L’Université de Reims-Champagne-Ardenne met en place différents scénarii pour accueillir près de 2000 étudiants supplémentaires à la rentrée 2020.
Fraîchement réélu à sa propre succession à la présidence de l’URCA, Guillaume Gellé s’apprête à vivre une rentrée pas comme les autres. « Je suis heureux que la communauté universitaire m’ait largement renouvelé sa confiance et m’ait permis d’être réélu dans cette période compliquée (les élections se sont déroulées le 20 mars, NDLR). C’est d’autant plus important que le pays affronte une crise majeure qui aura aussi des conséquences sur l’Université », souligne le président. Les circonstances liées à l’actualité vont également amener un afflux d’étudiants sur les cinq sites régionaux de l’Université, à commencer par le grand nombre de bacheliers qui va faire son entrée dans l’enseignement supérieur. « Par ailleurs, précise Guillaume Gellé, en période de crise, les étudiants ont tendance à allonger la durée de leurs études. Pour les mêmes raisons, des demandeurs d’emploi vont aussi choisir de reprendre leurs études ».
De quoi faire craindre une tension assez forte en matière d’effectifs étudiants à la rentrée, puisque l’URCA qui accueillait 28 000 étudiants en 2019 pourrait en accueillir 2000 de plus à la rentrée 2020. Cela devrait impacter de manière conséquente le budget de l’URCA, qui est en attente des décisions de l’Etat quant à la prise en charge de ces coûts supplémentaires. Quand l’Etat estime à 1600 euros le coût marginal d’un étudiant supplémentaire, l’Université l’estime à trois fois plus chère l’année en Licence. « Pour nous, il s’agit d’ajouter des groupes de Travaux Dirigés supplémentaires, avec également la question du manque d’infrastructures. L’aménagement du système ne peut passer que par des moyens financiers et humains », précise Guillaume Gellé.
La crise sanitaire a déjà produit ses effets sur le budget de l’URCA : « Je suis assez admiratif de la manière dont l’Université et les collègues ont su saisir des opportunités pour trouver des solutions aux étudiants, notamment pour transformer leur cadre de travail en une semaine seulement. Au total, la crise nous a coûté 1,9 M€ de dépenses de fonctionnement et 650 000 euros de dépenses d’investissement », souligne le président. Les recettes de son établissement, qui sont constituées de ressources propres à hauteur de 30 M€ (taxe d’apprentissage, contrats de recherches, droits d’inscription…) seront elles aussi impactées, même s’il est encore tôt pour les quantifier exactement.
« La taxe d’apprentissage, les recettes de formation et les contrats de recherche, qui sont financés par l’Etat, l’Europe, la Région ou les entreprises vont être impactés », redoute le président qui espère que les dotations de l’Etat viendront compenser ces pertes. « D’autant que nous aurons une organisation plus coûteuse, due aux contraintes sanitaires ». L’université prépare d’ailleurs une rentrée selon trois scénarii (jaune, orange et vert) sur ses cinq sites et n’exclut pas d’être partiellement confinée. « On se prépare à cela et on développe notre capacité d’adaptation », souligne Guillaume Gellé.
Le projet Bioeco Academy lauréat du PIA
Le projet Bioeco Academy porté par l’Université de Reims-Champagne-Ardenne a été retenu parmi les 12 projets issus de l’appel à projet « Campus des métiers et des qualifications » de l’action « Territoires d’innovation pédagogique » du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA). « Ce projet vise à former nos étudiants aux métiers de demain dans la bioéconomie, du CAP jusqu’au Doctorat. Notre idée c’est d’être une référence, une étape incontournable sur la carte française et européenne des métiers de la bioéconomie », souligne Guillaume Gellé, le président de l’URCA.
Le projet Bioeco Academy vise à développer les formations émergentes et à mieux accompagner les publics du secteur de la bioéconomie, de valoriser cette dernière à l’échelle régionale et de se positionner comme référent au niveau européen. Il s’appuiera notamment sur une démarche collaborative entre les établissements de formation (allant du collège au bac+8) et de recherche, en partenariat avec les collectivités territoriales, la région académique Grand Est et les acteurs du tissu socio-économique local.
Objectif : créer et construire un véritable campus de référence sur la bioéconomie, s’articulant autour de 3 grandes orientations : faire connaître et valoriser le secteur de la bioéconomie et des biotechnologies industrielles pour favoriser une orientation active des apprenants; développer l’ambition des apprenants et encourager l’élévation du niveau de qualification ; améliorer l’insertion professionnelle. À ce titre, l’URCA bénéficiera d’un financement par l’Etat permettant la mise en œuvre du projet.