Nanolike, futur leader de la digitalisation dans l’industrie

Jean-Jaques Bois

Jean-Jaques Bois, l’un des deux fondateurs de Nanolike est aujourd’hui directeur opérationnel.

Nanolike, le spécialiste de nano-capteurs connectés vient de recevoir une bourse de 2 M€de la Commission européenne. Une subvention qui va lui permettre d’optimiser son produit et d’étendre son réseau à l’international.

Deux ans après l’entrée de Gilbert Gagnaire au capital de la start-up toulousaine à hauteur de 1 M€, Nanolike, spécialisée dans la fabrication de nano-capteurs connectés, décroche une bourse de 2 M€ de la Commission européenne. « Après six tentatives et un an et demi d’attente, nous arrivons même premier au classement, à l’échelle française, 4e au niveau européen sur les 75 projets financés. Cette subvention est une aubaine car elle va nous permettre d’apporter plus de valeur ajoutée à notre produit. Nous allons pouvoir peaufiner son développemen , côté hardware et machine learning afin d’augmenter le panel de prévisions pour nos clients concernant les conteneurs de type IBC et les silos à grains et lancer une application mobile. Ces évolutions technologiques représentent un investissement de 2,5 M€, déjà financé par l’Europe à hauteur de 70 % sur deux ans », explique Jean-Jacques Bois, cofondateur et aujourd’hui directeur opérationnel.

Nanolike, créée en 2012 par deux ingénieurs de l’Insa Toulouse, a pour ambition de devenir la référence sur le marché européen de la digitalisation de la chaîne d’approvisionnement de l’industrie agrochimique. À ses débuts, la start-up planchait sur un capteur spécifique surtout dédié au marché aéronautique et spatial. La jeune pousse a ensuite affiné sa R&D avec une jauge de contraintes capable de percevoir les micro-déformations de l’ordre de micron et élargi son segment de marché, avant de cibler deux types de conteneurs, les IBC et les silos à grains. « Notre produit baptisé récemment Ibsee propose une solution complète et permet d’optimiser la logistique de distribution dans l’agroalimentaire et la chimie. Grâce aux capteurs connectés à une solution globale de suivi (utilisant le réseau Sigfox), nos clients peuvent savoir en temps réel où sont les conteneurs, connaître leur taux de remplissage, ce qui permet d’optimiser leur réapprovisionnement, tout en réduisant les coûts de transport et l’impact environnemental.» Une révolution dans le monde industriel.

CHANGEMENT DE STRATÉGIE

Actuellement, 20 millions d’IBC sont fabriqués par an dans le monde et 2 millions en France dont moins de 10 % sont recyclés. La solution de Nanolike permet ainsi d’augmenter leur cycle de vie. Son développement a été encouragé par l’un des premiers clients de l’entreprise, Gaches Chimie. « Ce spécialiste de la production de produits chimiques souhaitait que nous développions une solution pour ses IBC. C’est ainsi que nous avons pointé une problèmatique qui concerne toute la chaîne de l’industrie. L’utilisateur du conteneur a tout intérêt à avoir les données, tout comme le distributeur et le fabricant de produits chimiques. »

La start-up compte une dizaine de clients, principalement européens, le marché français ne représentant pour l’instant que 30% de son chiffre d’affaires qui ne dépasse pas les 100 K€ pour 2019. « Afin de viser ce marché très spécifique, nous sommes repartis de zéro », explique le dirigeant. Cependant depuis le changement d’actionnaire, Nanolike table sur une stratégie de marché différente, qui parie sur des clients à forts potentiels. « Notre client Greif, le numéro 3 mondial, qui produit à lui seul 2,2 millions d’IBC par an, estime pouvoir équiper 10 à 20% de son parc. Nous ciblons donc des fabricants et des distributeurs qui font des gros volumes et peuvent avoir une forte croissance. C’est une stratégie qui porte ses fruits même si convaincre prend du temps car cela implique un changement opérationnel et une phase de test ». L’entreprise, qui a installé une centaine de boîtiers l’an passé et le double en test, espère atteindre 5000 commandes en 2020.

Développer un réseau européen fait aussi partie de la feuille de route de l’entreprise qui, actuellement, emploie une douzaine de salariés. « Nous ouvrons un bureau avec un commercial en Allemagne car c’est le plus gros pays industriel en Europe. Nous souhaitons également accélérer notre croissance dans les pays scandinaves et francophones par le biais d’entités internationales. » Le recrutement sera donc une phase clé pour atteindre une centaine de collaborateurs d’ici cinq ans.

La start-up, qui a intégré en 2017 l’écosytème de l’IoT Valley, devrait aussi s’installer à Labège d’ici deux ans.