Nicolas Feuillatte milite pour le vignoble

Le Chef Thierry Marx, entre Véronique Blin (présidente de Nicolas Feuillatte) et Christophe Juarez (directeur général), et Laurent Panigai, directeur général adjoint.

Le Centre Viticole Champagne Nicolas Feuillatte (60 % des coopératives de la filière avec plus de 4 500 viticulteurs adhérents) boucle une activité globale 2018 en stagnation et affiche, au nom de ses vignerons, des ambitions fortes pour l’avenir.

Comme un écho aux assemblées générales du Syndicat Général des Vignerons et de celle des Coopératives de la Champagne, la Présidente du CVC Nicolas Feuillatte, Véronique Blin n’a pas manqué de souligner la baisse des parts de marché des vignerons dans les expéditions globales de l’interprofession.

En 2008, vignerons et coopératives pesaient plus de 33% des ventes. En 2018, cette part excède à peine les 27%. Si la part de marché des coopératives (9%) demeure stable entre ces deux dates, celle des vignerons est passée de 24 à 18%. Autant dire que l’écart creusé en dix ans (plus de 14 millions de bouteilles) pose la question du choix de certains vignerons : vendre du raisin ou faire du vin ?

L’expression de la Présidente de la Cave Viticole Champagne Nicolas Feuillatte, n’a pas échappé à Maxime Toubart, Président du Syndicat Général des Vignerons : « J’approuve cette alternative au Négoce ». Et cette vision de « la Génération Feuillatte », Véronique Blin l’a détaillée : « Une marque Nicolas Feuillatte forte, jeune, indépendante et solidaire ». Avec un grand défi : « Porter au plus haut niveau la plus jeune des grandes Maisons de Champagne ».

Cette philosophie de la plus importante coopérative porteuse de la première marque de Champagne en France pour les volumes et de la troisième dans le Monde pour la valeur inciterait-elle à reconsidérer les frontières de la trilogie de l’interprofession du Champagne : Maisons, vignerons et coopératives ?

LA COOPÉRATION DES COOPÉRATIVES

En prélude à la présentation du rapport d’activité 2018, Véronique Blin rappelle le déséquilibre persistant et croissant des ventes entre le vignoble et le négoce, en faveur de ce dernier, et constate la prédominance inédite des volumes expédiés à l’étranger sur ceux livrés en France. Sur le premier point, la Présidente de la CVC évoque deux pistes. La coopération des coopératives existe et doit s’intensifier dans le respect des spécificités de chacune.

Sur ce chapitre, Véronique Blin cite notamment l’accord commercial signé en Grande-Bretagne avec Castelnau Wines Agency, propriété de la CRVC. Seconde piste : aller encore plus vers le consommateur avec des vins de grande qualité : « Ce que le Négoce a su faire en 20 ans, nous devons pouvoir le réaliser à notre échelle, avec nos arguments et la force de la Coopération ».

LE CHANGEMENT PAR LA VALORISATION

Une gamme renouvelée de produits ciblés grande distribution et circuit traditionnel pour plus d’impact et de visibilité de la marque, des nouveaux bureaux à Paris et à Tokyo, une communication renforcée sur les réseaux sociaux, l’ouverture d’une boutique e-commerce, des partenariats internationaux comme celui récemment signé avec le Cirque du Soleil pour l’Amérique du Nord, le refus de brader les prix sur des marchés actuellement difficiles comme le Royaume-Uni. La CVC Nicolas Feuillatte entend occuper et faire progresser ses positions, tant sur le marché français qu’à l’international.

Avec 40% des ventes à l’exportation, le chiffre d’affaires 2018 de la CVC Nicolas Feuillatte est en quasi-stagnation, légèrement au-dessus des 200 M€, avec une hausse de 4% sur le marché français qui compense le recul à l’étranger. Ce maintien en valeur vient combler la baisse globale des volumes (10,4 millions de bouteilles contre 10,9 en 2017).

Le résultat net affiche 12,5 M€ (6,3 % du chiffre d’affaires) contre 15,9 M€ (7,9%) l’année précédente. 47% de ce résultat (5,9 M€) est restitués aux adhérents de la coopérative. Conséquence d’une vendange 2018 exceptionnelle, les stocks, jusqu’ici comparables au chiffre d’affaires, passent de 200,3 M€ à 228,8 M€, soit une progression de 14,2%.

Baisse de près de 5% du marché français
Dans un marché mondial en très légère hausse (+0,6%) au premier trimestre, les ventes ont encore chuté en France (-4,7%). Elles sont en baisse (-1,3%) vers les pays tiers et affichent une remarquable progression dans l’Union Européenne. Les Maisons de Champagne gagnent 1,2% sur l’ensemble des marchés et les coopératives 0,6%. Les ventes de vignerons baissent de 2,7%. Par marché, les Maisons baissent en France et dans les pays tiers mais réalisent une progression de près de 17% dans l’Union Européenne. Les vignerons semblent préférer l’export (+7,4% dans l’UE et + 10,7% dans les pays tiers contre -5,1% en France). Enfin, les coopératives progressent un peu en France et beaucoup dans les pays tiers (+25%), mais régressent dans l’UE (-11%).

Thierry Marx et la modernité du Champagne
Chef étoilé Michelin, à Cordeillan Bages, dans le Bordelais, à l’époque meilleur carte des vins de Champagne, avec plus de 150 références, il déclarait : « Il y a quelque chose de fusionnel avec le Champagne et quelque chose de très moderne dans les accords mets et vins. De ce point de vue, cette région est novatrice parce qu’elle ose les prises de risque ». Thierry Marx, actuellement aux commandes des restaurants du Mandarin Oriental à Paris et désormais complice de Frédéric Anton à la Tour Eiffel, était l’invité de l’Assemblée générale de Nicolas Feuillatte. Militant de la Haute Qualité Environnementale et de la transmission des valeurs professionnelles, poétique et enthousiaste, il a eu ces mots pour les vignerons du CVC : « J’ai fait cette route ce matin quand le soleil se levait sur les vignes et maintenant je vous vois, vous qui respectez la terre… Je crois en l’excellence, je crois en son partage… L’excellence, cela rend heureux et fier tous les jours de sa vie ».