L’UMIH prend son bâton de pèlerin

Pour Patrick Jacquier et Laurent Duc, respectivement président de l’UMIH Côte-d’Or et de l’UMIH France, il s’agit de lutter non pas contre l’économie collaborative mais contre les investisseurs qui ont fait de la location de meublés un commerce. (Droits réservés)

Le président du syndicat professionnel l’UMIH en personne, s’est rendu à Dijon le 27 mai pour réaffirmer un objectif très clair : faire appliquer la loi aux collectivités, sur fond de para-hôtellerie.

En France, un hôtel ferme chaque jour et ce, depuis dix ans, à cause de la montée en puissance du commerce de meublés touristiques. Le chiffre avancé par Laurent Duc, président national de l’UMIH lors d’une réunion à Dijon le 27 mai, permet de pointer du doigt une concurrence qualifiée de déloyale par la profession et qui gangrène toute une filière ces dernières années. « On est passé de 25 000 à 18 000 hôtels en France à cause de la location touristique qui est tout sauf de l’hôtellerie », soutient Laurent Duc. Dans le collimateur du président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), qui milite depuis plusieurs années pour une réglementation, les locations de meublés à la nuitée – que l’on retrouve sur des plateformes de réservation, Airbnb en tête – qui n’ont encore aujourd’hui pas les mêmes obligations ni charges que l’hôtellerie.

À BEAUNE, C’EST PIRE

De l’équité, de la transparence et une application pure et simple de la loi, voilà ce que réclament l’UMIH. « Nous voulons que ces meublés soient encadrés par un numéro d’immatriculation mais aussi par la mise en place par les collectivités des changements d’usage*, ce qui est obligatoire depuis deux ans, dans les villes de plus de 200 000 habitants ou dans lesquelles le logement est en tension », détaille Laurent Duc.

L’UMIH souhaite en cela lutter non pas contre l’économie collaborative et « les gens qui louent leur appartement en leur absence – mais contre ceux qui en ont fait un commerce avec des appartements fantômes ».

Aujourd’hui, à Dijon, 35 % des annonces de meublés touristiques sont disponibles à la location plus de six mois par an, et 18 % de loueurs sont multi-propriétaires sur Airbnb contre 12 % en moyenne en France. « À Beaune, c’est pire, avec 28 % de loueurs multi-propriétaires », lâche le président de l’UMIH. L’association entend lutter contre ces investissements massifs qui vident selon elle les centres-villes de leurs logements, entraînent des nuisances et poussent les gens hors des agglomérations. Dramatique pour le recrutement de la filière hôtellerie en plus, ajoute Patrick Jacquier, président de l’UMIH21. Le changement d’usage serait alors la solution. Il n’est pour l’instant mis en place ni à Beaune ni à Dijon. Pourtant, calcule l’UMIH, il permettrait de réguler le marché de la location et de la vente, d’augmenter les finances de la ville grâce à la collecte de la taxe de séjour et in fine, de préserver les emplois dans l’hôtellerie. Un cercle vertueux que l’UMIH compte bien faire appliquer. Elle a pris son bâton de pèlerin pour aller prêcher la bonne parole dans les grandes villes de France. À Dijon, François Rebsamen s’était engagé le 1er avril, lors de l’assemblée générale de l’UMIH 21 à « prendre rapidement des mesures réglementaires ». Dont acte.

*La procédure de changement d’usage du bien loué est une autorisation préalable temporaire donnée par le maire ou la préfecture qui concerne les loueurs dont les meublés sont loués de manière répétée pour de courtes durées à une clientèle de passage.