Marchés financiers : un contexte générateur de volatilité

L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), dans son rapport présenté à Bercy le 9 avril dernier, a estimé que les réformes mises en œuvre par le Gouvernement français auront pour effet une augmentation de 3,2 % du PIB par habitant à horizon de dix ans.

Second satisfecit de l’OCDE à l’égard de la France : la transformation du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisse de charges et la réponse apportée jusqu’à présent aux « gilets jaunes » vont dans le bon sens : « Le gouvernement a abaissé les coûts de la main d’œuvre et augmenté la prime d’activité pour les personnes faiblement rémunérées, ce qui contribuera à l’amélioration de leurs situations sur le marché du travail et de leurs revenus disponibles ».

L’OCDE n’en critique pas moins le manque de détermination de l’exécutif français à baisser la dépense publique. Il s’agit d’un domaine majeur, dans lequel la France peut mieux faire : « L’ampleur des dépenses publiques nécessite d’importants prélèvements obligatoires qui limitent la capacité des entreprises à créer des emplois et incitent moins les individus à travailler ».

Ces incertitudes hexagonales ne dissuadent pas les investisseurs étrangers de se tourner vers la France, ce qu’ils ont fait, en 2018, à un niveau jamais égalé depuis dix ans. En effet, le nombre de décisions d’investissement par des sociétés étrangères y a augmenté l’an dernier de 2 % par rapport à 2017. Selon les chiffres publiés par Business France, organisme public chargé de l’internationalisation de l’économie tricolore, il a atteint un total de 1 323 décisions. Les réformes menées depuis deux ans ont vraisemblablement amplifié une tendance constatée dès 2014, cette accentuation étant due aux mesures, prises en 2017, en faveur de la réduction du coût du travail et de la fiscalité du capital.

Néanmoins, si les investisseurs étrangers regardent plus volontiers du côté de la France, c’est aussi parce qu’ils commencent à détourner leurs yeux d’autres pays, notamment de la Grande-Bretagne : un effet « Brexit » est visible. On note par exemple une hausse de 33 % des projets d’investisseurs en provenance d’outre-Manche. Ce constat est particulièrement accentué dans le secteur financier où 40 % des projets d’investissement sont britanniques. Toutefois, les États-Unis sont restés les premiers investisseurs internationaux en France l’an dernier (18 % du total), devant l’Allemagne (14 %). Néanmoins, il semble que ces investissements étrangers soient relativement peu créateurs d’emplois.

Ce développement français, globalement positif, ne saurait masquer des incertitudes qui demeurent prégnantes.

En janvier, par exemple, le FMI avait abaissé de 3,7 % à 3,5 % sa prévision de croissance mondiale pour 2019. Il l’a de nouveau fait le 9 avril, prenant en compte le choc subi ces derniers mois par les échanges commerciaux mondiaux, la poursuite du ralentissement en Chine et certains signes de dégradation de la conjoncture aux États-Unis et dans la Zone Euro. Selon lui, 70 % de l’économie mondiale devrait, en conséquence, ralentir en 2019, ce qui l’a conduit à ramener son anticipation de croissance annuelle à 3,3 %. Le 1er mai, la Federal Reserve, dans ce contexte, a confirmé la modération dont elle entend faire montre ces prochains mois : tant que l’inflation n’augmentera pas de manière significative aux États-Unis, les taux directeurs américains devraient donc conserver leur niveau actuel. Quant à la BCE, elle a décidé, le 10 avril, de maintenir ses taux directeurs « au moins jusqu’à la fin 2019 ». Sans s’en- gager sur des mesures de soulagement pour les banques dès à présent, elle ne l’exclut pas si les conditions économiques se dégradent.

En dépit de ces signaux mitigés, la bourse de New-York flirte toujours avec ses records historiques, inscrits en 2018. Les investisseurs paraissent confiants, eu égard aux chiffres de l’emploi publiés le 3 mai, historiquement élevés (le taux de chômage s’inscrit désormais à 3,6 % de la population active), ce malgré l’incertitude planant sur un éventuel accord commercial avec la Chine. Cependant, la date de celui-ci ne cesse d’être repoussée. Alors que Donald Trump avait affirmé début avril que « quelque chose de vraiment monumental » pourrait être annoncé prochainement et a prétendu que 90 % de l’accord seraient bouclés, l’Administration américaine avait rapidement tempéré son enthousiasme, précisant que certains points dirimants sont encore en négociation. Le 13 mai, les États-Unis ont d’ailleurs relevé de 10% à 25% les droits de douane sur environ 5 700 produits chinois importés représentant 200 millions de dollars. Ces droits de douane supplémentaires viennent s’ajouter aux 50 millions de dollars de produits high-tech chinois déjà taxés à 25 % depuis l’été dernier. En dépit des déclarations tonitruantes de Donald Trump en avril, la guerre commerciale s’intensifie et l’escalade des tarifs douaniers semble loin d’être achevée. Les autorités chinoises ont d’ores et déjà promis des mesures de rétorsion tandis que les États-Unis ont indiqué depuis dimanche souhaiter étendre rapidement le taux de 25 % des droits de douane à 325 millions de dollars supplémentaires de produits importés de Chine.

Le pétrole, de son côté, a poursuivi son « rallye », cassant la barre des 70 dollars le baril, sur fond de violents combats en Libye qui semblent devoir perdurer et pourraient désorganiser la production du pays. Mais les tensions libyennes n’expliquent pas à elles seules ce rebond du brut. Les cours sont aussi portés par le recul volontaire de la production des quatorze pays membres de l’Opep et de leurs dix alliés menés par la Russie, destiné à soutenir les prix. L’Arabie saoudite, par exemple, a notablement refermé les vannes, avec une production inférieure à dix millions de barils en mars comme en avril. Cette stratégie a généré un environnement difficile pour les acteurs désireux de maintenir des prix plus bas, en particulier Donald Trump qui doit faire face à un prix du carburant aux États-Unis au plus haut depuis 2014.

Ce bilan contrasté ne paraît pas de nature à dessiner une tendance haussière durable, tout au moins à court terme, sur les marchés financiers. Certes les indices actions ont-ils fortement rebondi depuis le début de 2019 mais il existe, au fond, peu de moteurs à une hausse pérenne, les prévisions de croissance mondiale ne cessant de s’effriter.

À la BPBFC, cette série de constats nous incite à penser que la volatilité des marchés devrait se poursuivre dans les mois qui viennent. Elle nous semble davantage favoriser les investissements obligataires ce trimestre et engager à attendre des fenêtres d’investissement plus favorables pour revenir aux marchés actions. Dans ce contexte, la Gestion sous mandat a allégé ses positions et détient par exemple, à la mi-mai, 35 % de liquidités sur les portefeuilles dynamiques et les PEA.

Publireportage : Marc Cheynet de Beaupré, directeur de BFC Banque Privée

Marc Cheynet de Beaupré, Directeur de BFC Banque Privée. (Droits réservés)