Masques chirurgicaux : la région vise l’autonomie

La nouvelle ligne de production de masques chirurgicaux est aujourd’hui installée dans une salle blanche normalisée pour produire des masques dans des conditions d’aseptie strictes. Exploitée par la société OMV, trois opérateurs travaillent aujourd’hui dans une annexe dijonnaise du Conseil régional. La région espère pouvoir prochainement installer de nouvelles lignes pour produire tout type de matériel de protection individuelle, ainsi qu’une ligne de production de meltblown pour compléter la production de la société montbéliardaise Meltblo France, financée à hauteur de 1,1 million d’euros par la collectivité. (Photos JDP)

Pour atteindre l’autonomie en masques chirurgicaux, le Conseil régional Bourgogne Franche-Comté a fait l’acquisition d’une ligne de production de masques pour l’installer dans une salle blanche. L’outil sera exploité par la société OMV et une partie de la production bénéficiera à la région qui en distribuera gratuitement au personnel soignant du territoire.

C’est une histoire aux multiples rebondissements qui a amené le Conseil régional Bourgogne Franche-Comté à acquérir sa propre ligne de production de masques chirurgicaux de type 2R. Un effet d’aubaine pour le secteur de la santé qui représente plus de 10.000 emplois en région et pèse pas moins de deux milliards d’euros de chiffre d’affaires consolidé, mais aussi une réelle opportunité pour la région de développer tout un écosystème autour d’une nouvelle filière, celle de la protection individuelle. « Il y a d’abord eu la pénurie de masques venant de Chine en avril et la sidération devant cette pénurie, puis la réquisition par l’État de notre commande sur le tarmac de l’aéroport de Bâle-Mulhouse et enfin la difficulté pour s’approvisionner, se souvient Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne Franche-Comté. Ensuite, il y a eu le temps de la réflexion puis celui de l’action. Nous avons alors jugé, aux vues des difficultés à faire venir des masques, qu’il serait sûrement plus simple de les produire nous-même. Tout cela n’aurait jamais été possible sans la sagacité de notre service logis- tique ». « Nous avons finalement eu l’opportunité d’acheter, en mai, une ligne de production qui végétait dans une cale », poursuit François Rousselin, directeur des moyens généraux au sein du Conseil régional. Un investissement de 250.000 euros possible et facilité grâce à la loi portant sur l’état d’urgence sanitaire alors en vigueur et permettant l’achat public sans le dépôt d’un appel d’offre. « Pour l’accueillir, neuf entreprises ont travaillé à créer une véritable salle blanche dans un bâtiment annexe au Conseil régional », détaille François Rousselin. La région a en effet transformé, durant l’été, un de ses entrepôts en un atelier de quelque 300 mètres carrés aménagé selon la norme ISO8 relative à un environnement où la concentration maximale admissible de particules dans l’air est contrôlée. Au total, l’acquisition, l’automatisation et l’installation de ce nouvel outil industriel représente un coût de 314.000 euros pour la région.

UNE CAPACITÉ DE DEUX MILLIONS DE MASQUES CHIRURGICAUX PAR MOIS

Alors que la production a commencé le 15 septembre, l’exploitation de cette ligne de production sera assurée par la société OMV System France. « Nous avons pour cela réalisé trois contrats en 15 jours pour l’utilisation de la machine, la location du bâtiment et la commercialisation des masques produits », explique Gérard Chevalier, directeur générale de OMV System France. En effet, si la région est aujourd’hui en capacité de produire deux millions de masques chirurgicaux par mois, une partie de la production sera propriété de la région qui pourra ainsi constituer des stocks et assurer une distribution gratuite en priorité aux professionnels de santé. « Le reste de la production sera commercialisé par la société OMV avec laquelle nous avons signé un accord-cadre pour l’achat, à prix coûtant, d’un à sept millions de masques par an, pour nos agents. Nous avons d’ailleurs indexé le prix du masque sur celui de la matière première qui varie entre 0,12 et 0,19 euros », complète Marie-Guite Dufay. Des discussions commerciales sont d’ailleurs en cours entre OMV et Meltblo France que la région soutient à hauteur de 1,1 million d’euros et qui sera en capacité de produire 500 tonnes de meltblown – la matière filtrante à l’intérieur du masque – par an, soit l’équivalent de 500 millions de masques, sur Montbéliard dès le printemps 2021. « Je ne désespère pas qu’on ait très rapidement un masque 100 % BFC », confie la présidente de la région. Des échanges sont également en cours avec l’Agence économique régionale (AER) pour trouver un lieu d’implantation permettant d’accueillir les opérations Supply Chain de matières premières et les développements nécessaires pour mettre en place le tri et le recyclage des équipements de protection individuelle. À terme, l’objectif de la région est de développer l’autonomie sanitaire en cas de nouvelle pandémie en relocalisant la production au plus près des besoins de la population et constituer un stock stratégique.