Occitanie Films déroule le tapis rouge

80 films, à l’affiche sur les écrans en 2020, ont été tournés en Occitanie.

Occitanie Films a pour objectif de valoriser la filière audiovisuelle et d’attirer plus de tournages en région.

Que pèse l’industrie du cinéma en Occitanie ? Selon une étude publiée par le Centre national du cinéma (CNC) en 2017, la région figure au troisième rang derrière l’Ile-de-France et Paca concernant l’attractivité en salles. C’est ainsi pour garder cette place sur le podium, que l’association de promotion et d’accueil du cinéma sur le territoire régional, Occitanie Films, a vu le jour en juin dernier. Une aubaine pour l’ensemble de la filière audiovisuelle, qui compte 450 entreprises, et plus de 5 000 salariés, 1 072 comédiens et 984 techniciens sur le territoire occitan.

STRUCTURER LA FILIÈRE ET PROMOUVOIR LES TOURNAGES

Succédant à Languedoc-Roussillon Cinéma, qui existait déjà à l’est de la grande région, la structure change de nom, de gouvernance et de visage avec l’arrivée d’Yves Jeuland, élu directeur pour trois ans. Ce réalisateur de documentaires renommé, évoluant entre Paris et Montpellier, se définit comme un « facilitateur et un ambassadeur dans les instances nationales ».

Les nouvelles missions d’Occitanie Films s’étendent désormais sur les 13 départements. Ses priorités ? Promouvoir l’accueil des tournages, valoriser la filière professionnelle, accentuer la programmation de films liés au territoire et structurer l’éducation à l’image. Pour répondre aux objectifs, l’agence d’attractivité, comptant 14 salariés dont trois relevant de l’entité toulousaine, dispose d’une enveloppe de 1 M € portée par la Région et la Direction des affaires culturelles d’Occitanie. « 70 % sont consacrés au fonctionnement de la structure. Les budgets sont fléchés, pour répondre à des appels à projet, comme un projet récent, l’audiodescription », explique Karim Ghiaty, chef d’orchestre de la structure et ancien directeur de la cinémathèque de Corse. L’une des premières missions a été de fédérer une dizaine d’associations dont Nord-Sud (professionnels des Pyrénées-Orientales et Catalogne du Sud), Clap (comédiens), Carrefour des Festivals, MidiFilms, Fel, Real (techniciens), l’Apifa (producteurs), AcciLR (cinémas et circuits itinérants), Assoc (scénaristes), et les Storygraphes (nouveaux médias), et cinq structures partenaires pour soutenir les actions. Autre ambition: organiser des rencontres professionnelles dont la prochaine sera consacrée aux acteurs de fiction. L’éducation à l’image est également un axe fort, comme en témoigne la réunion qui a fédéré plus d’une centaine de professionnels de l’image en décembre dernier. « Il s’agissait de lister les priorités : apporter un soutien aux différentes structures, du conseil aux enseignants, initier davantage de résidences, d’ateliers, d’analyses de films en présence des équipes, etc. ».

En parallèle, l’association souhaite dérouler le tapis rouge régional et attirer encore plus de tournages. « Il est impossible d’avoir un objectif chiffré concernant l’accueil des tournages mais la Région a mis en place un fonds d’aides et de soutien qui séduit les producteurs. Notre rôle est de structurer l’écosystème en vue de valoriser nos talents régionaux. L’enjeu est de faire travailler la filière, et aussi de mettre la région en avant, souligne le directeur. Autre aspect crucial, avoir du temps de discussion avec les équipes d’un film lors d’une diffusion. Car c’est là que nous pouvons échanger sur leurs futurs projets et apporter notre valeur ajoutée, comme la recherche des lieux de tournage. » À ce titre Sète caracole en tête du classement régional en nombre d’heures de tournage !

UNE ACTIVITÉ EXCEPTIONNELLE

L’industrie du cinéma apporte une richesse à la région, notamment en termes de retombées économiques. « Lorsqu’une équipe de tournage s’installe dans une ville, ce sont évidemment les intermittents de l’Occitanie qui en bénéficient, mais également les hôteliers, les restaurateurs, les artisans pour la construction des décors… », indique la présidente de la Région, Carole Delga.

En 2019, le Conseil régional a ainsi doté la création audiovisuelle d’une enveloppe de 5 M€. D’ailleurs plus de 80 films à l’affiche sur les écrans en 2020, comprenant documentaires, courts-métrages, longs-métrages, nouvelles écritures, etc. ont été tournés en région. « Une activité exceptionnelle », souligne la structure qui attend d’ici deux ans la réalisation de longs-métrages de jeunes réalisateurs, des films liés aux actions d’éducation à l’image.

Si le marché du film semble bien se porter sous le soleil de l’Occitanie, enregistrant par ailleurs 18 M€ d’entrées, l’inquiétude du directeur se porte sur les sociétés de production, au nombre de 70. « Nous avons l’impression d’une forte activité car la moitié des films sur le petit écran est portée par les sociétés de production mais la plupart d’entre elles sont fragiles. Ce sont pourtant les locomotives », pointe-t-il. Si la structure ne peut pas sauver ces professionnels, parfois en difficulté, elle ambitionne cependant de jouer un autre rôle : celui de fédérer la filière, de porter ses couleurs et d’allonger la vie des films aussi longtemps que possible.