L’IA au service des carrossiers

Careden

Jacques Du Trieu. Depuis 2019, il planche sur une application qui met en relation particuliers et carrossiers en cas de dommages hors assurance.

Issu du milieu de la carrosserie automobile où il évolue depuis presque 20 ans, et aujourd’hui conseiller technique pour la Matmut, il s’est lancé sur un marché encore inexploité en France : une solution digitale, baptisée Careden et basée sur l’IA qui chiffre instantanément le coût de la réparation d’un dommage de carrosserie. Le particulier est souvent réticent à l’idée de se rendre chez un professionnel en cas de petite rayure, d’un accrochage léger, etc. Cependant les réparations sont nécessaires en cas de restitutions d’une LLD (location longue durée), de LOA (location avec option d’achat) ou de vente du véhicule. « C’est un marché en pleine croissance. Aujourd’hui, grâce aux aides à la conduite, les chocs d’intensité moyenne sont en baisse, ce qui diminue le nombre de collisions assurées. Dans le même temps, la location de longue durée est une part de marché importante, et en cas de restitution, le véhicule doit être en parfait état. Les statistiques montrent qu’à l’horizon 2025, les ateliers seront remplis à 70 % de véhicules ayant subi des petits chocs hors assurance. C’est le marché de demain », commente Jacques Du Trieu (à droite), fondateur de Careden qui est depuis associé à Thierry Ouplomb, ancien directeur commercial dans le milieu aérospatial.

Avec plus de 80 K€ d’investissements pour déployer l’application qui sortira au printemps, l’entrepreneur entend « redonner la main aux consommateurs et cibler leurs attentes », mais aussi rétablir une confiance ternie envers les carrossiers. « Quand la compagnie d’assurances n’intervient pas, le consommateur se retrouve livré à lui-même. Careden propose une solution qui répond à ses besoins en termes de prix et de services. Grâce à une lecture d’image qui analyse le degré de gravité, l’algorithme croise la photo avec les tarifications émises par les réparateurs et donne une estimation. De plus, l’application propose des filtres dont la disponibilité, la mobilité (véhicule de remplacement), la localisation, etc. », explique Jacques Du Trieu qui mûrit cette réflexion depuis une décennie mais a réellement décidé de sauter le pas il y a un an. Dans l’Hexagone, des réseaux de carrossiers indépendants et des entreprises ont déjà tâté le terrain, mais sans apporter de réelles solutions. « Il existe une concurrence mais elle ne cible pas le particulier. Certains proposent des solutions d’inspection digitale automatisant la gestion des sinistres et visent les réparateurs. D’autres collaborent avec les compagnies d’assurances pour leur proposer un service d’analyse d’images. Nous sommes donc novateurs », pointe l’entrepreneur. Incubée chez Nubbo depuis décembre dernier, Careden qui cherche des financements, vise environ 4 000 réparateurs en France et de très nombreux particuliers et espère devenir leader sur le marché national. « L’application pourrait aussi intéresser les concessions automobiles et également les assureurs qui pourraient ainsi proposer des solutions à leurs sociétaires dans un domaine qu’elles ne maîtrisent pas », conclut-il.