L’immobilier, version Roger Martin

Vincent Martin (à gauche) et Raphaël Mercusot se lancent sur la promotion immobilière avec une approche centrée sur les services, qu’ils estiment apte à faire une vraie différence sur un marché très concurrentiel. (Droits réservés)

Roger Martin Promotion est une nouvelle entité du groupe dijonnais jusque-là connu pour son activité dans les travaux publics. En s’associant avec Raphaël Mercusot, Vincent Martin aborde ce marché ultra concurrentiel en s’appuyant sur l’ambition de sortir des schémas traditionnels et avec la volonté de faire du service la pierre angulaire du projet.

Certains, en apprenant la nouvelle, ont pu se dire « Mais que vont-ils faire dans cette galère ! » tant le marché de la promotion immobilière peut paraître rude, ingrat, et déjà bien encombré. Pourtant, si un groupe tel que Roger Martin, qui n’a plus rien à prouver dans son cœur de métier (les travaux publics) décide de s’investir dans l’immobilier, ce n’est ni à la légère, ni sans y avoir mûrement réfléchi. Nous voici donc face à Roger Martin Promotion, une société tout juste sortie de l’œuf, il y a un mois. Elle n’en n’est pas sortie seule de cet œuf. La SAS matérialise en fait l’association du groupe de TP avec Vivaciti, société immobilière gérée par Raphaël Mercusot. Ce dernier et Vincent Martin, pdg du groupe éponyme, se connaissent de longue date mais c’est à l’au- tomne qu’une envie partagée de s’investir dans l’immobilier à travers une offre inédite a pris corps.

«AU-DELÀ DE NOTRE MÉTIER »

Pour Vincent Martin, cet investissement entrait en résonance avec une réflexion de long terme sur la nécessité de diversifier les activités du groupe dont il a la charge : « j’avais envie d’aller au-delà de notre métier classique. Par ailleurs, et comme toujours dans l’évolution d’une entreprise, il y a, à la base, une question d’hommes. Avec Raphaël, nous avons considéré ce que nous pouvions nous apporter mutuellement autour d’un tel projet. Nous en sommes arrivés à la conclusion qu’il y avait des choses à faire en immobilier, et que nous le ferions ensemble ». Roger Martin et Vivaciti sont associés à 50 % dans le capital de Roger Martin Promotion. « Cette association, souligne Vincent Martin, matérialise la volonté d’un engagement gagnant-gagnant et d’une mutualisation de nos compétences. Raphaël Mercusot peut revendiquer une bonne connaissance du milieu immobilier, il en est issu. Quant à Roger Martin, notre réputation et notre connaissance de la construction, au sens large, fait de nous un partenaire pertinent dans cette nouvelle société. Elle peut, par ailleurs, et dans un premier temps, bénéficier de notre service juridique ou de notre service comptable ».

Même si l’objectif premier n’est pas là, Roger Martin pourra aussi trouver dans les éventuels programmes immobiliers qui sont à naître, de quoi faire tourner une partie de son outil de travail. « Mais les deux activités sont très différentes, insiste Vincent Martin, de même que les modèles économiques. Il ne s’agit pas de tout mélanger. Nos programmes ne seront pas une chasse gardée et nous pourrons aussi être donneur d’ordres pour nos confrères ». Un mois après sa naissance, Roger Martin Promotion est
déjà engagé dans un travail actif de réflexion et de prospection, quant à des acquisitions foncières sur la métropole dijonnaise. Dans l’idéal, même si rien n’est encore conclu, l’ambition est de faire démarrer les premiers programmes immobiliers dans le courant de l’année 2020. « Nous prenons notre temps, précise Vincent Martin, parce que nous mesurons bien que, dans ce domaine, on ne peut pas faire n’importe quoi ». Une prudence qui va de pair avec le fait que la nouvelle société veut aborder le marché de l’immobilier de logement en développant un concept personnel et inédit. « Créer une entreprise de promotion immobilière, poursuit Raphaël Mercusot, était un beau projet en soi mais cela ne nous semblait pas suffisant. Nous avons une approche commune d’entrepreneurs avec la volonté d’une certaine originalité dans ce que nous pouvons proposer. Au départ, ce n’est pas une logique financière qui nous anime, mais une logique de projet. Dès la genèse, on a réfléchi à ce qu’on pouvait apporter de plus que ce qui existe déjà, avec un autre avantage : Roger Martin est une entreprise familiale, une PME avec les moyens d’un groupe ». Les deux hommes ont fait le choix de partir des besoins supposés des clients, en se mettant à leur place et en se demandant, si eux-même étaient acheteurs des futurs appartements, ce qu’ils auraient voulu y trouver. « Depuis une trentaine d’années, poursuit Raphaël Mercusot, les schémas de l’immobilier ont surtout été marqués par la nécessité de suivre des réglementations, notamment en matière de performance énergétique, mais j’ai le sentiment qu’on a laissé de côté bon nombres d’autres attentes, et notamment en matières de services ».

RÉINVENTER LA CONCIERGERIE

Le mot est lâché : c’est bien la notion de service qui devrait former la colonne vertébrale des projets à venir de Roger Martin Promotion. Cela passerait par une réintroduction de la notion de conciergerie dans les futures résidences, afin de combler de multiples besoins en petits et grands services. Un concept déjà existant dans les résidences services seniors ou celles destinées aux étudiants, mais inédit sur des résidences classiques. « On veut réinventer le concept de conciergerie du XXIe siècle, explique Raphaël Mercusot et l’adapter à nos projets, en prenant évidemment en compte sa faisabilité économique. On pourra y rattacher des questions liées à des besoins à combler en matière de sécurité, mais aussi sur des choses que nous n’avons pas le temps de faire dans la journée, comme, par exemple, aller récupérer un recommandé… Nous allons expérimenter tout un panel de services et, en fonction des secteurs, ou de la taille des résidences, nous les mettrons en place, totalement, ou en partie ». Le projet porté par ce nouvel acteur de la promotion immobilière porte aussi en lui une volonté de recréation de lien social, par le biais de ce système de conciergerie, en interne aux résidences, mais aussi dans les rapports que les habitants de ces résidences pourraient entretenir avec leurs voisins immédiats du quartier de la ville concernée. Vœu pieux ou vraie piste à explorer? Seul l’avenir pourra le dire. « On se dit qu’on a peut-être, par ce concept, le moyen de faire en sorte que les gens se parlent plus, que la mixitié sociale soit autre chose qu’une idée un peu vague… » conclut Raphaël Mercusot. Vincent Martin estime que la nouvelle société sera en mesure de présenter une véritable offre « à tiroirs » dans laquelle les futurs acheteurs des logements qui seront mis sur le marché pourront piocher, en fonction de leurs besoins et de leurs moyens.

« Il y aura un socle commun de services, précise Vincent Martin, auquel s’ajouteront des offres supplémentaires et optionnelles. Tout cela se fera aussi en liaison avec des syndics et avec un ensemble de prestataires de services que nous pourrons impliquer, dans les domaines aussi divers que l’entretien d’espaces verts ou les réparations. Le but est de se constituer un « portefeuille” de prestataires que nous pourrons fidéliser en étant pour eux apporteur d’affaires ». Insister sur la notion de service, c’est aussi, pour les initiateurs de la nouvelle société, faire en sorte que les acheteurs d’appartements en résidences redeviennent majoritairement des personnes qui veulent y habiter, plutôt que de simples investisseurs désireux, ensuite, de louer leurs biens.

« Le fait que les gens achètent pour habiter, souligne Raphaël Mercusot, nous poussera peut-être à concevoir des logements différents de ce qui se fait aujourd’hui. On devra être plus créatifs. Au stade où nous en sommes actuellement, on va d’abord expérimenter et en fonction des résultats obtenus, on poussera notre logique plus loin ». Au-delà de la nouvelle société de promotion immobilière, les deux entrepreneurs veulent aussi créer une marque capable de formaliser un concept basé sur le multi-services, le confort, la sécurité et la simplicité. C’est donc un véritable pari, à la fois économique et sociologique, qui s’ouvre ainsi et dont les résultats seront scrutés avec attention, par la concurrence, mais aussi en interne car, pour Vincent Martin, l’objectif à terme est de pouvoir dupliquer un modèle né à Dijon sur d’autres villes où le groupe est présent, notamment Orléans, Lyon ou Paris.