Né en Paca, le pôle de compétitivité spécialisé en photonique et en imagerie s’appuie de plus en plus sur sa base toulousaine pour s’étendre en Occitanie.
Implanté depuis plus de 15 ans à Marseille, le pôle Optitec s’était étendu depuis à Mont- pellier ; puis, profitant de la fusion des régions, il a déménagé l’année dernière son antenne héraultaise à Labège. Spécialisé dans l’industrie de la photonique (qui produit lentilles, fibres optiques et caméras) et dans les services de traitement de l’image pour la Défense, la recherche scientifique, la santé ou l’agriculture, le pôle de recherche souhaite en effet renforcer sa présence toulousaine pour rayonner dans toute l’Occitanie. Une ambition à laquelle croit fermement Delphine Lapray, la directrice générale d’Optitec – qui en prendra la présidence le 15 mars ; d’autant plus qu’Optitec vient d’être à nouveau, comme il s’y attendait, labellisé par le gouvernement pour quatre ans comme pôle de compétitivité.
« La photonique représente aujourd’hui ce que représentait l’électronique il y a quelques dizaines d’années : dans quelque temps, vous n’aurez plus beaucoup d’objets qui n’intègrent pas de la photonique ou de l’imagerie », explique ainsi Jean-Paul Cano, directeur R & D en optique et optoélectronique chez le fabricant de verres Essilor, membre occitan du pôle « dont la vocation est de transformer et de stimuler les technologies modernes du traitement de l’image en activité économique ». En particulier pour les PME qui composent la grande majorité des 220 adhérents d’Optitec qui représentent un chiffre d’affaires global de 3,1 Mds€ (dont 1,11 Md€ pour les PME et les ETI).
Un soutien selon les industriels d’autant plus nécessaire que curieusement, « en France, l’optique, la photonique et l’imagerie représentent un centre d’excellence ; mais en termes de visibilité économique, à l’échelle européenne, vous allez surtout trouver beaucoup d’Allemands, ce qui est lié tant à des questions d’organisation qu’à la disparition de grands acteurs qui tiraient ces filières, comme Alcatel », estime Jean-Paul Cano.
ACCROÎTRE LE FINANCEMENT PRIVÉ
Aussi, pour continuer à se développer, et outre les partenariats avec d’autres pôles comme Aerospace Valley, Optitec se lance aujourd’hui dans une nouvelle stratégie de croissance « par le réseau en Occitanie en doublant le nombre d’adhérents, en grande partie dans l’ex-Midi-Pyrénées » d’ici à 2022, détaille le vice-président du pôle, Olivier Lapierre. « Même si on reste présent en Languedoc-Roussillon, tient aussitôt à préciser Delphine Lapray. Parce que dans notre dossier de phase IV, nous avons intégré un nouveau domaine de recherche, l’agriculture de précision, dont on pense qu’elle a du potentiel dans l’agglomération de Montpellier du fait de la présence de laboratoires de recherche publique et de start-up ».
Autre source d’intérêt, « l’intelligence artificielle, pour laquelle nous allons fédérer des entreprises qui travaillent dans ce domaine et qui veulent développer des applications dans l’optique », souligne pour sa part Marc Ricci, qui remplacera Delphine Lapray au poste de directeur général.
Employant 11 personnes, Optitec, qui dispose d’un budget d’1,9 M€, souhaite aussi développer son assise financière grâce au développement des adhésions privées, mais également par la prestation de services aux entreprises (montage de projets de R & D, conseil business et en levée de fonds, etc.). Surtout, face au désengagement financier de l’État, « le pôle doit tendre de plus en plus » à un budget financé à 50 % par les pouvoirs publics (dont les régions et l’Union européenne) et à 50 % par les industriels, « un équilibre qui n’est pas simple à trouver, mais on y arrivera très prochainement », promet Delphine Lapray. Pour preuve, « dans notre dossier de phase IV, nous avons défendu l’idée d’aller chercher de plus en plus de financements européens, et on sait pouvoir compter sur les deux régions dont nous dépendons, Occitanie et Paca, ainsi que les métropoles de Montpellier et de Nîmes » mais pas encore Toulouse, pour laquelle Delphine la nouvelle présidente du pôle temporise, estimant qu’à cette heure, « nous n’avons pas d’intérêt à aller chercher de nouvelles subventions ».