« Nous allons entrer dans une période transitoire »

Sladana Zivkovic est adjointe au maire de Dijon et vice-présidente de la métropole, déléguée au tourisme.

Secteur des plus impactés, le tourisme repartira d’ici l’été. Rouvert depuis le 11 mai, l’Office de tourisme de Dijon métropole s’adapte aux nouvelles contraintes, comme l’explique sa présidente Sladana Zivkovic, adjointe au Maire de Dijon et vice-présidente de Dijon métropole.

Le Journal du Palais. Comment se passe la reprise de l’activité touristique dans la métropole dijonnaise ?

Sladana Zivkovic, présidente de l’Office de tourisme de Dijon métropole. La barrière des 100 kilomètres ayant disparu et les frontières avec nos voisins européens rouvertes, l’activité devrait reprendre et des opportunités devraient être créées. Nos hôteliers ont des raisons d’être optimistes. Après, nous n’aurons par un afflux touristique comme avant, nous sommes conscients que nous ne retrouverons pas tout de suite nos trois millions de visiteurs annuels. Mais depuis que la barrière des 100 kilomètres a cédé, le tourisme d’affaire s’est rapidement remis en route.

Quelles leçons tirez-vous de cette crise ?

Cela fait un moment que nous disons qu’il faudrait tout revoir, tant dans la structuration même du secteur que dans nos offres. Cette épidémie est l’occasion de s’attaquer à une crise conjoncturelle mais aussi structurelle. Il faudrait pouvoir valoriser le secteur du tourisme et la valorisation passe notamment par une meilleure rémunération de nos acteurs pour pouvoir rendre plus attractif les métiers du tourisme. Cette crise sanitaire a aussi apporté son lot de modifications dans nos comportements. Il va nous falloir nous adapter de manière cohérente aux nouvelles attentes des touristes. Les jeunes ne voyagent plus comme avant. Ils ont des préoccupations environnementales, sociales, etc. Et là, par la force des choses, les gens vont se tourner davantage vers un tourisme de proximité. Nous allons devoir travailler par cercle concentrique, au niveau régional, national et européen, pour développer un tourisme de proximité qui privilégie la qualité, la relation humaine et les circuits courts.

Comment envisagez-vous l’avenir du secteur ?

Pour demain, il sera encore plus nécessaire de travailler de manière collective et interactive avec les acteurs de terrain. Le tourisme est une part importante de notre richesse nationale [6,3 % du PIB régional et 7,4 % du PIB national, en 2018, Ndlr]. Ce sont des emplois locaux et pour la plu- part non délocalisable. Il y a un véritable avenir pour notre jeunesse, même s’il mériterait un plan ambitieux de formation. Nous allons entrer dans une période transitoire et nous aurons tout à gagner à être précurseur et à ne pas foncer tête baissée dans le tourisme de masse, en sachant quand même que nous avons des objectifs de développement durable au niveau planétaire. Il ne faut surtout pas se désengager des clauses environnementales. C’est l’affaire de tous. Ce n’est pas d’un côté les militants de l’environnement qui veulent imposer des restrictions à tout le monde et de l’autre la croissance qui ne peut passer que par le tourisme et la production de masse. Aujourd’hui, je pense que tout le monde a pris conscience de cette nouvelle articulation de l’économie de marché qui doit s’adapter à l’exigence environnementale et sociale. En tout cas, localement, nous allons mettre notre schéma stratégique au service de cela, avec les professionnels, collectivement, et nous continuerons à être innovants et créatifs.

Quelles seraient, selon vous, les principales actions pour une relance optimale ?

Il est certain que nous espérons une prise de conscience et une mise en action de la part des pouvoirs publics. Mais en attendant, nous agissons et nous continuerons à travailler avec les acteurs du tourisme, en étant à leurs côtés. Il faut, dans la mesure de nos compétences et de nos possibilités, leur apporter un maximum d’offres pour donner envie au touriste de prendre son temps et de rester, le tout fonder sur l’art de vivre, le bien manger, le patrimoine, etc. Il va aussi falloir répartir les flux dans l’année. Nous avons avant tout des atouts valable tout au long de l’année. Il faut en faire une force et un levier. Nous constations déjà que la saison estivale n’était plus que sur les deux mois de juillet et août mais commençait au contraire un peu plus tôt et finissait très tard.

Qu’ont fait l’Office de tourisme, la ville et la métropole pour soutenir leurs acteurs ?

L’urgence a été d’exonérer toutes les redevances pour les commerces de Dijon et tous les droits de voiries (terrasses, étalages, enseignes). Au niveau de l’Office de tourisme, j’ai souhaité que la métropole retarde un maximum la collecte de la taxe de séjour et que nous ne la réclamions pas pendant quelques mois pour constituer une avance de trésorerie pour les acteurs du tourisme, au lieu de formuler des prêts. Toutes les redevances que peuvent payer les marchés, les food-trucks et les manèges ont été exonérées. Finalement, tout le soutien des professionnels du commerce, du tourisme et de l’artisanat local. Par ailleurs, la municipalité a exonéré de loyer tous les professionnels locataires de locaux de la ville, pendant six ans. Nous allons aussi projeter d’étendre les terrasses cet été et de piétonniser certains espaces le soir, comme autour des Halles par exemple, pour pouvoir optimiser le commerce et la restauration. Enfin, il y a trois ans, nous avions créé des packs partenaires avec des structures de la région. Ces derniers payaient une contribution et l’office de tourisme faisait leur promotion. J’ai souhaité que nous suspendions leur adhésion et les reporter à 2021.