréquentation étrangère de 80%, la filière prévoit un retour à la normale d’ici l’été 2021.

Fin juin, 12 % des hôtels de la région étaient encore fermés tandis que 12 % n’avaient jamais fermé. À cette date, les 88% des hôtels fonctionnant ne mobilisaient que 55 % de leur personnel habituel et 72 % avaient anticipé des difficultés de trésorerie. 15 % des hôteliers interrogés pensaient devoir déposer le bilan de leur affaire. À la même époque, 94% des restaurants avaient repris leur activité. C’est ce qu’il ressort d’une enquête commandée par la Région Grand Est. En effet, 264 hôtels et 501 restaurants de la région, avec une forte représentation alsacienne, ont répondu à l’étude quantitative sur l’activité des restaurants et des hôtels du Grand Est, à l’initiative de StrongTogether, dispositif mis en place par le Conseil régional depuis le 15 mars pour gérer la crise sanitaire et la relance économique de la filière tourisme dans le Grand Est, avec notamment l’ouverture d’un point d’entrée unique pour accueillir, conseiller et accompagner les professionels.

Le redémarrage, marqué par un protocole sanitaire strict, a subi un recul de 35 % des couverts commercialisables. La situation aurait pu être pire sans l’extension des terrasses. La restauration régionale n’a mobilisé que 68 % de son personnel habituel. 64 % des restaurateurs ont anticipé des difficultés de trésorerie. 14 % d’entre eux jugent probable l’arrêt de leur activité. Sans grande surprise, l’activité du mois de juin, reflet de réouvertures d’établissements plus ou moins différées tout au long du mois, a été faible. La fréquentation a globalement reculé de 64 % (80 % pour la clientèle étrangère, victime de l’effet frontières, et 56 % pour la clientèle française). Le chiffre d’affaires a subi la même courbe. La fréquentation et le chiffre d’affaires des restaurants, en partie épaulés par les ventes à emporter, ont reculé en juin de 44 %.

PAS DE RETOUR À LA NORMALE AVANT UN AN

Le bilan de l’été s’annonce des plus moroses pour la profession. Les hôteliers régionaux estimaient fin juin à 35 % et 33 % les taux d’occupation respectifs de leur établissement pour les mois de juillet et août. Les réservations de groupes, dans l’ensemble modestes, n’existent que pour 21% des restaurants. Quant aux annulations, elles concernent près de 70% des établissements interrogés, dont 45 % très nombreuses. Les restaurateurs misent sur une fréquentation et un chiffre d’affaires pour l’été en recul, respectivement de 43 et 44%. Si cette baisse prospective se confirmait, elle affecterait lourdement une filière tourisme qui pèse dans le Grand Est 92 000 emplois et un chiffre d’affaires, direct et induit, de 10 milliards d’euros.

La question du retour à la normale des affaires reçoit une réponse globale : pas avant 2021. Pour les nuances, 11% des hôteliers estiment que cette normalité sera retrouvée fin 2020 et 24 % fin 2022, 63 % indiquent l’année 2021 sans plus de précision. Pour les restaurateurs, ils sont 28 % à miser sur un retour dès la fin 2020, 58 % courant 2021 et 11 % pas avant 2022. Les restaurateurs font ainsi preuve d’un peu plus d’optimisme que les hôteliers. Dans les deux métiers, 2 % des professionnels ont répondu « ne pas croire en un retour à la normalité ».

Dans la Marne, les hôteliers comptent sur les frontaliers

Si la clientèle asiatique et américaine est absente, les Belges et les Néerlandais répondent présents.

À mi-saison touristique, les hôteliers tirent un premier bilan de la situation particulière de l’année 2020 et il est, de l’aveu de tous, moins catastrophique qu’ils ne le présageaient. Les hôtels à fort potentiel touristique, estiment leur taux de remplissage à environ 50%. « Clairement, nous avons du retard par rapport à l’année dernière, mais toute raison gardée, les clients sont quand même de retour », indique Maxence De Barros, directeur de l’hôtel Continental à Reims. « Nous sommes très agréablement surpris par l’activité et ce dès la réouverture de l’hôtel le 18 juin dernier, confie Berta Canovas, directrice marketing adjointe au Royal Champagne, à Champillon. Nous avons la chance d’être dans un lieu regroupant de nombreux critères de recherche en sortie de confinement. Le cadre est calme, nous sommes au cœur des vignes dans une région reconnue pour sa gastronomie et ses espaces. » Alors qu’en temps normal la Champagne faisait souvent figure de destination étape, elle est devenue une destination finale. « Les Belges et les Hollandais sont très présents et restent plus longtemps qu’à l’accoutumée », explique Maxence De Barros. En effet, ces derniers restent à proximité de leur domicile en cas de reconfinement précipité. Même son de cloche du côté du Mercure de Reims. « Les frontaliers sont très présents dans la région ainsi que quelques Anglais », confie Stéphanie Gagnoux, directrice de l’établissement et Présidente du club hôtelier Reims-Champagne.

DES SÉJOURS DE DERNIÈRE MINUTE

Pour le Royal Champagne, « environ 70% de la clientèle est étrangère pendant la haute saison et provient principalement de la Belgique, des Pays Bas et du Royaume-Uni. » Les habitudes de la clientèle sont en revanche assez différentes des années précédentes dans la mesure où il y a beaucoup de réservations de dernière minute. « Nous sommes vraiment dans des réservations de dernier moment, on pense parfois faire de mauvaises semaines, car on ne raisonne plus en termes de mois. Et puis, à partir du jeudi, les réservations affluent avec finalement de bons chiffres », annonce Maxence De Barros.

Le mois de juillet a aussi vu le retour des directeurs commerciaux pour des voyage business, de plus longue durée afin de rattraper les mois de confinement. En revanche, les réservations pour les groupes et séminaires sont en chute libre. « Nous notons toutefois des réservations pour les groupes d’entreprises de la région qui n’ont pas les capacités au sein de leurs locaux d’accueillir des réunions de beaucoup de personnes, en respectant les conditions sanitaires en vigueur », précise Stéphanie Gagnoux. Pour les mois d’août et de septembre, les hôteliers doivent adapter leur stratégie de réservation et faire preuve de plus de souplesse et flexibilité: « Les clients demandent des facilités d’annulation dans les conditions de réservation, ce que nous acceptons en précisant toutefois des clauses très précises », insiste Maxence De Barros. Côté restauration, les clients répondent très présents, avec un mois « normal » au Continental, « et ceci grâce aux normes d’hygiènes strictes et rassurantes mises en place ». Le Royal Champagne enregistre de bonnes réservations pour le moment, bonnes même si « l’avenir reste incertain, dépendant en grande partie des annonces faites par les divers gouvernements européens ».