Pacte Ardennes : l’État injecte déjà 12 millions d’euros

La capacité d'accueil du port de commerce de Givet sera augmentée dans le cadre du Pacte Ardennes.

Une dizaine d’élus a été conviée le 20 février, par Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales, à une étape intermédiaire importante dans le cadre du futur Pacte Ardennes 2022, qui sera officiellement signé le 14 mars 2019. Focus sur les premiers points évoqués et réactions des principaux intéressés.

La première mouture du Pacte Ardennes 2022, présentée par le ministre auprès de la cohésion des territoires, comprend 27 projets dans lesquels l’État s’engagera à hauteur de 12 millions d’euros. Quinze autres millions d’euros devraient être financés par les collectivités ou d’autres organismes. « Il y avait une véritable attente sur l’ensemble du territoire. C’est une bonne bouffée d’oxygène compte tenu de la situation financière dans lequel se trouve le Département. On ne boude pas notre plaisir. Cette première salve de mesures est extrêmement intéressante. Elle résulte du gros travail effectué en amont par 500 Ardennais qui se sont creusé la tête pour formuler des propositions et trouver des solutions susceptibles de redynamiser les Ardennes. L’État a déjà débloqué des fonds importants. La Région et les ETCI ont aussi affiché la volonté d’être parties prenantes dans ces projets », affirme Noël Bourgeois, président du Conseil départemental des Ardennes.

FORMATION ET COMMUNICATION

D’ores et déjà, certaines mesures sont actées, comme dans le domaine de la formation, la transformation de l’Institut de formation technique supérieur en école d’ingénieurs, l’étude de l’implantation d’une école de commerce sur le campus de Charleville-Mézières, ou encore l’ouverture d’un BTS « négociation et digitalisation de la relation client » à la rentrée 2019 au Lycée Verlaine de Rethel.

En ce qui concerne les études de santé, 40 internes belges sont susceptibles d’être accueillis pendant 4 ans dans les établissements hospitaliers ardennais. Une dynamique d’accueil qui se répand à d’autres domaines, puisque l’État s’est par ailleurs engagé à faire des Ardennes le premier « Territoire 100% inclusif » du Grand-Est. Il est ainsi prévu de faciliter l’accueil des personnes handicapées dans les circuits classiques pour le logement, le travail, l’éducation plutôt que de les orienter vers des établissements spécialisés.

En terme de communication, un soutien spécifique sera accordé au déploiement du Très-Haut Débit ou aux projets innovants et côté commerce, Sedan et Charleville-Mézières, qui bénéficient déjà de l’Action Cœur de Ville, pourraient franchir un cap supplémentaire en intégrant une opération de revitalisation du territoire. « On espère maintenant améliorer ce panel en essayant de décliner sur le territoire d’autres propositions avant le 14 mars, date probable de la signature du Pacte Ardennes 2022 » projette Noël Bourgeois.

UNE DÉLOCALISATION DE L’AGENCE NATIONALE DE LA COHÉSION DES TERRITOIRES

En effet, un certain nombre de dossiers, et non des moindres, devraient recevoir un coup de pouce pour être finalisé, comme l’implantation de l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires à Charleville-Mézières, l’accompagnement de l’implantation de CEVITAL aux Ayvelles, un nouveau pôle technologique à la plateforme « Platinium 3D » d’Hanon Systems, ou encore des sociétés d’économie mixte pour le développement des énergies renouvelables. « Nous souhaitons que les choses ne s’arrêtent pas là et que le travail se poursuive. D’autres fiches projets doivent être remises à l’État et devraient se transformer en fiches actions d’ici la mi-mars. Pour ma part, je souhaiterais qu’on accède plus aisément à des fonds européens, à travers la coopération transfrontalière et l’examen d’une zone de transition fiscale entre la France et les pays frontaliers » propose Régis Depaix, président de la communauté de communes Vallées et Plateau d’Ardenne, et de l’association des maires des Ardennes.

TOURISME ET ÉNERGIES RENOUVELABLES : L’AVENIR

Dans cette dynamique, un soutien sera apporté pour le bouclage du financement de la fin des travaux de modernisation de la ligne ferroviaire Charleville-Mézières- Givet ainsi que le lancement d’études logistiques pour prolonger la ligne ferroviaire Charleville- Mézières – Sedan vers Dinant (Belgique) et la ligne Sedan-Carignan vers le Luxembourg. Transports et tourisme entendent être facilités et promus par ce Pacte Ardennes. Aussi, la capacité d’accueil du port de commerce de Givet sera augmentée. Une étude sur la sécurisation de la RN51 entre Isle-sur-Suippes et Acy-Romance va être lancée et les infrastructures de fret ferroviaire dans le Sud des Ardennes pérennisées.

Le secteur agricole ne sera pas non plus oublié avec l’accompagnement des éleveurs allaitants dans la conversion vers le bio et l’extension du réseau de gaz naturel en vue d’installer de nouvelles unités de production de biométhane.

Des propositions concrètes, donc, issues de réflexions concernées et investies, mais dont le développement et l’accomplissement sont guettés avec prudence de la part de certains grands acteurs, tel Lionel Vuibert, délégué général de l’UIMM des Ardennes : « Certaines choses paraissent bien engagées. Les personnalités ardennaises présentes à la réunion ont fait preuve d’une belle solidarité. L’Etat m’a semblé avoir la volonté de vouloir aider le département. Mais je préfère être prudent et attendre le 14 mars pour voir comment ce travail va se concrétiser dans les faits et se déployer sur le terrain ».

PIERRE CORDIER, DÉPUTÉ DES ARDENNES :
«On est reparti de Paris avec un sentiment plutôt positif mais on va néanmoins être attentif à ce que ce Pacte ne soit pas un redéploiement de crédits d’État mais bien des investissements pour de nouvelles opérations. Car depuis dix ans, on a été trop habitué à ce que l’État ne soit pas très sympathique avec les Ardennes notamment avec la baisse des dotations, les fermetures de services publics, les promesses non tenues envers le conseil départemental. On va donc attendre et voir. Mais je me satisferai de toutes les actions qui mettront enfin un terme aux fermetures d’entreprises et au déclin démographique. Car il est temps que l’on sorte de cette spirale négative».