L’usine de Black Pellets sera en service fin 2020

Au premier plan, le projet FICA-HPCI se situe sur la bioraffinerie de Pomacle-Bazancourt.

L’investissement de 100 M€ porté par Européenne de Biomasse et ses partenaires (le fonds Meridiam et la Banque des Territoires) à Pomacle-Bazancourt se concrétise. Les travaux ont débuté en vue de produire 130 000 tonnes d’un substitut au charbon.

Officialisé à l’été 2018, le projet FICA-HPCI de l’entreprise Européenne de Biomasse sort de terre. Sous cet acronyme signifiant Filière Industrielle Champagne-Ardenne – Haut Pouvoir Calorifique pour Industriels se cache un investissement de 100 M€ en vue de construire une usine innovante à Pomacle-Bazancourt. Ce site produira 130 000 tonnes de Black Pellet pour remplacer le charbon industriel et il sera complété par une centrale de cogénération qui produira 90 GWh d’électricité et 130 Gwh d’énergie thermique sous forme de vapeur et d’eau chaude. Pdg d’Européenne de Biomasse, Jean-Baptiste Marin rappelle que cette concrétisation fait suite à près de douze ans de recherche et développement afin d’aboutir à ce combustible destiné à remplacer le carbone fossile (charbon et gaz) : « Le Black Pellet est une énergie renouvelable, il s’inscrit dans l’économie circulaire et dispose d’un pouvoir calorifique supérieur aux granulés de bois. C’est une innovation majeure pour fournir une énergie locale et durable. Il s’appuie sur le dynamisme des acteurs forestiers dans une vision à long terme ». Techniquement, il s’agit d’un procédé breveté de vapocraquage. Le Black Pellet produit en soumettant le bois à une forte température et à une forte pression a la particularité de résister à l’eau et d’avoir une teneur limitée en poussière. 350 000 tonnes de bois issus de la filière locale dans un rayon de 150 km, serviront à alimenter l’unité industrielle. Sa dimension environnementale se complète par sa production qui équivaut au chauffage de 130 000 habitants par la production de pellets et la consommation électrique de 30 000 habitants dans le cadre de l’unité de cogénération.

40 EMPLOIS PERMANENTS

Nouvelle réussite de la bioéconomie marnaise sur le site de Bazancourt-Pomacle, au nord de Reims, où travaillent 1 200 salariés (chez Cristal Union, ADM Chamtor, ARD, Givaudan…), le projet FICA-HPCI répond aussi à des enjeux financiers. Il a en effet convaincu le fonds Meridiam qui en est le premier investisseur à hauteur de 80,5 %. « Nous gérons 73 actifs mais j’ai voulu m’investir dans ce projet compte tenu de ses enjeux environnementaux, du défi technologique, de mon intérêt pour la filière bois et de la possibilité d’avoir de l’impact. Ce projet est une tête de série industrielle qui sera réplicable en France et à l’étranger », confirme Stéphane Noirie, directeur de la gestion des actifs de Meridiam et président de FICA-HPCI.

Il ajoute que 230 000 tonnes de CO2 seront ainsi économisées par an, soit l’équivalent de 145 000 voitures. Directrice générale de Meridiam, Sandra Lagumina réaffirme ses objectifs : « Nous agissons pour les nouvelles générations, en investissant pour plus de vingt-cinq ans. Nous avons créé un fonds de 425 M€ au moment de la Cop 21 et ce projet illustre une solution concrète de remplacement du charbon ». Cette philosophie est partagée par un acteur public, la Banque des Territoires (Caisse des dépôts) qui investit à hauteur de 14,5 %. Son directeur général Grand Est, Patrick François, souligne que l’accompagnement va bien au-delà du soutien financier. « Nous avons challengé ce projet et quand nous donnons notre label, cela motive les investisseurs », estime celui qui voit dans le Black Pellet une solution d’avenir aussi pour les réseaux de chaleur comme celui de Paris qui utilise un produit similaire en provenance des États-Unis. En tant que première européenne, le projet marnais représentera une bonne alternative.

Alors que les travaux de terrassement ont débuté fin 2018 et que la première pierre a été posée le 24 avril 2019, le chantier va réunir jusqu’à 300 ouvriers. Le site emploiera 40 permanents. Son approvisionnement représente en outre 310 emplois dans la filière bois. L’unité de cogénération sera mise en service en juin 2020 et l’usine de production de pellets en octobre.

Des élus enthousiastes
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Emmanuelle Wargon qualifie « d’exemplaire et de visionnaire » le projet FICA-HPCI. Elle salue notamment le partenariat entre les services de l’Etat et les investisseurs privés pour arriver à bâtir un projet économique durable et respectant toutes les autorisations nécessaires : « Cela montre qu’il n’y a pas d’opposition entre la durabilité et la rentabilité. La transition écologique est une opportunité d’investissements, d’emplois et de création de richesse ». Avant de planter symboliquement le premier arbre du projet en sa présence, Jean Rottner, président du Conseil régional, a rappelé que « l’arbre représente la vie et la croissance » et symbolise « la liberté de s’affranchir des énergies carbonées ». Il précise que le Grand Est refuse que le charbon soit une alternative au nucléaire et estime que la bioéconomie représente une solution par rapport aux fermetures programmées de la centrale nucléaire de Fessenheim (Alsace) et celle de charbon de Saint-Avold (Lorraine). « Nous pouvons être un leader de la bioéconomie en nous appuyant sur ce qui est réalisé depuis vingt ans à Pomacle-Bazancourt ». Présidente du Grand Reims, Catherine Vautrin rappelle que ce site est « un démonstrateur grandeur nature » et elle annonce réfléchir déjà au remplacement d’énergies carbonées au sein du réseau de chaleur de la collectivité. Maire de Pomacle, Anne Desvéronnières salue la combinaison « d’une industrie rentable et d’un projet éco-responsable qui respecte la qualité de vie des habitants ». Un sentiment partagé par Yannick Kerharo, maire de Bazancourt, qui souligne que « l’avenir du monde se construit sur ce territoire d’industrie ». Les porteurs du projet assurent en effet que tous les impacts ont été étudiés (utilisation de la ressource en eau, bruit, odeur, flux logistiques de circulation…).

Le Black Pellet a un fort potentiel énergétique, résiste à l’eau et limite la poussière.