Limiter les défaillances et accompagner la relance

Alors que l’activité a repris en demi-teinte selon les secteurs, le gouvernement a annoncé, début septembre, son plan de relance. S’il correspond dans les grandes lignes aux attentes des chefs d’entreprises, ces derniers espèrent un complément de la part des régions.

C’est un premier bilan mitigé que dresse la Confédération des petites et moyennes entreprises de Côte-d’Or (CPME 21).

« Les secteurs du commerce et de la restauration ont plutôt bien travaillé sur les mois de juillet et août, mais on sent que septembre commence à fléchir vite, détaille Geoffroy Secula, président de l’organisation patronale. L’évènementiel est toujours au plus bas et les établissements de nuit n’ont pas encore le droit d’ouvrir. Concernant le BTP, les travaux publics subissent une baisse d’activité de l’ordre de 35 % quand le bâtiment se porte mieux. Quant à l’industrie, c’est très disparate en fonction du secteur d’activité. Mais globalement, beaucoup d’industriels n’ont pas repris une activité à 100 % ». Après une première vague de mesures d’urgence prises depuis le début de la crise sanitaire, le Premier ministre Jean Castex a présenté, jeudi 3 septembre, le nouveau plan de relance, France relance. « Nous attendions ce plan de relance avec impatience et nous sommes globalement satisfaits de ce dernier, d’ailleurs inspiré pour bon nombre de mesures des 109 propositions qu’avait élaborées la CPME dès juillet », se rappelle-t-il. Avec une enveloppe globale de 100 milliards d’euros sur deux ans, France relance repose sur trois volets, la compétitivité et l’innovation des entreprises, l’écologie et la conversion écologique de l’économie française et la cohésion sociale et territoriale. « Nous sommes d’autant plus satisfaits que ce plan est orienté sur l’investissement et le développement des activités économiques, et non sur la consommation, comme l’ont fait nos voisins allemands. Les mesures d’aides publiques déployées ces derniers mois ayant déjà permis au plus grand nombre de conserver un potentiel pouvoir d’achat. »

BAISSER LES IMPÔTS DE PRODUCTION ACCROÎT LA COMPÉTITIVITÉ

La compétitivité était au cœur des propositions faites par la CPME au début de l’été. Sujet qui a été repris par le gouvernement dans ce plan de relance. Entre autres points développés, la baisse des impôts de production fixée à 20 milliards d’euros sur deux ans et reposant sur une diminution par deux de la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE), un abaissement du plafonnement de la contribution économique territoriale (CET) à 2 % de la valeur ajoutée au lieu de 3 % et un remaniement de la cotisation foncière des entreprises et de la taxe foncière des établissements industriels (CFE et TFPB). « Nous sommes satisfaits que cette baisse d’impôts se soit traduite sur la fiscalité locale et sur les impôts de production et non pas sur la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) qui concerne aujourd’hui uniquement les grandes entreprises », commente-t-il. Le remboursement des fonds propres pour les entreprises en difficulté a quant à lui été chiffré à trois milliards d’euros. « Nous proposons, en complément de ce renforcement, un prêt consolidation dans lequel nous pourrions regrouper les échéances bancaires et les aides publiques pour permettre aux entreprises de rembourser ces échéances sur du moyen terme plutôt que sur du court terme. » La relocalisation de la production industrielle chiffrée à hauteur d’un milliard d’euros est aussi une bonne nouvelle, selon la CPME, « en espérant qu’elle s’accompagne d’allègement des contraintes administratives et que les achats publics soient davantage orientés sur les entreprises locales ». Enfin, la mise à niveau numérique des TPE-PME grâce à une enveloppe de 385 millions d’euros ne peut qu’être appréciée par le président de la CPME 21 qui en avait d’ailleurs fait une priorité de sa mandature.

LA CONVERSION ÉCOLOGIQUE, OUTIL DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

« Nous sommes convaincus qu’il faut faire de la conversion écologique un outil de développement économique durable », confie Geoffroy Secula. France relance a ainsi fléché 11 milliards d’euros vers le développement des transports en commun. Sept milliards d’euros ont quant à eux été dédiés à la rénovation thermique des bâtiments publics et privés : « Nous aurions souhaité qu’il puisse y avoir un accompagnement sur le soutien au logement neuf et sur le bâtiment professionnel ». Enfin, neuf milliards d’euros partiront dans la décarbonation des entreprises et l’écologie avec des soutiens forts sur la filière hydrogène. « Maintenant, à nous de surveiller que ces budgets soient aussi orientés sur des TPE-PME de notre territoire. »

AUCUN JEUNE SUR LE CARREAU

L’emploi et la formation des jeunes occupent aussi une place importante de ce plan de relance. En effet, 35 milliards d’euros sont dédiés au volet cohésion sociale et territoriale comprenant un plan emploi jeune. « Nous avions proposé très tôt de soutenir l’emploi des jeunes. Aujourd’hui, ce plan comprend des aides à l’embauche pouvant aller jusqu’à 4.000 euros pour des jeunes de moins de 26 ans recrutés entre le 1er août 2020 et le 31 janvier 2021, mais aussi une aide de 8.000 euros en soutien à l’alternance, à l’apprentissage et au contrat de professionnalisation », détaille Geoffroy Secula. En outre, une enveloppe de 7,6 milliards d’euros sera allouée au chômage partiel longue durée et trois milliards d’euros seront consacrés au soutien aux collectivités locales et à la revitalisation des centres-villes. « Nous sommes confiants concernant ce plan de relance qui, pour nous, sera un succès s’il est bien exécuté, si tout le monde reprend de la confiance, si les entreprises retrouvent de l’activité, de la compétitivité et de la simplicité, explique le président de la CPME 21. Ce premier plan de relance devra aussi être complété par une déclinaison régionalisée pour une meilleure efficacité ».

« Nous demandons des messages clairs et simples »

Si l’organisation patronale est relativement confiante s’agissant de ce plan de relance, elle demande une plus grande simplicité de la part de l’État. « Le Premier ministre a annoncé, comme ses prédécesseurs, vouloir simplifier… Toutefois, le premier protocole qui sort sur la généralisation du port du masque est tout sauf simple. On vous parle de zone rouge, verte ou orange, en fonction de la présence ou de l’absence d’une VMC ou d’un système de climatisation, on vous demande le lundi soir de le mettre en application le mardi matin… », témoigne Geoffroy Secula qui a préféré, au sein de son entreprise, généraliser le port du masque sans dérogations sur ses différents sites. De la simplification, la CPME 21 en demande aussi dans les procédures administratives. « Nous avons perdu beaucoup de temps entre un début d’année compliqué avec des mouvements sociaux puis les élections municipales qui sont toujours des années transitoires en termes d’investissement, un second tour reporté et enfin la crise sanitaire… Pour le rattraper, il va falloir que toutes les procédures administratives soient accélérées », estime-t-il.