Marne Metal Concept : la renaissance de PCH

Sébastien Albaut, gérant de Marne Metal Concept, à côté de Catherine Luxembourger (responsable administrative), estime qu’il a été plus facile de fédérer les ex-salariés que de convaincre le tribunal de commerce et de gérer les formalités de la création de Marne Metal Concept.

La fin du soutien du groupe suisse Zehnder auquel elle appartenait jusqu’en 2015 a entraîné la liquidation judiciaire de la société châlonnaise PCH Metals, reprise par 17 de ses 87 salariés sous forme de coopérative.

Ne dîtes plus PCH Metals mais parlez de Marne Metal Concept, une Scop (Société coopérative et participative) validée par le tribunal de commerce de Châlons-en-Champagne lundi 17 septembre. Sébastien Albaut, ex-responsable du bureau d’études et nouveau gérant de l’entreprise explique que cette reprise collective par 17 ex-salariés était la seule solution possible. « Nous étions un site de Zehnder depuis 1972. Ce groupe suisse s’est réorganisé et nous a revendu au fonds Callista en 2015, en accordant des compensations financières pendant trois ans. Zehnder représentait encore 85 % de notre activité mais l’arrêt des compensations a été suivi de la fin des commandes », rappelle-t- il.

Les salariés se sont alors fait entendre pour essayer de trouver un repreneur et, quand l’entreprise a été placée en redressement judiciaire le 29 mars 2018, ils ont décidé de reprendre eux-mêmes le site. « Nous étions certains du potentiel de notre usine avec du savoir-faire et un bon outil de production », indique Sébastien Albaut qui estime que l’ancienne direction a amené l’entreprise dans le mur « avec des erreurs stratégiques, de mauvais recrutement et des relations humaines difficiles avec les salariés ».

CONVAINCRE LES CLIENTS DE MONTER LES PRIX

Finalement, l’offre de reprise sous forme de Scop était la seule véritablement concrète et le tribunal de commerce a validé la naissance de Marne Metal Concept. « Nous avons analysé les charges, monté un business plan… Nous avons obtenu la confiance d’anciens clients à qui nous avons expliqué que nous allions devoir augmenter nos prix car certains étaient sous-évalués de près de 40 % », indique Sébastien Albaut.

Avec l’appui de l’Union Régionale des Scop du Grand Est, le projet s’est donc construit avec 17 salariés qui ont investi leurs indemnités chômage et cédé du matériel pour financer cette reprise. « Lors de notre première réunion, plus de 50 % des salariés étaient intéressés. Ensuite, quand nous avons demandé un engagement par écrit nous étions encore trop nombreux par rapport aux besoins réels pour relancer une activité de sous-traitance en tôlerie industrielle capable de générer 2 M€ de chiffre d’affaires annuel. Nous avons alors effectué des choix en fonction des compétences en privilégiant la production », détaille le gérant.

UN OUTIL INDUSTRIEL PERFORMANT

Alors que l’activité reprend sous sa nouvelle identité, Marne Metal Concept revendique ses atouts : « Nous avons des machines performantes (découpe laser, plieuse, ligne de peinture…) et nous pouvons travailler l’acier, l’inox et l’aluminium. Nous disposons un bureau d’études pour proposer de la conception et nous pouvons aussi effectuer l’assemblage. Nous faisons preuve d’une grande flexibilité ». Il précise que certains équipements apportent des solutions peu présentes dans l’industrie comme une plieuse de 4 mètres ou encore le traitement cataphorèse (anticorrosion).

De quoi continuer à fabriquer des pièces pour des radiateurs mais aussi des produits aussi diversifiés que des bacs à pellets, du mobilier en métal, des clôtures, des panneaux décoratifs, un plafond acoustique…

Dans l’usine de 12 000 m2, Sébastien Albaut estime aussi pouvoir mettre en location une partie des locaux, dont des bureaux. Tout en se laissant évidemment la possibilité d’investir et de grandir à nouveau. « Nous souhaitons pouvoir remonter à une trentaine de salariés », ambitionne celui qui espère obtenir des aides du CRSD (Contrat de Redynamisation du Site de Défense) châlonnais pour faciliter la renaissance de cette nouvelle entreprise.

33 Scop (ou Scic) sont présentes en Champagne-Ardenne. Elles emploient 744 salariés. En terme d’effectifs, les plus importantes sont : Aubelec (180 salariés, équipe- ments électrique, Aube), Coprecs (84 salariés, électricité, sanitaire, chauffage, Marne), Eurofence (72 salariés, fabricant de clôtures et portail, Haute-Marne) SNBR (49 salariés, maçonnerie, restauration, Aube), Poinfor (47 salariés, formation professionnelle, Haute-Marne), Arts et Technique du bois (22 salariés, Marne), Le Bâtiment Menuisier (21 salariés, Marne), la fonderie Rollinger (21 salarié, Ardennes)…

L’usine est située à Saint-Martin-sur-le-Pré (agglomération châlonnaise).