Bruno FlanL’industrie est son chemin

C’est dans un contexte compliqué que Bruno Flan est arrivé à la tête de Platinium 3D.

Fort de 25 années d’expérience dans l’industrie du grenaillage chez Wheelabrator, il est devenu à 51 ans le directeur de Platinium 3D, le 16 mars 2020, jour du premier confinement.

Né à Hazebrouck dans le Nord, Bruno Flan a vécu sa jeunesse à Haverskerque, une commune située à quelques encablures de là. Fils d’un ouvrier de la féculerie Roquette Frères implantée à Lestrem (Pas-de-Calais) et d’une mère au foyer, il a, comme beaucoup de « Ch’timis », passé sa jeunesse en jouant au football avant de s’orienter vers l’arbitrage à l’âge de 16 ans, « un autre aspect de cette passion »

Il fera aussi beaucoup de VTT avant de s’adonner à la course à pied (10 km, semi et marathon), discipline qu’il continue d’exercer à travers le trail pour lequel il dispose « d’un terrain de jeu exceptionnel en forêt, aux portes de Charleville-Mézières. Je consacre une heure et demie trois fois par semaine et cinq heures le week-end à ce sport extrême », confie-t-il. 

25 ANNÉES CHEZ WHEELABRATOR 

Passé par le lycée technique d’Armentières, reconnu à l’époque comme un des meilleurs établissements de France et muni du bac E (maths, physique, technologie avec apprentissage de la fonderie et du tournage, fraisage et ajustage), Bruno Flan franchit les portes de l’université de Reims où il obtient, une licence et une maîtrise de physique ainsi qu’ un DESS Analyse et traitement de surface. 

Après un passage obligé au 15 Régiment d’Artillerie de Suippes, il recourt « à l’intérim et au système D pour effectuer différentes missions à droite, à gauche, comme ouvrier dans diverses entreprises, informaticien à la SNCF et maître auxiliaire dans l’enseignement. Ce qui m’a permis d’avoir des retours d’expérience toujours positifs », souligne-t-il. 

Il passe même une agrégation de physique avant d’être embauché, en 1995, par Jean-Pierre Mesplede chez Wheelabrator, groupe international œuvrant dans l’aéronautique et l’automobile, ayant une entité à Charleville-Mézières (70 salariés). Il débute alors en tant que responsable essais dans le grenaillage, « un domaine que j’avais apprivoisé lors d’un stage au centre technique de PSA à Belchamp et qui s’est avéré utile sur mon CV »

Il commence son aventure à Charleville-Mézières collaborant avec un bureau d’études de 15 à 20 personnes avant d’évoluer, tout en restant dans le process, comme responsable recherche et développement et sous-traitance puis responsable innovation. 

« Durant ces 25 ans où j’ai connu deux autres dirigeants, Dominique Schwab et Yves Dufour, j’ai eu de gros challenges à relever et l’occasion de beaucoup voyager en allant de nombreuses fois aux Etats-Unis, au Canada, en Inde, en Corée ou encore en Malaisie, découvrant ainsi de nombreuses cultures et façons de travailler. » 

Convaincu qu’un poste de direction était dans ses cordes, Bruno Flan arrive à la tête de Platinium 3D dans une période compliquée, le 16 mars 2020, jour du premier confinement. À 51 ans, il chapeaute une équipe de cinq personnes : un conseiller scientifique, un responsable technique, deux ingénieurs R&D, et un alternant ingénieur de l’EiSINe. 

Impulsée en 2015 par l’UIMM, cette plateforme scientifique et technologique dédiée à la fabrication additive et dotée d’un parc machines de 3,5 millions d’euros, valorise une technique qui consiste à créer des pièces à partir d’un fichier numérique par ajout de matière. 

« Nous accompagnons les entre- prises sur une industrie du futur non intégrée chez elles en leur apportant notre expérience. Nous disposons de six technologies différentes plastiques ou métalliques.» Cet écosystème, devenu une association après avoir été un consortium, est réparti au sein du CRITT-MDTS, du Fablab de l’école d’ingénieurs EiSINe et du campus des métiers de l’UIMM dont font partie le CFAI et le Lycée Bazin. 

« En accompagnant les entreprises du conseil jusqu’au transfert technologique, Platinium 3D est un bijou qui a beaucoup de capacités et de potentiel et encore beaucoup de choses à prouver. On réalise pour les industriels des prototypes, des pré-séries et des séries en espérant amener les entreprises à implanter cette technologie dans leurs usines afin qu’elles soient autonomes. On a déjà fait des démonstrateurs et des prototypes pour une vingtaine d’entres elles »

L’exemple typique est Cycleurope à Romilly-sur-Seine, dans l’Aube pour qui Platinium a réalisé un vélo complet en fabrication additive plastique. Aujourd’hui, les dirigeants de la PME auboise ont acheté l’équipement et vont ainsi devenir indépendants. Dans les Ardennes, les exemples de transferts de technologie liés au rechargement d’outillage de formes concernent Raymond Barré, Forgex, Forge France, Bourguignon Barré, Thiriet, Les Forges Courcelles et Walor qui améliorent ainsi la durée de vie de leurs outillages tout en gagnant en rentabilité. 

UN INVESTISSEMENT EN COURS DE 2 MILLIONS D’EUROS 

En pleine montée en puissance, Platinium 3D qui réalise un chiffre d’affaires de 600 000 euros avec ses six technologies high-tech de fabrication additive purement industrielle, s’apprête à investir 2 millions d’euros dans des équipements dernier cri qui vont l’ouvrir à l’hybridation. Cette activité évoluant très rapidement, la structure ardennaise s’est d’ores et déjà positionnée sur l’acquisition, en 2021, de trois nouvelles machines : le Binder Jetting pour prétendre faire de la petite pièce complexe de série, une installation à fil high-tech et une machine polyvalentee post-traitement de polissage de pièces. Une extension de 500 m2 est par ailleurs prévue sur le Campus des métiers en lieu et place de l’actuel atelier de chaudronnerie et soudure. 

« On sera alors en mesure d’aider un maximum d’entreprises à transplanter la 3D dans leurs usines. En s’appropriant notre technologie, 3D Métal Industries a été la première à se positionner en production en réussissant à fédérer plusieurs fondeurs. Et on compte bien arriver à faire émerger une seconde entité qui ne ferait que du rechargement. » 

Avec un budget de fonctionnement de 3 millions d’euros sur quatre années, Platinium 3D qui avait démarré avec 80 % d’aides doit, à l’horizon 2023, devenir autonome avec un point d’équilibre à hauteur de 50 %. 

Parcours

1969 Naissance le 5 mai à Hazebrouck.
1995 Embauché chez Wheelabrator Group à Charleville-Mézières en tant que responsable essais.
2008 Change de fonction et devient responsable R&D et sous-traitance avec, à la clé, de gros projets de développement.
2019 L’atteinte d’un objectif sportif avec une participation au 100 km de l’Ardennes Méga Trail avec 5 000 mètres de dénivelé positif à Hautes-Rivières.
2020 Le 16 mars, il devient directeur de Platinium, le jour même de l’annonce du confinement.