À Empury, Élisabeth Fally a créé la première marque de cosmétiques bio « Made in Morvan » conçue en partie avec des produits locaux, en se concentrant sur les vertus des huiles essentielles.
Un livre, une maison et quelques milliers d’euros d’investissement, c’est ce qu’il aura fallu à Élisabeth Fally pour passer de l’édition parisienne à la cosmétique. C’est en travaillant sur le montage d’un ouvrage sur les huiles essentielles qu’elle va se laisser embarquer par son sujet : « J’ai voulu apprendre à me passer des produits chimiques pour éviter les allergies ou les effets secondaires dans les cosmétiques. » Elle commence par concevoir des crèmes pour son usage personnel, puis pour ses amis. Devant la demande, elle créé en 2013 Morvan Cosmétiques et décide de quitter Paris pour Empury, un village dans la périphérie de Lormes : « J’avais cette vieille bicoque à restaurer, je me suis dit que c’était l’endroit idéal. »
À l’instar d’une autre marque de cosmétiques nivernaise, La Chênaie, lancée par le consortium Charlois et qui utilise les vertus du chêne, Élisabeth Fally travaille dès qu’elle le peut avec des produits locaux : huile de colza, miel… L’intégralité de ses baumes, shampoings, savons, sticks à lèvres sont fabriqués dans son laboratoire aménagé dans la cave de la maison, sans ajout d’eau : « L’eau permet aux industriels de densifier les produits, mais cela oblige à utiliser des conservateurs et des stabilisateurs qui dissolvent les effets actifs de chaque ingrédient et sont parfois allergènes » Elle n’utilise que des composants bio et des huiles issues des premières pressions à froid : « Chaque composant à ses propres propriétés. L’huile d’argan a des vertus anti-oxydantes, l’huile limnanthes alba maintient le taux d’hydratation de la peau, la cire d’abeille utilisée comme excipient est anti-inflammatoire et cicatrisante… ».
Aujourd’hui, la marque propose une gamme d’une vingtaine de produits, allant du savon saponifié à froid – qui demande trois semaines de séchage – et appelé « Le véritable savon de Marcelle » à la crème à barbe. Même si aujourd’hui, la cosmétique locale reste une niche économique, la cheffe d’entreprise labellisée Nature et Progrès mise sur une prise de conscience des consommateurs : « Même si le domaine de la cosmétique n’est pas encore identifié “local”, les produits bio sont de plus en plus sollicités par les consommateurs. Et de plus en plus, ils sont attentifs à la provenance et à la composition ». Et savoir que tout cela est parti d’un livre est aussi un bel hymne à la lecture !