L’impact mondial, national et local de l’Université de Reims Champagne-Ardenne

L’URCA a commandé une étude globale sur son impact économique. Les résultats dévoilés par le président Guillaume Gellé laissent apparaître une Université tournée vers le monde sans délaisser ses territoires d’implantation.

Cinquième employeur de l’ex-Champagne-Ardenne avec pas moins de 2 464 personnels répartis sur 12 sites et plus de 28 000 étudiants chaque année, l’Université de Reims Champagne Ardenne (URCA) rayonne indéniablement sur son territoire. Mais quel est l’impact réel de son activité (achats, travaux…) et de celles et ceux qu’elle attire (employés, étudiants, partenaires) sur son territoire d’influence et au-delà ? Pour le savoir, Guillaume Gellé, son président, a demandé au cabinet Utopies de réaliser une étude d’impact. « Nous avons voulu, à travers cette étude, quantifier ce rôle de l’université pour objectiver un certain nombre d’indicateurs et afin d’éclairer aussi les décideurs locaux sur l’utilité de soutenir leur université et d’investir dans cette université. C’est une étude qui amène aussi des questions en termes de stratégie de développement de l’enseignement supérieur ».

Autrement dit, si elle doit convaincre les acteurs locaux, l’étude doit aussi servir à alimenter des réflexions plus globales sur la place des universités dans le système économique, social ou sociétal.

UN IMPACT DE 818 MAU NIVEAU MONDIAL

Conduite sur l’année 2019, l’étude a été menée grâce à Localfoodprint, un outil de modélisation du fonctionnement de l’économie. Après avoir quantifié les flux monétaires injectés par l’URCA ou ses parties prenantes dans l’économie (salaires, fiscalité, achats, dépenses des étudiants), le cabinet Utopies s’est appliqué à regarder comment l’économie des territoires réagit quand on injecte ces euros puis traquer les dépenses une à une par secteur d’activité et par territoire pour voir comment elles stimulent l’économie locale et circulent dans le territoire. Quatre types d’impacts différents ont été étudiés : les impacts directs (employés de l’URCA), indirects (chaîne de fournisseurs, prestataires), induits (dépenses des ménages et des administrations publiques) et catalytiques (consommation des 28 000 étudiants).

Deux types de résultats peuvent alors être analysés : les impacts en termes d’emplois et en matière de création de richesse (à travers le PIB généré). « Le PIB décline toute la richesse en fonction de toute la chaine de fournisseur. C’est important puisque quand on va parler de valeur ajoutée sur le territoire, on va regarder réellement la valeur ajoutée sur ce territoire et pas uniquement regarder le chiffre d’affaires créé à partir d’un achat rémois », souligne Guillaume Gellé, prenant l’exemple de l’achat d’un ordinateur sur le territoire, dont la richesse créée s’étend du fournisseur local jusqu’à son fabricant à l’autre bout du monde.

En termes de flux injectés dans l’économie, l’URCA injecte donc chaque année 35,9 M€ d’achats, dont 11,9 M€ ont été dépensés auprès de fournisseurs présents dans le Grand Est et 9,3 M€ chez des fournisseurs du territoire de Champagne-Ardenne. 32% de ces achats effectués auprès de fournisseurs français sont effectués dans le secteur du commerce, 10% dans le BTP et 9% dans le consulting. En ce qui concerne la masse salariale, l’URCA dépense également (et donc injecte dans l’économie) chaque année 162,9 M€ en ressources humaines et 277 000 euros de fiscalité. « La valeur ajoutée de l’université de l’URCA est de 818 M€ de PIB au niveau mondial dont 517 M€ en France et 49% en région Grand Est ».

C’est au niveau de l’emploi que viennent aussi les plus grands enseignements de cette étude. En effet, 19 590 emplois (ETP) sont soutenus par l’URCA dans le monde (hors emplois étudiants) dont 10 373 sur le territoire français. 63% de ces emplois soutenus le sont sur le territoire du Grand Est et 42% dans l’aire urbaine de Reims.

Selon l’étude, l’impact en emplois de l’URCA dans l’économie mondiale est ainsi 8,4 fois supérieur à son impact direct. Autrement dit, pour un emploi direct de l’Université, 8,4 emplois supplémentaires sont soutenus dans l’économie mondiale. Un impact international qui a surpris le président Gellé, notamment au nouveau du nombre de pays concernés par la chaine de fournisseurs de l’URCA « L’Université a un impact production de 1 981 M€ au niveau mondial soit 10 euros générés par euro dépensé », précise-t-il. Les secteurs de la santé, de l’éducation et du social bénéficient de 21% des emplois soutenus par l’URCA dans le monde. Le secteur du commerce est le second secteur le plus impacté en termes d’emploi (10%), suivi par le secteur de l’agriculture et de la pêche (9,5%).

142 MDE PIB SUR L’AIRE URBAINE DE REIMS

Au niveau national l’impact de l’URCA en termes d’emplois est quant à lui de 4,5 (pour un emploi direct de l’URCA), soit 10 373 emplois soutenus. Un chiffre qui ne comptabilise pas les emplois étudiants. « Nos étudiants génèrent 5 192 emplois ETP au niveau national », précise Guillaume Gellé. Par ailleurs, 4 634 étudiants de l’URCA exercent une activité rémunérée au cours de l’année. Ceux-ci n’ont pas été pris en compte dans l’étude en raison du type de contrat de très courte durée. La consommation annuelle totale des étudiants est estimée à 292 M€, dont 255 M€ (87%) est réalisée auprès de fournisseurs français. L’Université contribue quant à elle à créer 517 M€ de PIB en France : 34% grâce au fonctionnement de l’URCA et 66% via la consommation des étudiants. Pour chaque euro investi dans le budget de fonctionnement de l’URCA (achats, fiscalité et masse salariale), 2,6 euros sont ainsi créés sur le territoire français. La santé, l’éducation et le social bénéficient de 40% des emplois soutenus par l’URCA, devant le commerce (11%), l’immobilier (10%) et le BTP (6%).

Dans le Grand Est, l’URCA soutient 6 537 emplois soit un emploi direct pour 2,8 soutenus, avec un impact de 255 M€ en terme de PIB. L’impact production est quant à lui de 792 M€ soit 5,1 euros générés localement pour un euro dépensé.

Enfin, sur le territoire local, l’impact de l’Université est lui aussi indéniable avec 142 M€ de PIB générés et 512 M€ d’impact production. « Pour un euro dépensé, 4,2 euros sont générés localement », note Guillaume Gellé, dont l’établissement effectue 6,1 M€ d’achats et injecte 116 M€ en masse salariale au niveau local. Pas moins de 4 332 emplois sont ainsi soutenus par l’URCA sur le territoire rémois, dont 2605 dans le secteur de la santé, de l’éducation et du social. Au total, relève l’étude, l’URCA soutient 3,5% des emplois totaux de l’aire urbaine de Reims. « Un étudiant de l’URCA dépense en moyenne 870 euros par mois », précise le président.

UNE INCITATION À INVESTIR DANS L’UNIVERSITÉ

Si Reims concentre 80% des étudiants de l’Université, celle-ci est présente sur 12 sites dans cinq villes de l’ex-Champagne-Ardenne (Reims, Châlons-en-Champagne, Chaumont, Charleville-Mézières et Troyes) où elle rayonne aussi (pour un PIB de 11,1 M€) à Charleville-Mézières. Elle génère un PIB sensiblement identique à Châlons-en-Champagne (11,3 M€) pour 250 emplois soutenus, pour un effet multiplicateur de quatre. À Troyes, l’influence de l’Université est encore plus grande avec 687 emplois soutenus et 30,6 M€ de PIB. Enfin, à Chaumont , l’URCA soutient 60 emplois et génère 3,1 M€ de PIB. « L’étude permet de mieux cerner la place de l’URCA dans le paysage économique et montre l’apport majeur joué par l’université sur ses différents lieux d’implantation », souligne Guillaume Gellé.

Comme de nombreuses universités françaises, l’apport de l’URCA ne se limite pas à impact économique et sa contribution porte aussi au niveau de la dynamique du territoire en matière culturelle et sportive notamment, avec « un impact sociétal fort. Nos campus sont souvent implantés dans des quartiers périphériques, ils amènent une richesse culturelle et contribuent à faire dépasser un certain nombre de plafond de verre ».

Le président de l’Université envoie ainsi un message fort aux acteurs locaux, les collectivités bien sûr, qui accompagnent déjà l’Université dans ses projets (à hauteur de 20 euros à 90 euros en moyenne par étudiant). « Il ne faut pas oublier que les collectivités investissent beaucoup dans l’Université et soutiennent nos projets immobiliers », rappelle Guillaume Gellé, qui note néanmoins qu’elles accompagnent aussi parfois « des implantations dont la durée de vie n’est pas très longue et dont la valeur ajoutée est certes marketée mais pas mesurée ». Il s’adresse aussi aux entreprises, qui peuvent soutenir l’URCA et y investir dans une démarche de développement du territoire, notamment via sa Fondation. « Soutenir une Université ça n’est pas naturel de la part d’une entreprise. Pourtant il faut sortir du schéma selon lequel l’enseignement supérieur public n’a pas besoin qu’on l’aide puisque c’est l’Etat qui finance », insiste le président, qui résume : « Chaque euro investi dans l’Université est un euro sur lequel on capitalise ».