« Notre réseau est aujourd’hui en pleine transformation »

Philippe Coy, le président de la confédération nationale des buralistes.

La profession n’est plus en simple modernisation mais entame aujourd’hui réellement sa transformation. Le point avec Philippe Coy, le président de la Confédération des buralistes.

La chambre syndicale de Meurthe-et-Moselle de votre confédération vient d’organiser fin juin à Pont-à-Mousson en Lorraine le premier salon à destination des buralistes entièrement centré sur la cigarette électronique, le signe d’une nécessaire diversification de votre secteur d’activité ?

« C’est plus qu’une diversification aujourd’hui que les buralistes doivent engager, c’est une totale transformation. La vente de tabac demeure notre ADN mais force est de constater que le marché est plus que tendu aujourd’hui. Demain il sera tout simplement impossible de survivre en se basant uniquement sur la vente de ce produit. La recherche de nouveaux concepts, de nouveaux services est tout simplement vitale. Les buralistes se doivent de (re)devenir de véritables commerçants de proximité ».

Pour ce faire votre profession a lancé il y a un an et demi un vaste plan de transformation et d’accompagnement pour y parvenir, où en êtes-vous ?

« Il est certain que tous nos adhérents ne sont pas dans la même dynamique. La grande majorité a compris la nécessité et surtout l’urgence d’écrire une nouvelle page. Aujourd’hui, 90 % de nos membres proposent des produits autour de la cigarette électronique à des degrés divers mais tout le monde s’y est mis. L’an passé, l’État a créé un fonds de transformation doté de 20 millions d’euros par an sur quatre ans pour accompagner les buralistes dans leur changement nécessaire. Notre confédération accompagne pas à pas ses membres qui se doivent aujourd’hui d’engager cette démarche pour continuer à développer leur commerce ».

Il y a cinq ans, votre profession a tout de même loupé le virage de la cigarette électronique, les choses se sont-elles aujourd’hui corrigées ?

« La grande majorité des personnes qui se tournent vers la cigarette électronique sont d’anciens fumeurs de tabac, donc nos clients historiques. Nous avons réussi à rectifier le tir par rapport aux différentes boutiques spécialisées qui se sont créées. Nous nous sommes aujourd’hui imposés sur ce segment de marché. Notre plan « Les Buralistes de la Vape» permet à nos membres de se forme au niveau des produits, de leur utilisation, de la réglementation en vigueur. Aujourd’hui, nous avons affaire à une population de vapoteurs très large et c’est un public averti. Il est nécessaire d’avoir une offre adaptée et une réelle connaissance des produits, c’est ce que nous proposons en matière d’accompagnement aux buralistes aujourd’hui ».

Vous avez signé récemment plusieurs partenariats, notamment avec l’Association des maires de France ou encore avec la SNCF pour proposer de nouveaux services. Qu’attendez-vous de ces partenariats ?

« Il s’agit de construire un nouveau modèle de commerce pour les buralistes répondant aux nouveaux besoins de proximité des Français. Le partenariat avec l’Association des maires de France nous engage à permettre de renforcer et de maintenir des services de proximité. L’objectif est de proposer aux communes différents services (numérique, services bancaires, etc…) que nous pouvons apporter et notamment en zones rurales et périurbaines. C’est une façon de lutter contre cette fameuse fracture territoriale. Notre statut de buralistes nous confère un rôle de préposé à l’administration. Nous entendons (re)devenir le relais des administrations dans les territoires. C’est la même logique avec la SNCF où nous pouvons proposer la vente de billets dans les zones où la SNCF ne possède plus de guichets. L’ajout de ces différents services publics permet aux buralistes de se garantir un flux de clientèle ».

Depuis plusieurs mois, le sujet du cannabis récréatif et de sa possible réglementation voire légalisation revient souvent sur le devant de la scène. Un marché pour vous ?

« Naturellement, nous ne nous interdisons aucun sujet ! Je ne juge pas les qualités du produit mais si le législateur entend réguler ce marché et si une réglementation est réellement mise en place, notre réseau est prêt mais surtout notre réseau est adapté ».

Propos recueillis par Emmanuel Varrier pour RésoHebdoEco

VAP’EST : UNE PREMIÈRE

Un salon fait par les buralistes et pour les buralistes centré uniquement sur la cigarette électronique. Le 23 juin à l’Abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson en Lorraine, la chambre syndicale des buralistes de Meurthe-et-Moselle a organisé le salon Vap’Est. « C’est la première fois qu’un salon réalisé par des buralistes est entièrement centré sur les produits de la Vape. Dans contexte plus que tendu, il est indispensable d’avoir ce type de manifestation pour proposer à nos membres des solutions de diversification », assure Philippe Coy, le président de la Confédération des buralistes. Une vingtaine d’exposants, dont les majors du tabac et leurs offres de cigarettes électroniques et produits e-liquid, étaient présents. « La diversification est vitale pour nous et cela passe par ce type de produits », assure Hervé Garnier, le président de la chambre syndicale des buralistes de Meurthe-et-Moselle, organisateur de la manifestation. Une manifestation qui devrait faire des petits dans les autres régions.

Vap'Est : une première.