Minjat ! à l’assaut des circuits courts

Cyril Picot, Anton Dmitriev, David Pagès. (Droits réservés)

Lancé à Colomiers, ce marché local, qui fait aussi restauration, veut séduire autour de l’idée du bien manger.

Mettre en avant le bien manger et le dur labeur des producteurs locaux, tel est la mission de Cyril Picot, Anton Dmitriev et David Pagès qui ont ouvert en septembre Minjat ! une boutique cantine. « Notre idée est de démocratiser l’alimentation locale dans un lieu chaleureux. Dans l’imaginaire collectif, le circuit court est réservé à une clientèle restreinte, nous voulons lever ce frein. Nous avions aussi constaté un problème de distribution et de nombreuses initiatives avortées. Nous voulions apporter un modèle structuré », explique Cyril Picot, fils de céréaliers et d’éleveurs gersois, qui a goûté à de multiples vies dans l’univers gastronomique.
« Après des études au lycée hôtelier et dans une école de commerce à Toulouse où j’ai rencontré Anton, un saut dans l’univers viticole et une expérience de commercial, je suis revenu aux sources. J’ai aidé mes parents à vendre des colis de viande et j’ai créé un site internet qui fédérait une dizaine de producteurs pour de la vente directe. Je savais que je voulais valoriser le travail de l’agriculteur, trop dénigré ».

Dès 2016, ce trentenaire a donc planché sur les circuits courts. Anton Dmitriev, issu d’une famille de producteurs d’Armagnac a rejoint l’aventure. « La cuisine, je suis tombé dedans tout petit. J’ai fait le constat que cela changeait et qu’il fallait valoriser les bons aliments », explique l’associé aux commandes du restaurant. Trois ans et une enveloppe globale de 400 K€ auront été nécessaires pour que ce concept novateur sorte de terre. C’est le troisième associé, David Pagès l’ingénieur de l’équipe qui a développé le projet et élargi le réseau d’agriculteurs. Ce quadragénaire, ancien directeur de la Mission Agroalimentaire Pyrénées qui avait pour objectif de structurer les filières locales, a sauté sur l’occasion.

Cette SAS regroupant ainsi une vingtaine de producteurs associés a tissé un réseau de 220 producteurs et artisans en Occitanie qui livrent plus de 2000 produits, respectant les principes du commerce équitable « Nos producteurs doivent respecter notre charte. Manger des aliments qui ont du sens, c’est notre leitmotiv », expliquent les cofondateurs qui luttent aussi contre le gaspillage. « La restauration permet de ne pas gaspiller. Nous proposons des prix réduits pour les denrées périssables, plus une démarche de Too Good To Go et des initiatives menées auprès d’un public défavorisé ». Concernant les déchets, ils mènent aussi un combat pour respecter l’environnement. Les associés, qui chapeautent une quinzaine de collaborateurs, espèrent atteindre 2 M€ de CA cette année. « Les circuits courts et la vente directe confondus représentent 6 % du marché en France. C’est une niche et notre volonté est d’exporter ce modèle » conclut Cyril Picot