L’impression 3D prête à révolutionner l’industrie pharmaceutique

Mehdi Sellami conçoit une imprimante 3D capable de fabriquer des comprimés, notamment en combinant plusieurs médicaments dans un seul cachet pour faciliter la vie des patients. (Photo : droits réservés)

Une start-up souhaite conçoit une imprimante 3D capable de fabriquer des médicaments.

Déjà créateur de 3D MorphoZ, spécialiste de l’impression 3D qui propose ses services pour accompagner les professionnels dans l’utilisation de cette technologie et produire des pièces, Mehdi Sellami lance un nouveau projet. Docteur en immunologie, l’entrepreneur va lier ses compétences scientifiques et technologiques pour créer « AugmentƎd Pharm » : « En 2015, un premier médicament fabriqué grâce à l’impression 3D a été mis sur le marché aux Etats-Unis, avec pour avantage de se dissoudre plus rapidement qu’un comprimé classique. J’ai réfléchi à ce qui pouvait être fait et j’estime pouvoir proposer une technologie plus intéressante permettant d’effectuer des dosages personnalisés et de combiner plusieurs médicaments dans un seul cachet ».

RÉDUIRE LE NOMBRE DE COMPRIMÉS INGÉRÉS

Après avoir constitué une équipe d’associés réunissant des compétences en médecine, ingénierie et règlementation, il va lever des fonds pour financer la recherche et le développement (durant dix-huit mois) d’un prototype pour, à terme, proposer une imprimante 3D aux pharmacies hospitalières et aux laboratoires. « L’industrie pharmaceutique peut être intéressée par l’apport d’une solution automatisée », estime-t-il. Les médicaments sous forme orale solide sont ainsi concernés par ce mode de fabrication qui représente de nombreux avantages selon lui. « Dans le cadre de la silver économie, nous savons que les seniors sont de plus en plus nombreux à avoir des polypathologies. Certains doivent prendre une vingtaine de médicaments par jour », cite-t-il en exemple. Grâce à la fabrication additive, il sera possible non seulement de réduire le nombre de comprimés mais aussi de mieux identifier leurs interactions et donc de réduire les effets indésirables. « Cela apporte du confort de vie et lutte contre la iatrogénie médicamenteuse (conséquences négatives d’un traitement) », souligne en effet Mehdi Sellami qui entrevoit également des économies pour la sécurité sociale.

Le créateur se veut confiant quant à la solution qu’il développe, qu’il juge meilleure que celles qui existent à l’étranger (Etats-Unis et Angleterre) ou que les projets du groupe Sanofi. « La France reste un petit marché du médicament, mais si nous obtenons les autorisations ici, cela sera facile d’aller vite à l’international ». Implanté au Village by CA de Bezannes pour 3D MorphoZ, accompagné par Innovact dans son nouveau projet, Mehdi Sellami est actuellement en discussions avec d’autres structures spécialisées pour lui ouvrir des portes. « Innovact m’a apporté un regard extérieur, grâce aux experts du réseau Semia. Même si j’ai déjà l’expérience de l’entreprise, c’est intéressant de se remettre à niveau. Il y a aussi la possibilité d’obtenir une bourse de 30 000 € », apprécie-t-il. Et dans la course à l’innovation, « AugmentƎd Pharm » est accompagnée par Bpifrance et le Conseil régional Grand Est et recherche actuellement des investisseurs.