L’Odyssée d’engrain, la belle aventure des blés anciens et des pâtes locales

Une douzaine d’agriculteurs redonne vie à des variétés de blés anciens pour fabriquer d’excellentes pâtes biologiques artisanales.

Aux confins du Gers, des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Garonne, un groupe d’agriculteurs cultive, depuis plus de 20 ans, des variétés abandonnées de blés anciens. « Nous avons réintroduit des semences paysannes qui offrent peu de rendement mais qui ont des qualités nutritives très intéressantes et qui s’adaptent parfaitement aux terres du piémont pyrénéen et aux contraintes climatiques, explique Éric Marie, à la fois paysan et boulanger à Monleon Magnoac, dans les Hautes-Pyrénées. C’est une façon de se réapproprier les productions locales et de ne plus dépendre des variétés imposées par les multinationales. »

Ces passionnés du terroir aiment faire pousser de la qualité. Ils ont cherché comment valoriser ces blés retrouvés et une idée a germé : fabriquer des pâtes bio en circuit court. Une douzaine d’agriculteurs s’est lancée dans l’aventure en créant, en 2014, l’Odyssée d’engrain, une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic). Un projet soutenu par la Communauté de communes du pays de Trie et du Magnoac, le Groupement en agriculture biologique des Hautes-Pyrénées (GAB 65), la plateforme d’économie sociale et solidaire IéS et la Région.

« Dans les réseaux de magasins bio, les produits viennent souvent de loin. Nous avons fait le pari de produire de la farine à partir de nos blés et de fabriquer nous-mêmes des pâtes artisanales, raconte Eric Marie, gérant de la coopérative. C’est une façon de diversifier les productions de chaque exploitation et de créer des compléments de revenus. »

ÉQUILIBRE ET DIVERSIFICATION

D’abord hébergée à l’hôtel d’entreprises de Lannemezan, l’Odyssée d’engrain a pu s’installer dans un atelier construit à Cizos, par la communauté de communes, dont elle est locataire. « Nos pâtes produites à partir de poulard d’Auvergne et de petit épeautre, nous ont valu, dès le début, un retour exceptionnel tant sur le goût que l’aspect qualitatif. Nous avons dû apprendre le métier d’entrepreneur et développer les circuits de distribution, c’est une formidable aventure humaine, rendue possible grâce au travail conjoint des coopérateurs et des bénévoles. »

Aujourd’hui, la Scic compte 80 sociétaires, producteurs, citoyens et collectivités. L’entreprise a créé trois emplois, réalise 120 000 € de CA et fabrique 20 tonnes de pâtes par an, commercialisées dans tout le Sud-Ouest, auprès des magasins bio, des Amap ou sur les marchés. La farine est produite par un coopérateur minotier de Péguilhan, en Haute-Garonne et l’ensachage réalisé sur place.

Après cinq ans d’existence, l’entreprise vient d’atteindre l’équilibre et va pouvoir mieux rémunérer les producteurs de blé. « Le but n’est pas le profit, mais de permettre aux agriculteurs de valoriser leur savoir-faire et de montrer qu’il est possible de faire leur métier autrement, de manière plus saine et plus responsable. »

Désormais, place aux projets pour l’entreprise qui vient de se doter d’un nouveau moulin, agrandit l’atelier et veut embarquer de nouveaux sociétaires pour élargir la gamme avec du boulgour, du couscous, maïs, lupin, lentilles, ou du müesli sans chocolat mais aux fruits de la région. La belle odyssée continue.