L’immobilier à l’épreuve du coronavirus

Si en 2019, le marché français de l’investissement en immobilier d’entreprise affichait un niveau record avec plus de 41 milliards d’euros soit une augmentation de 19 % par rapport à l’année précédente (données BNP Parisbas Real Estate), la tendance semble s’être inversée en 2020.

Une étude réalisée par le spécialiste de l’immobilier d’entreprise Knight Franck a d’ailleurs montré que les trois derniers mois de l’année 2019 avaient été les plus propices aux investissements en immobilier tertiaire. Les prévisions étaient alors orientées à la hausse pour 2020 mais c’était sans compter sur la crise sanitaire qui a brutalement mis l’économie du pays à l’arrêt et entraîné des conséquences en cascade pour le secteur. « Nous avons réalisé une très bonne année 2019 avec d’excellents résultats, plusieurs projets sortaient de terre, bref tous les voyants étaient au vert », note Amandine Coiffé, conseil en implantation d’entreprise et aménagement du territoire au sein de la CCI de Côte-d’Or. Si les chiffres de l’année entière ne sont pas encore connus, cette dernière parle déjà d’une baisse d’environ 30 % en volume pour le marché des bureaux et des locaux d’activités sur le premier semestre 2020 par rapport à la même période, un an auparavant. « Le premier confinement a été un tel choc que les entreprises se sont concentrées sur la santé de leurs collaborateurs et leur nouvelle organisation en distanciel, reléguant les projets au second plan, ce qui a entraîné un ralentissement de l’activité », se souvient Mikaël Cretin, directeur adjoint associé BNP Paribas Real Estate à Dijon. « L’immobilier d’entreprise souffre de la crise sanitaire. En effet, beaucoup de projets qui étaient engagés en début d’année 2020 sont stoppés, ce qui provoque une perte significative de chiffre d’affaires pour notre service “locaux d’activités”. Les entreprises sont frileuses, par conséquent, les dossiers en cours sont suspendus », explique Mathieu Marchand, consultant locaux d’activité au sein de CBRE Impact à Dijon. « Les biens que nous proposons sont des outils de travail, on peut alors craindre que le ralentissement de l’activité économique lié à la Covid-19 nous mène à un marché plus offreur que demandeur. En revanche, le secteur de l’investissement qui se portait bien semble se maintenir. On sait que les Français ont beaucoup épargné ces derniers mois, il est fort probable qu’ils soient prochainement en recherche de supports sur lesquels investir. L’immobilier est un support valable, l’immobilier d’entreprise, encore plus. On peut aussi penser que des foncières importantes porteront plus d’intérêt au marché des provinces… », Patrick Mestanier, dirigeant de CBRE Impact à Dijon jette la faute sur le manque de visibilité, un réel frein selon lui : « Beaucoup de nos projets sont en stand-by en raison de la crise sanitaire.

Le manque de visibilité est la principale difficulté de cette crise inédite. Nous sommes dans l’attentisme en raison de l’inconstance des reprises de demandes. Malgré tout, la logistique se porte bien, ce que nous expliquons par l’évolution des modes de consommation avec un recours élevé au e-commerce lors des confinements. En revanche, les commerces comme l’habillement vivent une période très compliquée. Par ailleurs, cette crise conduit toutes les structures à être flexibles. On devrait assister à une vraie tendance de la flex entreprise (par extension au concept de flex office qui se caractérise par l’optimisation des espaces et surtout, l’absence de bureaux attitrés, Ndlr) ». Une flexibilité qui tend à être la norme si on suit le constat de la CCI de Côte-d’Or : « de nombreuses intercommunalités de Côte-d’Or s’interrogent actuellement sur la mise en place de tiers lieux, c’est-à-dire des espaces alternatifs et hybrides dédiés aux entrepreneurs mais aussi aux télétravailleurs avec des services adaptés à la demande ».

UN SECTEUR FRAPPÉ PAR LES CRISES SUCCESSIVES

Apparue dans les années 1960, l’activité de location de bureaux a connu de nombreux bouleversements au fil du temps. Dans les années 1980, le développement de l’économie de services et du secteur tertiaire en général a mené à l’expansion de cette activité immobilière : les entreprises, de plus en plus nombreuses, ont eu besoin de plus d’espaces adaptés à leurs activités avec, un rythme de construction trop lent notamment en raison des délais administratifs, pour faire face aux demandes. L’avènement du marché des bureaux a réellement eu lieu au milieu des années 1980 avec la suppression de la procédure d’agrément préalable, facilitant la tâche des promoteurs en matière de construction. À cette époque, les bureaux, à peine sortis de terre, étaient généralement pris d’assaut. Il aura fallu attendre l’année 1991, frappée par une crise immobilière démarrée aux États-Unis en 1989 pour que le marché s’essouffle avec plus de constructions que d’occupants. La fin des années 1990 a cependant connu un fort redémarrage avec des bureaux de qualité et une demande à la hausse. Or, l’arrivée de l’informatique, d’internet et les attentats du World Trade Center en 2001 ont engendré une nouvelle crise dans le secteur de l’immobilier d’entreprise laquelle s’est poursuivie jusqu’en 2005. Puis en 2008, la faillite du grand groupe bancaire Lehmann Brothers ayant embarqué dans sa chute l’économie mondiale, a eu pour conséquence la baisse des loyers de bureaux. Si le marché s’est rapidement relancé jusqu’au début de l’année 2020 où les emplois de bureau en France occupaient une surface totale de 130 millions de mètres carrés, la pandémie de coronavirus, les confinements mis en place pour l’endiguer et l’appel au télétravail ont constitué un nouveau raz-de-marée avec son lot d’incertitudes. L’open space a-t-il encore de l’avenir ? Quid du flex office ? Faut-il réduire les espaces ? Les entreprises doivent s’adapter et repenser leur stratégie immobilière à marche forcée. « Les sociétés qui sauront s’adapter maintiendront le cap », assure Patrick Mestanier (CBRE Impact).

EN QUÊTE DE SOUPLESSE

« On assiste aujourd’hui à un vrai changement des stratégies au travail surtout au niveau des groupes nationaux qui engagent une refonte de leurs modes de travail. À l’échelle locale, si le télétravail était la règle lors du premier confinement, on a remarqué davantage de souplesse lors du second. La demande en bureaux se maintient même si on observe une certaine prudence. De plus, 10 à 15 % des projets initiés avant la pandémie ont été abandonnés. Par rapport à 2019, les demandes ont effectivement baissé. Néanmoins, de nombreux projets ont été décalés ce qui est plutôt positif. Cela dit, l’analyse est différente en ce qui concerne les métropoles comme Dijon et les villes comme Paris où l’immobilier tertiaire ne se comporte pas de la même façon, les problématiques de place sont réellement différentes. En effet, sur Dijon, il n’y a pas d’augmentation significative de l’offre de bureaux disponibles dans l’immédiat. Il nous est difficile de satisfaire certaines demandes puisqu’il y a très peu de biens à vendre qui répondent aux attentes. La grande question est de savoir si la tendance sera réellement à l’optimisation du home office (ou télétravail, Nldr) et à la réduction d’espaces », expose Valérie Dauchy, consultante associée Bureaux pour Arthur Loyd.

LE TÉLÉTRAVAIL CHANGE-T-IL VRAIMENT LA DONNE ?

Adopté en masse par les Français le 17 mars dernier, le télétravail promettrait la baisse de 15 à 20 % des coûts immobiliers des entreprises, deuxième poste de dépenses après les salaires. La crainte de la chute du nombre de mètres carrés loués est alors bien présente chez les acteurs de l’immobilier d’entreprise spécialisés dans le marché des bureaux. Néanmoins, les villes de province comme Dijon s’en sortent pour l’instant mieux que les grandes métropoles telles que Paris où le quartier d’affaires La Défense subit de plein fouet la vague télétravail. En effet, les grandes opérations de plus de 5.000 mètres carrés ont quasiment disparu cette année. Il y en a eu 15 entre janvier et septembre contre 53 sur la même période en 2019…

En province, plutôt épargnée, on retient son souffle. « Le marché des bureaux est résilient par rapport aux grosses métropoles où on remarque une vraie dégradation de la demande. Les villes comme Dijon subissent moins fortement les effets du télétravail et la demande se poursuit. Par ailleurs, le marché des bureaux a été moins impacté que ce que nous craignons lors du deuxième confinement. Cela peut s’expliquer par le fait que nos utilisateurs se sont rendus compte qu’ils aimaient se rendre au bureau. Le premier confinement laissait penser à la normalisation du télétravail pourtant, en cette fin d’année nous ressentons un essoufflement. Les utilisateurs ont plus que jamais besoin de liens. En revanche, le phénomène de flex office devrait s’accélérer au travers de la crise sanitaire. La réorganisation des bureaux est le principal impact ressenti sur le marché des bureaux. En termes de ralentissement, nous pouvons surtout observer un attentisme sur le marché des surfaces importantes », indique Mikaël Cretin (BNP Paribas Real Estate). Florent Puchot, consultant associé activité, industrie et logistique pour Arthur Loyd est du même avis : « On observe cette dichotomie entre les grandes villes et les métropoles de taille moyenne au sein même de notre réseau de 70 agences : de manière générale, celles qui sont les plus touchées sont implantées dans les très grandes villes ». Pour le directeur régional d’Eiffage Construction Est, Jacques Delaine, le ressenti est identique : « On a tous appris à s’adapter, à travailler à distance et ce, de manière très rapide lors du premier confinement. La deuxième vague a été différente dans le sens où les collaborateurs se sont montrés plus récalcitrants à l’idée de télétravailler notamment pour pouvoir maintenir du lien social. Le home office comporte également des désavantages comme des problèmes d’équité entre les télétravailleurs ou encore la saturation pour le numérique. On s’est justement aperçu que le numérique était un outil formidable mais qu’il avait lui aussi, ses limites. Le présentiel a du sens ».

UN EXODE VERS LES CAMPAGNES À PRÉVOIR ?

En plus de mieux surmonter la crise que les grandes métropoles, les villes de province présentent des atouts qui pourraient séduire les groupes nationaux. À commencer par les loyers qui sont inférieurs à ceux pratiqués en Ile-de-France. « Entre Dijon et Paris par exemple, les loyers sont multipliés par dix à prestations équivalentes. Cela peut en effet intéresser les groupes nationaux. La cinquième place qu’a récemment obtenue Dijon dans le classement Arthur Loyd sur l’attractivité peut également séduire », insiste Florent Puchot (Arthur Loyd). Mikaël Cretin (BNP Paribas Real Estate) est lui aussi convaincu que la métropole dijonnaise a une vraie carte à jouer : « Les avantages des villes de taille moyenne comme Dijon sont nombreux : les niveaux de loyers inférieurs à ceux des grandes métropoles, les temps de trajet domicile-travail plus courts, la qualité de vie en général… Autant d’éléments que nous mettons en avant lorsque nous sommes en relation avec les groupes nationaux ».

DES REPORTS MAIS PEU D’ABANDONS

En ce qui concerne le marché des locaux d’activité, le constat en cette fin d’année si particulière est à peu près semblable à celui des bureaux. « L’arrêt brutal du premier confinement a surtout entraîné des retards dans les dossiers engagés avant le confinement mais tous ont finalement abouti, ce qui est très positif. Nous avons également constaté une euphorie de la demande lors du déconfinement avec peu de prises de décisions, traduisant là encore, de l’attentisme. Cependant cette fin d’année est marquée par la concrétisation de nombreux dossiers. Nous sommes satisfaits d’observer cette vague d’engagements et de transactions », exprime Florent Puchot (Arthur Loyd). L’effet vaccin ? « Je crois surtout que les investisseurs ont reporté le plus possible leurs prises de décisions, ils se sont aperçus que l’activité s’est poursuivie et cette fin d’année était le bon moment pour foncer, estime le spécialiste qui reste prudent. Je suis convaincu que la crise n’a pas encore commencé, de nombreux secteurs sont sous perfusion, les effets ne se font pas encore ressentir. Cependant, au niveau de l’offre, nous sommes sur un marché en pénurie. En effet, une dizaine d’entreprises souhaitent investir ou acquérir des locaux pour y installer leurs sociétés mais ne trouvent pas de biens correspondant à leurs besoins. Cette tendance s’observe déjà depuis plusieurs années et le bilan à la fin 2020 c’est qu’il y a très peu de locaux d’activités. Les offres, surtout en vente, sont loin d’être bradées contrairement à ce que l’on pourrait penser ce qui est encourageant ». Mikaël Cretin (BNP Paribas Real Estate) confirme : « L’activité s’est accélérée entre mai et août. Dans l’ensemble, on note des reports mais pas d’abandon de projets, le niveau de confiance des investisseurs est assez important et ce, malgré ce contexte inédit, tous ces éléments conduisent donc à un bilan positif. De plus, à l’heure actuelle, les signaux de la demande dans la métropole sont plutôt bons, il n’y a pas d’inquiétudes particulières sur le marché dijonnais. Les demandes sont plutôt soutenues pour les marchés des locaux d’activité et des entrepôts logistiques, ce qui signifie qu’il y aura des transactions à l’avenir ».

QUELLES CONSÉQUENCES SUR L’IMMOBILIER COMMERCIAL ?

Déjà fragilisé par les attentats, la crise des gilets jaunes, les mouvements sociaux puis la Covid-19 et ses restrictions sanitaires, le commerce physique souffre pendant que le e-commerce explose. Dans ce contexte, les investisseurs s’interrogent sur l’avenir du commerce traditionnel. Carine Provost, consultante associée dans le secteur du commerce pour le cabinet Arthur Loyd observe effectivement des changements depuis la survenue du virus : « De manière générale, il n’y a plus aucune demande de créateur pur. En d’autres termes, aujourd’hui, quelqu’un qui a un projet sans avoir d’activité, ne créé pas : il n’y a pas de phénomène où des salariés lancent leur entreprise. Nous constatons surtout une demande moins soutenue mais très qualitative : les sollicitations émanent d’individus qui ont déjà une activité et souhaitent se développer.

Par ailleurs, nous n’avons connu aucun désistement pour les demandes en cours, dans la majorité les dossiers sont allés au bout. En termes d’offre, nous restons sur un marché avec peu de disponibilités pour les bons emplacements. En fait, un bon emplacement est rapidement reloué. » Selon elle, les entreprises qui ont bénéficié de Prêt garanti par l’État (PGE) ou encore d’aides mises en place suite à l’apparition du virus, pourront surmonter la crise plus facilement. « Les difficultés vont surtout concerner les commerces qui avaient peu de trésorerie. » Qu’en est-il des investissements ? « Sur ce secteur, il n’y a pas de baisse d’activité puisque nous vendons des locaux sur des activités qui traversent la crise comme les commerces spécialisés dans l’équipement de la maison ou encore ceux qui ont su s’adapter notamment en saisissant le tournant internet, qui sont les moins impactés », témoigne-t-elle.

LA LOGISTIQUE CARTONNE

Porté par l’explosion du e-commerce, l’immobilier logistique résiste à la crise sanitaire. La demande en surfaces d’entreposage se développe, un constat que font l’ensemble des acteurs locaux de l’immobilier d’entreprise. À commencer par Arthur Loyd qui assure devoir faire face à un marché où les demandes dépassent l’offre. « Ce boom de la logistique s’observe depuis des années avec, comme toujours, un pic pour les fêtes de fin d’année, mais le confinement a accéléré le phénomène. Nous avons un mal fou à répondre à la demande des logisticiens qui n’ont plus les capacités de traiter les volumes dans les bâtiments qu’ils occupent. Le manque d’offre s’explique notamment par le fait que peu de bâtiments se libèrent compte tenu de l’état du marché qui se porte très bien. Dans le même temps, les métropoles ne sont pas prévues pour accueillir d’importantes activités logistiques (trafic, pollution atmosphérique et sonore…). De fait, les logisticiens ont pour seule option de viser des territoires plus ruraux qui ne correspondent pas forcément avec le marché du dernier kilomètre et des mobilités douces », présente Florent Puchot (Arthur Loyd). « Sur le territoire, le foncier pour ce genre d’activités est de plus en plus rare. On bénéficie des nouvelles tendances de consommation apparues voire intensifiées avec les confinements », insiste Amandine Coiffé (CCI de Côte-d’Or).

LE BTP RÉSISTE

« Nos chantiers se sont arrêtés le 17 mars avec une volonté rapide de redémarrer car plus le coma dure, plus les séquelles sont profondes. Malgré le brouillard total et les informations complètement dissonantes, tout a été fait pour préserver l’intégrité physique des collaborateurs avec un travail réalisé en amont par l’ensemble des managers de l’entreprise et des partenaires sociaux. Les chantiers ont finalement pu reprendre début avril en fonction des recommandations gouvernementales qui avaient été faites concernant le BTP. Le fait que les collaborateurs aient tout de suite été très impliqués a permis une reprise pratiquement normale. Cette situation inédite nous a fait prendre conscience de l’ancrage fort des valeurs au sein d’Eiffage. La crise a par ailleurs rapproché les collaborateurs, un point très positif puisque l’humain est au cœur de nos enjeux. En termes d’activité, nous avons eu beaucoup de chance de signer les dernières opérations la veille du confinement ce qui a permis d’enclencher les projets », retrace le directeur régional d’Eiffage Construction Est, Jacques Delaine. Ce dernier s’estime chanceux malgré les difficultés surmontées : « Nous avons de la chance de pouvoir travailler. Nous vivons une période extrêmement anxiogène mais notre visibilité est plutôt bonne et le plan de relance va permettre d’accélérer la mise en œuvre des chantiers. » Selon lui, la crise, dans les travaux publics devrait débuter après 2021. « Au niveau national, on note un retrait d’environ 30 % des permis de construire, les ventes dans la promotion immobilière s’effondrent depuis six mois on s’attend donc à ce que les temps soient durs. » Pour autant, l’horizon dégagé permet au groupe d’attaquer la nouvelle année sereinement : « Nous poursuivons notre travail sur la Cité internationale de la gastronomie et du vin de Dijon pour en faire un lieu de convivialité qui contribuera à l’attractivité de la métropole. C’est notre projet phare de l’année à venir avec une livraison prévue le 21 décembre 2021. »

LES BAILLEURS SOCIAUX FACE AU CORONAVIRUS

En pleine pandémie, les bailleurs sociaux ont dû, tant bien que mal, assuré la continuité de leurs missions. La distanciation et l’augmentation des personnes en situation de précarité ne leur a pas facilité la tâche pourtant de nombreuses mesures ont été prises en particulier pour éviter à tout prix les impayés de loyers. « La crise sanitaire a été l’occasion d’accélérer notre transformation numérique. Cela nous a notamment permis de réaffirmer notre mission de service public », remarque Grand Dijon Habitat. « Lors du premier confinement où les gens étaient très isolés, nous avons pris l’initiative de repérer l’ensemble de nos locataires de plus de 65 ans afin de procéder à un envoi de sms ou de mail. Le but de cette démarche était de connaître leurs besoins comme une livraison de courses ou de médicaments. Cela nous a également permis de faire le lien avec les différents Centres communaux d’action sociale (CCAS) des communes de Dijon Métropole ou simplement d’échanger avec eux. » Ainsi, chaque semaine, près de 500 locataires ont été contactés par Grand Dijon Habitat, permettant le maintien d’une forme de lien social. « Nous avons eu beaucoup de retours très positifs de la part des personnes âgées et même des collaborateurs de Grand Dijon Habitat qui ont tenu un rôle différent de leurs missions habituelles. En plus de fédérer les équipes en interne cette démarche a réellement permis de réaffirmer notre mission de service public. » Si les interventions non urgentes ont été reportées dans la durée, de nombreuses prestations comme le ménage des parties communes ont été maintenues. La montée en puissance du numérique est l’autre nouveauté émergée de la crise. « Le premier confinement nous a permis d’avancer en interne sur la question des outils collaboratifs. Ces derniers ont d’ailleurs été déployés lors du second confinement et nous réfléchissons encore à d’autres outils permettant l’optimisation du travail à distance. » Opérationnels en trois mois, les 180 collaborateurs de Grand Dijon Habitat doivent par ailleurs être formés à l’utilisation de ces nouveaux outils au cours du premier semestre 2021. « Le digital a aussi été instauré pour les locataires dès le premier confinement avec la mise en place de la signature électronique de bail pour les locataires entrants. Là encore, le virus a accéléré les démarches puisque la signature électronique était en réflexion avant le confinement mais elle a finalement été déployée en à peine 48 heures », se réjouit le bailleur social. Une expérience payante puisque 40 % des baux ont été signés de cette manière, « un gain en efficacité et un moyen de sécuriser les démarches juridiques », selon Grand Dijon Habitat. Avec plus de 13.500 logements dans la région, Habellis a également pris des engagements forts pendant la crise sanitaire pour garantir la continuité des services à l’égard des clients, partenaires et fournisseurs. « C’était notre priorité », affirme Béatrice Gaulard, directrice générale d’Habellis. « Dans un premier temps, nous avons mis en place un service de permanence au sein des agences clientèles afin d’assurer un accueil téléphonique et d’apporter des réponses aux différentes demandes et tout particulièrement aux demandes sociales et techniques. Notre mission première qui est de répondre aux demandes de logement sur notre territoire, s’est maintenue. De même que les commissions d’attribution des logements et d’examen de l’occupation des logements se sont quant à elles poursuivies de manière dématérialisée. »

UN ENGAGEMENT FORT AUPRÈS DES PERSONNES ÂGÉES

« Être bailleur social c’est aussi porter une attention particulière à nos aînés logés sur le parc. C’est la raison pour laquelle une campagne téléphonique a été menée en direction de tous les clients locataires âgés de plus de 75 ans. Plus de 550 clients ont été joints », assure-t-elle. « Au cours de ces échanges téléphoniques, nos équipes se sont assurées que nos aînés étaient bien entourés et ne manquaient de rien. Et grâce à notre travail de partenariat avec les collectivités, Habellis a pu prendre en charge les 14 locataires aînés qui nous avaient fait part de leurs difficultés à travers les CCAS qui ont mené des portages de repas ou encore des livraisons de médicaments. » La directrice générale d’Habellis insiste notamment sur les efforts qui ont été faits pour poursuivre l’activité malgré le contexte. « Nous avons essayé de tenir l’activité autant que possible, les entreprises ont fait le maximum pour tenir les rythmes. Nous n’avons pas abandonné de projets, il y a cependant eu beaucoup de reports sur les opérations prévues sur sites occupés. » 

Textes du dossier : Militine Guinet. Photos : freepik (sauf mention contraire).


Nicolas Parisot, co-gérant de Cristalead

« La première vague de coronavirus a eu pour conséquences l’arrêt brutal des chantiers, le gel des délais administratifs… La reprise s’est faite au ralenti avec néanmoins des protocoles sanitaires strictes à mettre en œuvre, lesquels ont engendré des coûts financiers importants (location de nacelles supplémentaires, frais de nettoyage, équipements de protections etc.) et nous ont empêché de mobiliser deux entreprises au même endroit. Nous avons donc dû travailler plus lentement pour étaler les tâches au lieu de les superposer. Le rythme s’est toutefois intensifié à partir du 11 mai. En effet, le mois d’août qui est en général calme a finalement été très intense. Un rythme qui nous a permis d’honorer la livraison de 100 % des chantiers prévus pour 2020 avec des délais contractuels respectés malgré la Covid-19. Étant donné le contexte, nous sommes forts satisfaits de ce bilan. Les principales difficultés que nous rencontrons sur cette fin d’année portent sur les fournitures. Les fournisseurs ont en effet beaucoup “tapé” dans leurs stocks depuis le printemps et il nous est très difficile de nous approvisionner en matériaux. En conséquence, l’anticipation est le maître mot. » Le co-gérant du bureau d’ingénierie dijonnais s’attend d’ores et déjà à devoir faire face aux augmentations annuelles des prix des matériaux : « Le mètre carré d’isolant prend entre 3 et 6 % tous les ans. Nos craintes portent surtout sur l’inertie entre la signature des projets et le début des chantiers. L’attentisme des investisseurs nous fait appréhender un creux dans le BTP pour la fin 2021. ». Nicolas Parisot enregistre néanmoins un maintien de l’activité en termes d’études : « l’activité est équivalente à celle de l’année dernière mais les prises de décisions sont plus longues ». Côté projets, un important centre multi-loisirs devrait voir le jour à Miserey-Salines (Doubs) grâce à Cristalead. « Il s’agit de la rénovation du bâtiment industriel qui abritait la métallerie Obliger qui pourra, à terme, accueillir jusqu’à 700 personnes. Le chantier devrait débuter au printemps. C’est notre challenge de 2021 car c’est la première fois que nous travaillons sur un projetaussiimportantentermesdetaille. »


L’IMMOBILIER SE RÉINVENTE

Le futur campus métropolitain à Dijon. Cet établissement accueillera en septembre 2021 le campus dijonnais de l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP) Paris et l’École supérieure d’électronique de l’ouest (ESEO). Une réalisation qui ambitionne d’être exemplaire en matière d’écoconception ainsi que sur le plan de la connectivité et du numérique.

Les acteurs de l’immobilier rivalisent d’idées pour séduire les investisseurs. Tour d’horizon des projets phares à venir et des innovations.

Fort de son expérience dans la conception de produits et services immobiliers innovants s’adaptant aux nouveaux modes de vie urbains depuis les années 1950, Icade poursuit ses projets. « Notre ligne directrice est de proposer des services innovants afin d’offrir un confort supérieur aux occupants. Par exemple, en ce moment nous travaillons sur un nouveau concept qui devra répondre aux attentes liées au télétravail. Nos produits devront, à l’avenir, permettre la fusion des vies professionnelles et personnelles dans de mêmes espaces. Ces prestations s’adaptent aux nouvelles attentes de la clientèle qui est de plus en plus exigeante », annonce Julien Luce, directeur de programmes à l’agence Icade Promotion de Bourgogne Franche-Comté.

TÉLÉTRAVAILLER DANS SON JARDIN GRÂCE À ICADE

Autre innovation phare et d’actualité, le système d’e-conciergerie lancé par Icade. Celui-ci permet, via des boîtes aux lettres connectées, de recevoir, envoyer ou transmettre courriers et colis en cas d’absence. Le green-desk devrait quant à lui séduire les télétravailleurs puisqu’il offre un espace bureau… dans le jardin ! « Ce concept est équipé d’un accès wifi et de prises électriques à disposition des résidents. La pandémie de coronavirus a fait émerger de nouveaux usages. Le besoin de la nature est par exemple très présent c’est la raison pour laquelle nous sommes très attentifs à ces thématiques pour ensuite les intégrer à nos offres », détaille Julien Luce. En plus de faire du « bien vivre en ville » sa spécialité, Icade s’engage pleinement sur des critères forts en termes de responsabilité sociale des entreprises avec un accent mis sur la décarbonation des opérations, le recours à l’emploi local ou encore l’insertion sociale.

CAP SUR L’HABITAT DURABLE

Déjà bien développée, l’écoconstruction s’accélère avec la crise sanitaire. « La réglementation énergétique est la grande tendance de cette année », affirme Julien Luce. Danielle Juban, vice-présidente de Dijon Métropole déléguée au développement économique partage cette analyse : « La Métropole a une vraie volonté de s’inscrire dans la transition énergétique. C’est la raison pour laquelle nous poussons les investisseurs à monter en gamme avec des bâtiments qui répondent à de nouveaux enjeux. Le campus métropolitain qui abrite des écoles d’ingénieurs (ESEO, ESTP) en est la preuve puisqu’il vise le label E3C1 attribué aux bâtiments peu énergivores et faibles en émissions carbone ». L’élue cite également le projet Geoworking mené par le cabinet dijonnais d’ingénierie et de maîtrise d’œuvre du bâtiment, Seturec. Ce concept met en effet l’accent sur la ressource locale avec l’objectif de décarbonner au maximum le projet. Pour cela, la majorité des entreprises sollicitées sont locales et plus de 75 % des matériaux utilisés sont naturels et issus de la filière régionale. Danielle Juban se réjouit notamment de la poursuite des projets malgré le contexte : « L’ensemble des projets que nous avions sur les différents parcs ont abouti. Nous en sommes très satisfaits ».


Action Logement aux côtés des salariés du territoire

Action Logement est un acteur majeur dans l’amélioration de la situation du logement en France. Avec une gestion paritaire de la participation des employeurs à l’effort de construction, Action Logement construit et finance des logements sociaux et intermédiaires et accompagne les salariés dans leur mobilité professionnelle et résidentielle en proposant des services et aides financières qui facilitent l’accès à un logement et donc à l’emploi. Les missions du Groupe, participent alors au développement des entreprises, à l’attractivité et à la mixité sociale des territoires. « Dans ce sens, par exemple, dans un contexte de resserrement des conditions d’octroi des crédits bancaires aux particuliers, Action Logement a multiplié par deux le montant du prêt accession qu’elle accorde et divisé par deux le taux de ce dernier (40.000 euros à 0,5 % sur 25 ans sans caution ou garantie particulière) favorisant ainsi l’accession à la propriété des salariés. Par ailleurs, nous sommes tout particulièrement mobilisés pour accompagner les jeunes actifs, les salariés retraités et les salariés les plus fragiles »,présente Florent Trublet, directeur régional d’Action Logement Services Bourgogne Franche-Comté arrivé dans la région en septembre dernier. Avec une utilité sociale confortée par la crise du coronavirus, Action Logement a déployé des actions spécifiques : « Depuis 2003, Action Logement est doté d’un service d’accompagnement des salariés en difficulté. Ce service constitué de 170 travailleurs sociaux à l’échelle nationale dont huit sur la région Bourgogne Franche-Comté est particulièrement mobilisé cette année pour accompagner les salariés victimes des conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire. D’ailleurs, en 2020, 1.100 salariés ont été accompagnés sur la région. Après analyse de la situation, ce service d’accompagnement peut mobiliser des aides financières dédiées. En complément de ce service, Action Logement a déployé dès le printemps, par un accès digital, une aide à la prévention des impayés de 150 euros sur deux mois soit 300 euros au total afin d’accompagner les salariés les plus modestes qui font face à une baisse de revenu de plus de 15 %. Cette aide sera portée à 900 euros (6 x150 euros) pour les salariés au chômage total du fait de la crise sanitaire dès le 16 décembre », poursuit-il. En plus de son rôle d’amortisseur social, Action Logement contribue de manière significative à la construction de logements sociaux et intermédiaires sur l’ensemble de la région en finançant tous les bailleurs sociaux du territoire. Ainsi, en 2020, plus de cinq millions d’euros ont été investis dans la production de logements sociaux. « Par ailleurs, cette année, plus de 14 millions ont été engagés au titre de la seule région Bourgogne Franche-Comté dans le cadre du programme Action Cœur de Ville. Action Logement prend alors toute sa part dans le cadre du plan de relance. »


Bio Innovation, carrefour de talents

« Un lieu où les praticiens, les chercheurs et les étudiants en ingénierie ou en médecine pourront rencontrer les professionnels en microtechnologie afin d’échanger autour de leurs besoins et envisager des projets de coopération », voilà comment le futur site Bio Innovation implanté à Temis Santé (quartier des Hauts du Chazal à Besançon) a été pensé. En effet, le bâtiment de près de 4.000 mètres carrés dont l’inauguration a été retardée en raison du coronavirus, accueillera des start-up nationales et internationales dans les domaines des dispositifs médicaux, des biothérapies et de manière plus générale de la médecine de demain. Le but ? Faire de Grand Besançon Métropole une référence en matière de bioproduction de médicaments de thérapie innovante (MTI) avec notamment un accent mis sur les recherches sur le sang en immunologie. « L’enjeu fort de Bio Innovation est de doter la filière santé d’un lieu fédérateur au service de l’innovation, d’en faire une plateforme facilitant la conduite de projets des entreprises », présente Bruno Favier, directeur de la technopole Temis à Besançon. Il détaille : « La vocation première du lieu étant de favoriser, via un ensemble de services, moyens et expertises, la maturation, le transfert et la valorisation économique des résultats de la recherche en santé. L’identité de la technopole et celle l’UFR Santé vont être confortées puisque Bio Innovation va notamment accélérer la mise au point de nouveaux médicaments. Ce projet marque par ailleurs une nouvelle étape qui renforce la position de Besançon et de la région sur les domaines de l’ingénierie biomédicale. Pour les porteurs de projets, Bio Innovation sera une porte d’entrée dans l’écosystème local ». Le pilotage du site sera assuré par la technopole Temis Santé et ses partenaires c’est-à-dire le CHRU Jean Minjoz, l’UFR Santé, Établissement français du sang et des entreprises. « Cette proximité immédiate est censée permettre l’émergence de thérapies qui bénéficieront aux patients. Une entreprise devrait notamment conduire des essais cliniques sur un vaccin anti cancer », annonce-t-il. Ce dispositif original qui va permettre l’accompagnement de tous les types de porteurs de projets innovants (privés ou académiques) depuis leur incubation jusqu’à leur phase de croissance s’inscrit pleinement dans la stratégie technopolitaine et la politique d’aménagement du territoire de la métropole bisontine. Le site dispose de plateformes de biologie moléculaire et cellulaire, d’impression 3D, d’espaces de représentations, de colloque, de laboratoires, bureaux et services dédiés aux MTI et aux dispositifs médicaux. Il accueillera également un institut de formation pour les professionnels de santé dont le chantier doit débuter au printemps 2021.

Le futur campus métropolitain à Dijon. Cet établissement accueillera en septembre 2021 le campus dijonnais de l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP) Paris et l’École supérieure d’électronique de l’ouest (ESEO). Une réalisation qui ambitionne d’être exemplaire en matière d’écoconception ainsi que sur le plan de la connectivité et du numérique.

Un autre projet écologique : Geoworking, mené par le cabinet dijonnais d’ingénierie et de maîtrise d’œuvre du bâtiment, Seturec.

Espaces de convivialité, terrasses, cœur d’îlot paysager, coursives sur tout le bâtiment, triple orientation, divisibilité des plateaux, RDC commercial actif : le projet Helios, Pepper et Spicy propose des solutions flexibles pour les entreprises et des lieux attractifs pour les collaborateurs au cœeur de l’écopole Valmy. crédit photos BNP Paribas Real Estate.

Espaces de convivialité, terrasses, cœur d’îlot paysager, coursives sur tout le bâtiment, triple orientation, divisibilité des plateaux, RDC commercial actif : le projet Helios, Pepper et Spicy propose des solutions flexibles pour les entreprises et des lieux attractifs pour les collaborateurs au cœeur de l’écopole Valmy. crédit photos BNP Paribas Real Estate.

Espaces de convivialité, terrasses, cœur d’îlot paysager, coursives sur tout le bâtiment, triple orientation, divisibilité des plateaux, RDC commercial actif : le projet Helios, Pepper et Spicy propose des solutions flexibles pour les entreprises et des lieux attractifs pour les collaborateurs au cœeur de l’écopole Valmy. crédit photos BNP Paribas Real Estate.

Le projet Osmose sur le parc d’activité de la Toison d’Or à Dijon.

Les demandes sont plutôt soutenues pour les marchés des locaux d’activité et des entrepôts logistiques.