La traditionnelle Soirée vins clairs de l’Union des œnologues de Champagne a été l’occasion de confirmer la qualité du millésime 2018, également rassurant par rapport à la précocité des vendanges.
Après les vendanges précoces – entamées au mois d’août – et délicates en 2003, 2007, 2011 et 2017, la récolte tout aussi précoce de 2018, dont tout le monde a souligné la quantité et la qualité, s’est surtout parfaitement déroulée. Ce qui est sans doute rassurant pour l’avenir, si le réchauffement climatique amenait encore à vendanger de bonne heure.
Ce constat était dressé à l’occasion de la traditionnelle Soirée vins clairs de l’Union des œnologues de Champagne, qui réunissait une centaine de personnes (œnologues et futurs œnologues, invités, etc..) dans les locaux du champagne Esterlin, à Épernay.
L’Union des œnologues de Champagne est l’une des 7 antennes régionales qui composent l’Union des œnologues de France et ses quelque 1 600 membres. Elle compte 240 adhérents et est présidée par Wilfrid Devaugermé, responsable des approvisionnements de la Maison Besserat de Bellefon, qui vient d’être réélu pour un deuxième mandat de trois ans. Comme de coutume, la manifestation a permis de découvrir le résultat, mis « tranquillement » en bouteilles, de cette vendanges 2018, à travers une trentaine d’échantillons représentatifs de tous les terroirs et cépages de l’appellation.
PARCOURS HYDRIQUE PARFAIT
Rappelant le caractère hors normes de la vendanges 2018, Arnaud Descotes, directeur technique du Comité Champagne, évoquait les principales caractéristiques techniques de l’année. Une grosse pluviométrie hivernale permettant de recharger les sols et les nappes phréatiques, un printemps chaud et humide (1 000 hectares étant détruits par les orages et la grêle), mais un parcours hydrique quasiment parfait pour 95 % du vignoble. Il soulignait également que la Champagne avait diminué de 95 % l’utilisation des insecticides, et de 50 % celle des herbicides, les statistiques étant un peu moins bonnes pour les fongicides compte tenu du réchauffement climatique.
Les œnologues s’accordaient également pour louer cette récolte qui a permis de reconstituer de belles réserves (surtout après 2017). Les pinots noirs devraient donner lieu à de beaux millésimes. En tout cas, le champagne né de la vendange 2018 est annoncé « festif ».
DU JAMAIS BU !
Une cuvée surprise attendait les invités de cette soirée vins clairs… Tellement « surprise » que ceux (très rares) qui n’étaient pas dans la confidence étaient bien en peine d’en déterminer la nature et l’origine. Et pour cause, puisque ce vin clair hors du commun provenait de la vigne du collège des Jésuites de Reims (qui héberge Sciences Po). Ce cépage verjus, datant de plus de 300 ans, et aujourd’hui pieusement conservé, servait plutôt de condiment. S’il n’est pas destiné à la vinification, l’expérience a néanmoins été menée, à titre exceptionnel, par le Comité Champagne et le résultat, totalement atypique, était proposé à la dégustation : du jamais bu, qui ne sera sans doute plus jamais bu… Quelques privilégiés d’un soir pourront dire qu’ils en ont goûté !