Marchés militaires : les PME doivent passer à l’offensive

Le colonel Gil Rostain. Photo: Philippe Demoor

Le groupement de soutien de défense de Mourmelon, qui achète pour plus de 25 M€ de fournitures et prestations par an, souhaite travailler davantage avec les PME locales.

Une centaine d’entreprises travaille déjà avec l’Armée sur le territoire car, pour des raisons de coût de déplacement et de rapidité, la proximité est un atout de poids pour les PME locales. Le groupement de soutien de défense de Mourmelon, qui couvre aussi les bases de Mailly (Aube), Suippes et Sissone (Aisne), souhaite toutefois faire encore mieux et étendre son panel de prestataires.

« Le groupement est un acteur enraciné et accessible de l’économie locale. Nous avons des besoins importants et les entreprises ne doivent pas se laisser intimider par l’uniforme. Nous devons assurer le bon fonctionnement des sites et la vie courante de 7500 miliaires, avec même une population pouvant atteindre 50 000 soldats lors des manœuvres des camps de Champagne. Nous avons une relation de confiance et de proximité avec les entreprises », explique le colonel Gil Rostain. Nettoyage des locaux, entretien des espaces verts, collecte des déchets, travaux de BTP et autres prestations sont ainsi ouverts aux PME. « En terme d’alimentation, nous fournissons 1,5 million de repas par an », ajoute le colonel.

Si le groupement de soutien de défense peut être un point de contact direct, de nombreux marchés sont mis en ligne sur la plate-forme des marchés publics de l’Etat PLACE ou sont traités par des intermédiaires répondant aux besoins exprimés par l’économat des armées. Dans le cas des fruits et légumes, des contrats sont ainsi établis pour six mois, avec l’impératif de faire une place au bio et de mettre en avant les produits locaux. Si le prix est important, il compte pour à peine la moitié de la notation, devant la qualité (20 à 40 % en tenant compte des fiches techniques, d’échantillons…), la logistique (10 à 20 % en intégrant les délias de livraison) et le développement durable (5%).

Mais même en passant par l’intermédiaire de grossistes ou en répondant aux marchés de PLACE, les besoins sont exprimés par le groupement, les entreprises ne doivent donc pas hésiter à proposer leurs services, même si elles devront ensuite se référencer et répondre aux appels d’offres : « 20 % des achats se font directement auprès de nous, mais répondre aux marchés de l’économat des armées est véritablement accessible aux sociétés locales ».

RECRUTEMENT DE RÉSERVISTES

Si l’Armée recrute des fournisseurs, elle recherche aussi des volontaires pour étoffer ses rangs. Lors d’un colloque co-organisé avec par la CCI de la Marne et le Groupement de soutien de Mourmelon, un appel aux entreprises a également été passé. « Les armées ont un besoin impératif de réservistes, ce sont souvent eux qui patrouillent dans le cadre de l’opération Sentinelle ou du plan Vigipirate. Nous comptons aujourd’hui 40 000 réservistes en activité en France dont 1 000 en service chaque jour », indique Alain Geiss, correspondant réserve entreprises défense dans le Grand Est. Le référent marnais précise que si les employeurs ont l’obligation légale de libérer les réservistes 5 jours par an, les besoins actuels tendent plutôt vers une trentaine de jours de mobilisation. « Les entreprises ont peut être des réservistes sans le savoir, car ceux-ci participent pendant leurs congés », explique celui qui souligne qu’un salarié-réserviste est un atout pour une entreprise de par son savoir-faire, son savoir-être, sa rigueur et son expérience : « Cela peut paraître coûteux et dérangeant mais cette démarche citoyenne est essentielle ». Un réduction d’impôt (équivalente à 60 % du montant du « don » de mise à disposition) constitue un argument supplémentaire.

Pour en savoir plus : valerie.le-gall@intradef.gouv.fr