Municipales : la FFB lance le débat

FFB

Gérard Chemla, Jean-Claude Philipot, Éric Quénard et Arnaud Robinet ont été invités par la FFB afin d’exposer leur programme, et plus spécifiquement leurs projets concernant les infrastructures pour les éleections municipales.

La Fédération française du bâtiment (FFB) de Reims organisait le 12 février, un débat entre les quatre principaux candidats aux municipales, Arnaud Robinet, Éric Quénard, Gérard Chemla et Jean-Claude Philipot, afin de débattre des enjeux de la filière. Nous aborderons dans nos colonnes cette semaine, les projets d’infrastructure et la fiscalité, la semaine prochaine la sécurité et la formation.

Les échanges auront été riches et courtois, pour ce débat organisé par la Fédération française du bâtiment de Reims, qui regroupe à elle seule 225 adhérents employant 3 600 salariés. « Reims et le Grand Reims concentrent une importante capacité de production du bâtiment », souligne Amandine Badet, présidente de la fédération locale. « C’est pourquoi nous avons souhaité parler de notre bassin de vie et d’activité. Le renouvellement des exécutifs locaux est un enjeu de premier ordre pour le secteur de la construction et particulièrement pour nous, entrepreneurs. »

LES GRANDS PROJETS

Ainsi, ce sont tout d’abord sur les grands projets que les candidats ont été interrogés. Celui de la traversée urbaine de Reims, régulièrement très engorgée notamment aux heures de pointe, a été abordé par les quatre candidats. « Nous ne pourrons pas rester longtemps dans cette situation », insiste Gérard Chemla. « Nous aurons recours à un audit technique afin de mettre au point des projets qui nous serons proposés et nous les soumettrons au vote », indique l’avocat de 61 ans, pour qui la démocratie participative est un des fondements du programme. « La ville doit s’ouvrir aux mobilités douces, cela suppose que l’on revoit le mode de circulation et que l’on sacralise le centre-ville », poursuit celui qui est investi par La République en marche.

Pour Éric Quénard, qui a été de 2008 à 2014, le premier adjoint à la maire de la ville, Adeline Hazan, et pour qui la question de l’environnement est au cœur du programme, le trafic routier doit s’envisager de manière globale : « Nous vivons des révolutions liées au réchauffement climatique et à la pollution. L’objectif est de transformer ce que nous subissons en opportunité économique. La traversée urbaine est un des enjeux en terme urbanistique, de cadre de vie, de circulation et d’apaisement de la ville mais elle ne doit pas être traitée de manière isolée. »

C’est pourquoi le candidat socialiste qui fédère sur sa liste des personnalités venues de différents horizons, notamment des écologistes prévoit « de consacrer 100 millions d’euros d’investissement à l’isolation des bâtiments. Il y a un intérêt économique car cela donne de l’activité aux entreprises, un intérêt environnemental dans la faible consommation en énergie, un intérêt lié aux générations futures en terme de confort. Mais cela permet aussi à la collectivité de faire des économies de fonctionnement. »

Le candidat du Rassemblement national, Jean-Claude Philipot s’est lui aussi emparé de cette question en fustigeant le système de traversée urbaine comme étant « dépassé » et proposant « l’interdiction à certains véhicules d’entrer dans Reims, notamment ceux des touristes grâce à la mise en place de parkings dédiés en périphérie de la ville, desservis par des bus à rotation constante. Les camions pourraient également être interdits de circulation sur la voie Jean Taittinger. »

Le maire sortant, Arnaud Robinet, après avoir écouté les propositions des uns et des autres s’est interrogé sur « le report de circulation dans d’autres points de la ville ». Il a rappelé le budget consacré à la voirie sous sa mandature, « de l’ordre de 17 millions d’euros chaque année. » « Nous avons l’objectif de recoudre la ville, et notamment, deux secteurs : Faubourg de Laon / Clairmarais, pour le relier au centre-ville pour lesquels nous avons acté la construction d’une passerelle. » D’autres projets sont en cours comme « le pôle d’échange multimodal au niveau de la gare centre qui permettra d’accueillir l’ensemble des mobilités existantes, dans le cadre du plan État- Région, la halte gare Beine-Farman, pour boucler enfin la ceinture ferrée, le contournement du boulevard des Tondeurs – 25 millions d’euros aujourd’hui programmés – qui permettra de réduire la circulation sur la voie Jean Taittinger. » La question de la circulation et de la pollution ne peut s’entendre sans celle d’un réseau alternatif de transports, « des modalités douces », pour Gérard Chemla et Éric Quénard et « la création de deux nouvelles lignes de bus pour relier l’est et l’ouest et le nord et le sud, nécessaires en terme d’infrastructure et pour le développement de la ville », pour Arnaud Robinet.

LA FISCALITÉ

Les entreprises sont fortement sollicitées en matière fiscale, en ce sens, elles attendent de leurs élus locaux qu’ils mettent en place des mesures pour alléger la fiscalité au niveau local. « Vous êtes des entreprises et vous avez vécu un certain nombre de cotisations sociales liées au CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), qui a permis de réduire de près de 20 milliards d’euros par an, la question des cotisations sociales pour les entreprises », a tenu à rappeler Éric Quénard. « Malheureusement en parallèle, les collectivités locales ont vécu de la part de l’État des diminutions de dotations, de fait, les marges de manœuvres sont extrêmement réduites. » La question pour le candidat socialiste est donc plus de « savoir quels types de projets une collectivité locale peut porter pour créer une dynamique et ainsi accompagner la croissance des entreprises du territoire que de mettre en place tel ou tel dispositif fiscal ». Soutenir l’accession à la propriété, relancer le marché de la construction en accompagnant les bailleurs sociaux sont autant de leviers que celui qui a été président de Reims Habitat pendant six ans souhaite mettre en place.

L’ENVIRONNEMENT AU COEUR DES INVESTISSEMENTS

Sur le CICE, Gérard Chemla a réagit en direction de son adversaire en pointant « qu’il fallait ne pas avoir été chef d’entreprise pour penser que cela avait été un allégement. On a commencé par augmenter les charges et ensuite on en a rendu un petit peu, ça n’a pas été vécu comme un allégement pur et simple. » Concernant la fiscalité locale, le candidat LREM a proposé de « créer un laboratoire des transitions, d’expérimenter, de présenter des choses qui n’existent pas ailleurs pour créer un cercle vertueux. » Il a ainsi exposé sa volonté de mettre en œuvre « un plan lumière pour l’éclairage public » et de « dresser une carte virtuelle de la ville pour accompagner les évolutions possibles de la ville ».

Sur le manque de moyens des collectivités suite à la baisse des dotations de l’État, Gérard Chemla appelle à aller chercher l’argent ailleurs, au niveau de l’Europe par exemple en « sollicitant des subventions européennes ».

Arnaud Robinet a lui choisi de se montrer « concret et pragmatique ». « Les finances des collectivités sont bien gérées localement. Depuis 2014, nous nous sommes engagés à diminuer de 20% la taxe sur les ordures ménagères, de 50% de la taxe sur les enseignes, de 50% de la part communale de la taxe foncière pendant 5 ans pour les travaux de rénovation énergétique et la gratuité de la première heure dans nos parkings qui a permis une forte hausse des fréquentations, cela est bon pour le commerce et pour l’activité. » Le transport encore a été abordé pour parler de la fiscalité : « Un certain nombre de candidats promettent la gratuité des transports en commun, mais ils sont payés en grande partie par vous, par les entreprises, par le versement transport : 40 millions d’euros chaque année. Le taux est à 1,8%, il serait aisé d’augmenter ce taux à 2% pour financer la gratuité des transports en commun, ce qui ferait une ponction supplémentaire pour les entreprises de 4 millions d’euros. Cela, nous le refusons, nous préférons investir pour développer les dessertes. »

Le candidat du Rassemblement National a quant à lui avancé que « toutes les villes RN avaient baissé leur fiscalité. » Sans plus de précisions, il a appelé à « récupérer à la banque les aides en investissement dont les villes sont dotées pour 25 ans. » Le projet de Jean-Claude Philipot est principalement « de baisser la taxe foncière après une étude précise des finances publiques, réalisées grâce à un audit. »

La semaine prochaine, nous reviendrons sur les projets des candidats en matière de sécurité et de formation.