La filiale de la Caisse d’épargne de Midi-Pyrénées lancera le 12 novembre un nouveau véhicule d’investissement dédié au grand public, la SCPI Aedificis. Une première pour la structure spécialisée dans l’ingénierie immobilière qui souhaite désormais diversifier son offre.
Malgré une concurrence très rude et des prix qui ne cessent de grimper, Midi 2i, la filiale de la Caisse d’épargne de Midi-Pyrénées (CEMP) spécialisée dans l’ingénierie immobilière, affiche cette année encore de belles performances. L’entreprise, qui emploie 25 personnes, table sur un chiffre d’affaires de 9 M€ à la fin 2019, en hausse de 12% sur un an, sachant que ce faisant, précise Pierre Cabrol, son président, « on ne déroge pas à la croissance à deux chiffres que l’on connaît depuis l’origine de notre société ».
Depuis sa création en 2005 et le lancement de Midi Foncière, son premier fonds, Midi 2i a multiplié les véhicules d’investissement. Elle gérait ainsi neuf fonds à la fin 2018 pour un montant global de 1,2 Md€. Depuis le début de cette année, l’activité s’est encore accélérée, puisque six nouveaux fonds ont vu le jour ces derniers mois, portant sa capacité d’investissement à 1,5 Md€, en hausse de 25 % par rapport à l’année précédente.
Midi 2i, qui a obtenu de l’Autorité des marchés financiers (AMF) un nouvel agrément qui lui permet d’étendre son rayon d’action à la gestion du capital risque et à la zone euro, s’apprête ainsi à lancer, le 12 novembre, Aedificis, sa première SCPI (société civile de placement immobilier) destinée au grand public. « À tout seigneur tout honneur, détaille Pierre Cabrol, nous allons débuter sa commercialisation via la Caisse d’épargne de Midi-Pyrénées », avant d’étendre sa diffusion plus largement. L’objectif est de lever 60 M€, « mais c’est une première étape. L’ambition est d’aller bien au-delà. Il faut 200 à 300 M€ pour qu’une SCPI soit stable et puisse absorber les désinvestissements réguliers », ajoute Pierre Cabrol. Les premiers investissement d’Aedificis sont attendus pour le début de l’année 2020 et devraient cibler des opérations en centre-ville en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. Le prix de la part est fixé à 1000 €, avec un minimum de six parts, le rendement visé étant de « 4,5 % par an », précise le président de Midi 2i.
VIRAGE STRATÉGIQUE
Le lancement de la SCPI, constitue pour la filiale de la CEMP « un virage stratégique ». puisque, ajoute Jean- Luc Barthet, directeur général du pôle développement de Midi 2i, « jusqu’à présent, nos investisseurs étaient des institutionnels, principalement du groupe BPCE. Aujourd’hui en s’adressant à la clientèle grand public, on ouvre notre spectre d’investisseurs : on passe des banques aux clients des banques ».
Midi 2i n’en poursuit pas moins sa « politique de fidélisation » des établissements financiers du groupe BPCE à travers la création, au cours des 10 premiers mois de l’année, de plusieurs fonds pour notamment la Caisse d’épargne Aquitaine Poitou- Charente, celle de Bretagne Pays de Loire, celle d’Auvergne Limousin ou encore la Banque Populaire Auvergne Rhône-Alpes. Si Midi 2i élargit sa cible d’investisseurs, elle diversifie aussi ses classes d’actifs. Spécialisée dans l’immobilier tertiaire (bureaux et commerces), elle a pris cette année une participation à hauteur de 28,9 M€ dans le fonds Marianne Hôtel, géré par Primonial Reim et spécialiste, comme son nom l’indique, des investissements dans le secteur hôtelier.
Midi 2i a également créé cette année un premier fonds dédié aux énergies renouvelables. Le fonds Midi Energy, détenu à 100 % par la CEMP et doté de 30 M€, a vocation à prendre des participations dans des structures qui détiennent des actifs dans ce domaine (éolien, photovoltaïque, hydroélectricité). Le fonds a réalisé un premier investissement cet automne en investissant aux côtés d’Engie Green et de l’Agence régionale Énergie Climat (Arec) dans le projet d’ombrières photovoltaïques sur le parking du Meett, futur parc des expositions de Toulouse à Aussonne, mis en service cet été.
« Nous nous orientons de plus en plus vers l’accompagnement des établissements du groupe BPCE à travers une propositions d’offres variées qui peuvent soit s’adresser directement à eux, soit à leurs clients », observe Jean-Luc Barthet. Sachant que poursuit-il, les établissements financiers qui subissent « des turbulences assez fortes avec la baisse des taux d’intérêt », sont « en recherche de Produit net bancaire (PNB) additionnel ». « Notre structure possède une expertise immobilière qu’ils n’ont pas nécessairement et grâce à cette expertise, nous sommes en mesure de leur apporter des solutions, soit pour fidéliser leurs clients, soit pour trouver un complément de chiffre d’affaires ».
Cette stratégie « défensive » est essentielle pour Midi2i : « nous ne savons pas dans cinq ans ce que sera le marché, confirme Pierre Cabrol. Il faut absolument qu’on se diversifie de manière à sécuriser notre propre structure et nos équipes. »
160 À 200 M€INVESTIS EN 2019
Sur l’année 2019, le volume d’investissements réalisés au global par Midi 2i devrait atteindre de 160 à 200 M€, un montant récurrent depuis près de quatre ans, « alors même que le marché est assez compliqué, pointe Jean-Luc Barthet, du fait de la très vive concurrence et d’un immobilier très cher. » En parallèle, la filiale de la CEMP a réalisé différents arbitrages et cédé une dizaine d’actifs, sur la centaine qu’elle détient, pour un montant global de 40 M€.