«L’U2P se retrouve dans la question de la fracture territoriale»

Christophe Desmedt est artisan coiffeur dans l'Yonne. Il préside U2P Bourgogne Franche-Comté depuis 2017.

En février, l’U2P régionale a organisé avec la Saône-et-Loire et le Doubs deux réunions dans le cadre du Grand débat des entreprises de proximité. Christophe Desmedt, président de l’organisation patronale régionale revient sur le contexte de ces échanges.

Le Journal du Palais. L’U2P a récemment organisé deux grands débats, à Besançon et Chalon-sur-Saône. Pouvez-vous nous rappeler ce que regroupe cette organisation ?

Christophe Desmedt. L’U2P est constituée de quatre organisations professionnelles : la Capeb, la CGAD (alimentation de détail), la Cnams (artisanat des métiers et des services) et l’UNAPL (professions libérales).

Pourquoi avoir choisi d’organiser ces débats, alors qu’en parallèle, vous étiez aussi partie-prenante dans ceux qui ont eu lieu en Côte-d’Or, avec le Medef, la CPME, la CCI et la Chambre de métiers et de l’artisanat ?

L’idée était de permettre à chaque territoire où se trouve l’U2P de faire remonter ses réflexions et propositions dans le cadre du grand débat.

Qu’est-ce qui remonte de ces débats, parmi vos adhérents ?

Il ne faut pas oublier que sur le mouvement des gilets jaunes, on a retrouvé beaucoup de commerçants, d’artisans, de petits chefs d’entreprise, un peu exaspérés par les conditions dans lesquelles ils exercent leur travail. Avec notamment une charge fiscale de plus en plus lourde sur leurs entreprises. Les blocages liés aux gilets jaunes ont eu également une forte incidence sur l’activité de nos ressortissants. L’U2P se retrouve dans la question de la fracture territoriale. Nos ressortissants, notamment les commerçants, ont dû faire face, depuis plus de 30 ans, au développement des zones commerciales à la périphérie des villes, et maintenant au e-commerce. De ce fait, il n’est pas anormal qu’on ait pu retrouver certains de ces professionnels sur les ronds-points. Mais je pense que beaucoup se sont démobilisés face à la tournure prise par les évènements depuis novembre. Ce qui ressort de nos réunions, c’est l’attente forte d’une équité fiscale. Nous sommes aussi très attentifs aux réformes concernant l’assurance-chômage, ou les retraites. Les gens veulent une vraie promotion des métiers et des savoir-faire, redonner une appétence au travail.

Quelles propositions ont pu émerger de vos débats ?

Il y a une forte préoccupation sur l’industrialisation de métiers artisanaux à la base, tels que la boulangerie, mais aussi sur l’autoentrepreneuriat.

Il y a aujourd’hui une volonté gouvernementale de relancer les centres-villes. Comment analysez-vous ce fait ?

L’U2P est très sensible à cette volonté de revitalisation et de redynamisation des centres-villes. Nous sommes force de proposition par rapport à cela. Nous constatons aussi le recul des services publics dans les petits centres-bourgs. En termes d’économie, cela a un impact. Le commerce de proximité sert de lien social. Si ces centres-villes se diversifient, le maintien de cette activité économique sera difficile. Il faut une vraie politique fiscale, notamment pour rendre la taxe foncière ainsi que des loyers abordables. Il faut faire de la pédagogie et retrouver de l’équilibre sur ces questions. La grande distribution peut créer dix emplois mais, en parallèle, elle va peut-être contribuer à en détruire quinze, qualifiés.