Municipales, la FRTP dénonce l’abstention

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À l’approche de l’échéance électorale de 2020, la fédération régionale alerte les élus.

Tous les six ans, c’est la même chose. En même temps que la France entre en campagne électorale pour les municipales, le robinet des financements publics se tarit et les entreprises du secteur des travaux publics – soit 2 000 entreprises en Occitanie employant 26 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 3,6 Mds€ qui travaillent à 70 % pour la commande publique – accusent le choc. Pour inverser le phénomène à l’approche des élections de 2020, la fédération régionale des travaux publics (FRTP) a décidé de prendre les devants. Son président, Frédéric Charmasson, a détaillé mercredi devant la presse la campagne de sensibilisation qu’elle organise à destination des élus, en insistant sur les catastrophes économiques générées par le précédent scrutin. En 2014, date des dernières élections municipales, en Occitanie, 30 entreprises des TP avaient mis la clé sous la porte, soit un millier d’emplois perdus, et 400 salariés avaient été placés en chômage partiel. Le nombre d’appels d’offres avait lui-même baissé de 23 % sur la période, voire de moitié s’agissant du bloc communal (communes et intercommunalités).

Outre un fort ralentissement des travaux enregistré l’année de l’élection en vue de limiter les nuisances provoquées par les chantiers, la fédération régionale des travaux publics pointe un second effet pervers, à savoir, à l’issue du scrutin, une reprise tardive des travaux. En moyenne sur les trois dernières élections municipales, la hausse d’activité de 6 % engrangée l’année précédant les élections est loin de compenser les chutes d’activité de 10 et 15 % constatées respectivement l’année de l’élection et la suivante.

ENTRETIEN DU PATRIMOINE ET DES INFRASTRUCTURES

Alors que l’échéance se rapproche, la fédération régionale des travaux publics lance donc une grande campagne intitulée « Élections municipales, ne vous abstenez pas d’agir ! » destinée à sensibiliser les élus. Parmi les pistes qu’elle liste, la FRTP suggère notamment une relance des travaux d’entretien du patrimoine et des infrastructures, souvent mis en sommeil, la collectivité donnant la priorité aux projets de mandat. Une suggestion que vient appuyer fort à propos un rapport du Sénat rendu public ce jeudi. Les sénateurs pointent, dans tout l’Hexagone, le mauvais état de 25 000 ponts dont près de 20 % relèvent des communes et intercommunalités, mauvais état dû à un sous-investissement chronique en matière de dépenses d’entretien…

La FRTP en appelle aussi à une meilleure articulation de la programmation des travaux par les différents maîtres d’ouvrage publics, communes, départements, région et entend mettre « l’ensemble des acteurs publics autour de la table ». Le syndicat patronal propose aussi un transfert des investissements et des travaux en période électorale des centres-villes vers des zones à moindre impact pour les citoyens, comme les Zac. Elle prône enfin une plus grande anticipation dans le vote des budgets dédiés aux travaux, voire la mise en place d’une programmation pluriannuelle.

Selon les professionnels occitans, malgré une baisse des carnets de commandes dans le secteur des travaux routiers qui représentent 38 % de l’activité globale des TP, 2019 devrait être « une année encore dynamique », avec l’arrivée à terme de grands projets structurants Mais l’incertitude plane cependant pour les années suivantes, faute de nouveaux projets de ce type hormis la troisième ligne de métro et le Projet d’aménagement routier métropolitain (Parm). Or pointe la fédération, « 1 M€ investi dans un chantier de travaux publics, c’est huit emplois directs et deux emplois indirects chez les fournisseurs ». De quoi donner matière à réfléchir.