Le Grand Est, 2ème région française de betteraves sucrières, tend le dos quant aux accords annoncés du Mercosur.
Le Mercosur annonce une suppression des droits d’entrée à l’importation avec le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay, sur un contingent de 180 000 tonnes de sucre et 650 000 tonnes d’éthanol. « Il y a dix ans, explique Éric Lainé, président de la Confédération des Betteraviers Français, un contingent avait déjà été ouvert pour faire venir et circuler, en France et en Europe, jusqu’à 1 million de tonnes de sucre, en plus de notre production locale. La situation est donc complexe depuis plusieurs années ».
Le Mercosur jette un flou supplémentaire sur cette filière déjà en difficulté, et par- ticulièrement dans la région Grand Est, qui représente 25% de la production betteravière française.
DE L’ÉCONOMIE À L’HUMAIN
Avec 116 000 hectares de betteraves, 5 570 planteurs, trois sucreries (Sillery, Erstein et Connantre) et trois sucreries/distilleries (Bazancourt, Arcis-sur-Aube et Connantre- Morains), la production régionale en sucre blanc s’élève à 1,4 million de tonnes par an. Le Mercosur annonce donc un impact économique fort sur cette filière, mais aussi un impact humain. Le secteur du sucre et de l’éthanol touche à l’agriculture et à l’agro-alimentaire et représente 14% des actifs en France : il s’agit du 2ème secteur employeur sur le territoire national.
Dans le Grand Est, il s’agit donc de protéger les 955 emplois directs dans les usines et les 3000 emplois indirects : « Nous ne prévoyons pas de diminuer notre production régionale et nos sucreries locales ne semblent pas menacées, contrairement à d’autres usines, comme celle de Toury, dans le Loiret, qui pourrait fermer dans un souci d’amélioration de la compétitivité », explique Éric Lainé. Si le Mercosur n’est pas encore validé auprès du Parlement Européen, son impact est d’ores-et-déjà connu, redouté et refusé.