Venue fêter les deux ans du Pacte Ardennes, Jacqueline Gourault a annoncé le lancement d’une nouvelle expérimentation, le volontariat territorial en administration, permettant à des collectivités d’embaucher des jeunes pour des missions d’intérêt local.
La ministre de la Cohésion des territoires a présidé le dixième comité directeur du Pacte Ardennes qui coïncidait avec le deuxième anniversaire de ce dispositif mis en place le 15 mars 2019. Jacqueline Gourault n’est pas venue les mains vides puisque, dès la fin du mois, les Ardennes pourront expérimenter le volontariat territorial en administration (V.T.A).
« Ce sera une première dans la Région Grand Est. Ce dispositif permet de faciliter la venue de jeunes sortant de l’université ou d’une école de niveau Bac + 2 voire plus et acceptant de travailler pour des collectivités de territoires ruraux sur des missions précises. Ce contrat d’une durée de 12 à 18 mois pris en charge par l’Etat sous forme de forfait à hauteur de 15 000 euros s’adressera dans un premier temps à douze volontaires. Cette méthode destiné à pallier un déficit d’ingénierie a déjà été expérimentée en entreprise et chez les médecins. Elle a plusieurs fois permis de maintenir les intéressés sur place », révèle Jacqueline Gourault.
UN LEVIER EFFICACE ET PORTEUR DE DYNAMISME
Dressant le bilan du Pacte Ardennes depuis sa signature par Sébastien Lecornu, Jacqueline Gourault s’est félicitée « de la réussite et de l’efficacité du travail réalisé dans différents domaines » et a loué « la volonté de respecter les projets locaux émanant du terrain. C’est bien d’arriver à un tel résultat lorsque les services de l’Etat et les collectivités se mettent autour de la même table ».
Ce plan stratégique qui a mobilisé l’ensemble des forces vives du département (735 personnes répartis en 17 groupes de travail) pour renforcer son attractivité a donné des résultats concrets. À partir de cette démarche collective portée par le Préfet et Jean-Luc Warsmann et au fil de réunions interministérielles, de 730 auditions et de dix CODIR, le Pacte a validé 89 fiches actions et fait émerger 53 fiches projets, encore au stade de l’étude de faisabilité.
Avec l’objectif de renforcer les compétences locales, libérer les ressorts de son développement et accentuer les conditions de bien-vivre.
L’ensemble des projets concrétisés ou en passe de l’être représentent un engagement financier global de 91,7 millions d’euros partagés entre l’Etat (35,6 M€), des partenaires privés comme l’UIMM (15,7M€), la Région (15,3M€), les EPCI (10,1M€), le Département (8,7M€) et l’Union Européenne (6,2M€).
Jacqueline Gourault a loué « la dynamique » apporté par ce Pacte après avoir pu mesurer l’état d’avancement des réalisations dans de multiples domaines : à savoir l’aide à la prolongation de la voie verte vers le Sud Ardennes, la pérennisation des infrastructures ferroviaires capillaires d’Amagne-Lucquy à Yoncq reprises par les collectivités, le développement de Platinium 3D, l’optimisation de la méthanisation ou l’installation d’un conseil de développement et de coordination du centre nucléaire de production d’électricité de Chooz.
Il a aussi aidé à l’aboutissement de plusieurs projets nationaux pour lesquels les Ardennes ont candidaté. Comme la venue d’un établissement pénitentiaire expérimental à Donchery qui débouchera sur la création de 200 emplois, l’obtention du label « campus d’excellence », la relocalisation en 2023 d’un service des finances publiques à Charleville-Mézières avec une quarantaine d’emplois à la clé et les déploiements d’une cité éducative à la Ronde-Couture et d’une cité de l’emploi à Sedan.
Concernant la formation, le Département a pu ouvrir une licence science de l’éducation et implanter une antenne de l’école de commerce Y Schools sur le Campus Sup Ardennes et bénéficier d’une classe de BTS « négociation et digitalisation de la relation client » au lycée Verlaine de Rethel. Mais aussi mettre en place une formation post-bac en maintenance industrielle à Givet. On peut encore mettre l’accent sur la création par la SAFER d’un outil informatique facilitant la mise en relation des agriculteurs, le lancement d’une société d’économie mixte pour le développement des énergies renouvelables et la réalisation d’un point d’information transfrontalier.
DÉPARTEMENT PILOTE
S’agissant de la lutte contre la désertification médicale, le Pacte s’est engagé dans l’extension de la Maison de Santé pluriprofessionnelle de Signy-le-Petit et pour l’accueil d’internes belges en médecine en favorisant leur installation sur place.
Enfin, le Pacte a fait des Ardennes un département pilote pour différents dispositifs nationaux : le pass culture qui a profité à 1 641 jeunes, la signature de 99 emplois francs et l’installation d’un Service National Universel à Bazeilles et la réalisation de deux micro-folies à Carignan et Charleville-Mézières. Ces deux premières années ont insufflé une dynamique positive et la connivence instaurée entre l’Etat et les acteurs économiques locaux devrait se prolonger en s’appuyant sur le pan de relance. Plusieurs mesures aptes à accélérer le processus sont déjà dans les cartons, comme le développement de circuits courts, l’essor du photovoltaïque, de l’hydrogène et de l’hydroélectrique, la création de deux aires de services pour les usagers de l’A 304, la création d’un pôle d’échanges multimodaux transfrontaliers à Givet et Tournes/Belval, la réalisation d’une seconde légumerie et la résorption progressive des friches industrielles. Ou encore des projets comme l’émergence d’un Institut européen de la gastronomie et du tourisme ou même d’un casino.
Tapis rouge à de futurs investisseurs
En début d’après-midi, Jacqueline Gourault s’est rendue à Revin, la commune ardennaise la plus fréquentée actuellement par les personnalités politiques. Sur l’ex-friche Porcher, après s’est fait présenter le projet de relocalisation d’un fleuron de l’industrie française, elle a confirmé à Jean-Marc Seghezzi, le Pdg des Cycles Mercier, que l’Etat allait soutenir cet investissement de 11,6 millions d’euros à travers le fonds d’accélération industrielle des Territoires d’industrie et sûrement dans le cadre du plan de relance et de la réhabilitation des friches industrielles par la suite.
« Cet exemple montre que la réindustrialisation est possible sur ce territoire. Afin que l’entreprise puisse s’installer rapidement et être dans son timing, nous allons mobiliser 800 000 euros dans la réhabilitation de la friche et l’aménagement du futur bâtiment. Sont aussi débloqués 200 000 euros dans le cadre de l’accompagnement des demandes de formation avant plusieurs autres millions d’euros par la suite ».
CRÉER 20 000 M2 DE BÂTIMENTS INDUSTRIELS
Dans la perspective de séduire d’autres porteurs de projet en répondant au plus vite à leurs souhaits, Jean-Luc Warsmann, député des Ardennes et Jean Rottner, présient de la Région Grand Est, ont par ailleurs révélé qu’ils étaient en train d’élaborer d’ici 2023, un projet d’immobilier industriel visant à disposer de 20 000 m2 de « bâtiments blancs » modulables, immédiatement disponibles et prêts à l’emploi sur le secteur de trois intercommunalités d’ores et déjà candidates : Ardennes Rives de Meuse, Ardennes Métropole et le Pays Réthelois. Cela afin de trouver une réponse adéquate à de potentiels porteurs de projets industriels voulant gagner du temps en intégrant au plus vite une usine dont ils loueraient les locaux. Les lieux retenus sont situés sur des zones d’activités proches des axes de communication. L’investissement global atteindrait les 20 millions d’euros.
L’agence de développement ayant listé tous les projets auxquels les Ardennes n’avaient pu répondre à cause de ce manque, il fallait réagir rapidement pour ne pas connaître à nouveau ce désagrément. « Il faut être tout de suite prêt à recevoir les investisseur en leur offrant un outil clés en mains », estime Jean Rottner.