L’investissement record du budget du Grand Est bénéficie des plans de relance

Jean Rottner à propos des déclarations de Jean Castex : « Si l’Etat souhaite donner plus de compétences à l’Alsace, c’est son problème. Je m’assurerai qu’aucune compétence de la Région ne soient transférée à l’Alsace. »

Porté à 1,15 milliard d’euros, la part de l’investissement opérationnel approche les 34% du budget prévisionnel 2021 de la Région, notamment au service des mobilités, de la jeunesse, de l’emploi et de la formation.

Faire du Grand Est une région robuste structurellement, à la pointe des grandes transitions, industrielles, écologiques, énergétiques et numériques, exemplaire en France et en Europe, porteuse d’avenir pour tous ses habitants et territoires, ainsi se résume la présentation du Budget Primitif 2021 de la Région. 

Deux aspects essentiels marquent ce BP : un niveau d’engagement financier record pour assurer la relance et la reconquête et un niveau d’investissement jusqu’ici jamais atteint pour restaurer la confiance et refonder l’avenir. Chiffrée, cette ambition se traduit par un budget de 3,4 Mds€, en hausse de 7,4% et un investissement opérationnel de 1,15 Md€, en progression de 25,2% et pesant près de 34% de l’ensemble des dépenses annoncées pour 2021. 

UN BUDGET VERT ET INNOVANT 

Ce budget est construit à partir d’une triple approche : des dépenses analysées dans leur impact sur l’environnement, des dépenses soumises à une évaluation climat et biodiversité, des dépenses non figées par ces enjeux primordiaux. Le rapport de présentation mesure l’exemplarité du Grand Est : « La première Région à s’engager dans cet exercice innovant pour la totalité de son budget »

En soulignant trois chantiers d’envergure, la rénovation énergétique des bâtiments, le parcours d’accompagnement des entreprises et la stratégie d’anticipation des impacts du changement climatique, la Région, entre autres annonces, évoque le lancement d’un programme de prêts participatifs de long terme à hauteur de 500 M€ pour les entreprises porteuses de projets de croissance et la création d’un Pacte territorial de relance et de transition écologique en remplacement des différents contrats locaux existant. 

L’EMPRUNT ET LES FONDS EUROPÉENS GONFLENT LES RECETTES 

Avec une nouvelle fraction attribuée aux Régions en remplacement de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises, la TVA (près de 1,1 Md€) est la première ressource du budget régional, loin devant la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques (415,8 M€). 

Cette dernière, étroitement liée à la consommation carburant des ménages et des entreprises, a fait l’objet d’un prévisionnel en baisse de 6%, tout comme les recettes tirées des certificats d’immatriculation (167 M€) estimées en baisse de 7%. Les fonds européens (340 M€, dont 83% destinés aux investissements) occupent la troisième place des recettes et sont en progression de près de 37% comparativement au BP 2020. On trouve encore dans les grands postes des recettes la formation professionnelle (203 M€) en hausse de 46%, les dotations de l’Etat (241 M€), en hausse de 20%. 

L’investissement opérationnel, financé par l’Etat (Plan de relance), l’Union Européenne et les fonds propres de la Région, nécessite un emprunt de 476,3 M€, soit une progression de près de 35%. La part de l’emprunt dans le budget total passe de 11 % au BP 2020 à 14 % au BP 2021. 

55% DES DÉPENSES POUR LES MOBILITÉS, LA JEUNESSE, L’EMPLOI ET LA FORMATION 

Regroupés par priorités, les chapitres mobilité d’un côté et jeunesse, emploi et formation d’un autre, couvrent plus de 55% des dépenses de la Région. On y trouve 984 M€ pour la modernisation du réseau régional de transports de voyageurs, le développement des grands réseaux de transport, la qualité des services et l’intermodalité et 913 M€ pour l’accès à l’emploi, les lycées et leur transition numérique, les métiers du sanitaire et social, l’orientation et la promotion des métiers. Ensemble, le financement de ces deux priorités progresse de 7%. 

L’attractivité (337,7 M€) concerne une quinzaine de chapitres dont la modernisation de l’industrie, la compétitivité de l’agriculture, l’agroalimentaire et la filière bois, l’enseignement supérieur et la recherche, le développement économique, la culture, le rayonnement international, l’internationalisation des entreprises. Cette priorité voit son budget progresser de près de 26%. 

Le chapitre territoires et proximité bénéficie de 295 M€, un budget en hausse de 32,5%, dans lequel figure, notamment, le développement durable et l’équilibre des territoires, la transition énergétique, les économies en ressources, ou le développement des usages numériques. La Région diminue de 5% ses dépenses de fonctionnement structurel (621 M€). 

UNE PRÉSENTATION TRANSVERSALE DES GRANDES PRIORITÉS 

Vraisemblablement gênés par la transversalité de la présentation du BP, une quarantaine d’objectifs stratégiques présentée en cinq priorités, puis débattue au travers des rapports de quinze commissions, certains élus se sont lancés dans la critique des baisses de financement en direction de l’économie ou de la jeunesse. En fait de baisse, sur les cinq priorités, une seule « Ressources et moyens », concernant surtout le fonctionnement de la Région, est en baisse. En cette période de perspectives aléatoires, les certitudes des intervenants de l’opposition ont été dans l’ensemble plutôt modérées. 

Modérée, la cheffe de file du RN le fut. Entre « Le Grand Est, ce n’est pas la Corée du Nord » et « Joe Biden à Strasbourg », Virginie Joron a fait sa campagne électorale, tout en reprochant au Président Rottner son rôle d’animateur de télévision et en se prenant les pieds dans la baisse des moyens en faveur des jeunes et du tourisme. Pernelle Richardot (groupe Socialiste) est passée de la suffisance du Premier Ministre dans l’affaire de l’Alsace, aux remerciements envers Jean Rottner qui fait ce qu’il peut, mais qui aurait pu faire encore mieux dans les choix budgétaires, avant de conclure : « Le Grand Est ne doit pas être une collectivité de gestion »

Pour le groupe Les Patriotes, Florian Philippot s’est dit plutôt en phase avec certaines actions de la Région, avant lui aussi de revenir sur le budget alloué à la politique du chapitre Jeunesse : « Les jeunes, les étudiants, leur insertion, l’état déplorable de leur moral et de leurs moyens d’existence ». 

Evidemment, pour le groupe Alsace et Territoires, Justin Vogel a dit tout le bien qu’il pense de la Collectivité Européenne d’Alsace : « Une avancée fantastique, une garantie d’ouverture… Inspirez-vous de ce que fait l’Alsace ». Corinne Kaufmann, pour le CNIP, a plaidé la cause des restaurateurs, des cafetiers et des entrepreneurs indépendants et Christophe Choserot, pour les Progressistes, a redit l’absence d’une véritable politique des territoires de la région : « Vous faites du hors sol » et a également cité une baisse du budget Jeunesse. 

JEAN ROTTNER, RÉFLEXIONS SUR LE BUDGET, L’ALSACE ET LES ÉLECTIONS

Le Président de la Région Grand Est, en conférence de presse comme en séance, s’est exprimé sur le Budget Primitif 2021 et sur l’actualité politique. Sur le BP, il avance un budget aussi extraordinaire par ses moyens financiers qu’inédit dans sa méthodologie : « Nous sommes la première Région à lancer une évaluation constante de notre budget. Nous évitons tout ce qui n’est pas performant pour l’écologie, nous surveillons nos choix et nous les évaluons ». Sur les déclarations polémiques du Premier Ministre, critique sur les nouvelles régions issues de la Loi de 2015, et saluant la soif de compétences supplémentaires de la CEA, Collectivité Européenne d’Alsace, Jean Rottner répond : « Je suis le garant de l’unité régionale. Je me battrais avec force pour notre région ». Et sur le sujet, il poursuit : « Je reste logique. J’ai accompagné la création de la CEA, une collectivité qui ne se fera pas sans le Grand Est. J’ai signé et j’assume. Je respecte la loi » et va plus loin : « Si l’Etat souhaite donner plus de compétences à l’Alsace, c’est son problème. Je m’assurerai qu’aucune compétence de la Région ne soient transférée à l’Alsace ». Quant au nouveau report des élections régionales, vraisemblablement après les élections présidentielles, Jean Rottner remarque : « La campagne qui m’intéresse c’est la campagne vaccinale. La nécessité d’une respiration démocratique ? Oui, mais dans les conditions actuelles, avec quel taux d’abstention ? » Pour le Président du Grand Est, si les conditions le permettent, ces élections doivent se tenir le plus vite possible. Dans le cas contraire, « 2022 est aussi envisageable »