« Ne pas céder à la panique »

Jean-Marc Béguin

Entretien avec Jean-Marc Béguin, Directeur de la société Evocime et expert en
finance et en droit bancaire.

Pour Jean-Marc Béguin, la crise sanitaire du Covid-19, s’annonce d’ores et déjà comme une crisé économique et financière de grande ampleur. « Même si c’est encore difficile de faire des prévisions puisque nous ne savons pas encore quand le confinement s’arrêtera, nous allons forcément mettre du temps à nous en relever et à remettre l’économie à flot », précise-t-il. Après avoir touché le fond mi-mars, la Bourse a rebondi et repris près de 20% dans le courant de la semaine du 23 mars. « On enregistre des excès dans les deux sens, à la baisse comme à la hausse. Il est donc légitime de s’interroger sur la pérennité de cette reprise », assurait- il le vendredi 27 mars.

Selon l’expert en finance et en droit bancaire, la remontée des marchés est due aux réactions massives des Etats-Unis et de l’Europe afin de contrer les effets négatifs de la crise sur l’économie. « Les Etats-Unis ont annoncé un plan de relance de 2 000 milliards de dollars, la France un plan de 300 milliards d’euros de prêts aux entreprises en difficultés, l’Allemagne évoque plus de 800 milliards d’euros de prêts et même la Chine multiplie les initiatives », souligne-t-il. Autant de mesures qui accompagnent « un arsenal de mesures colossal » déployé par les banques centrales : baisses de taux, programmes de rachats d’actifs, soutien massif à la liquidité nécessaire aux banques, etc.

Parmi les inconnues qui incitent à rester prudent quant à l’ampleur de la crise et aux chances que les mesures donnent l’effet escompté, figurent notamment la durée de la crise, la fermeté et la durée du confinement, en Europe comme aux Etats-Unis. Autre inconnue : les valeurs boursières sont-elles arrivées au plus bas ?

Alors que faire si l’on détient ou souhaite acquérir des valeurs boursières ? « Le premier conseil est de ne surtout pas céder à la panique et de ne pas vendre. Sauf pour dégager de la moins-value dans le cadre d’opérations de fiscalité », préconise Jean- Marc Béguin. Et au niveau des achats ? « Acheter maintenant c’est uniquement dans l’optique de ne pas revendre avant quatre ou cinq ans. Les achats ne pourront être que progressifs, à petite dose et dans une perspective à moyen et long terme ».

Pour l’expert, une seule chose est certaine aujourd’hui :« On y verra plus clair à la fin du confinement ». Wait and see, ont l’habitude dire les Anglo-saxons.