L’IA au service de l’imagerie médicale

François Vorms, directeur général de Canon Médical France devant le scanner équipé du module AICE au service des urgences du CHU de Dijon.

Le CHU de Dijon se dote d’un scanner Canon avec un module d’intelligence artificielle pour son service des urgences. Une première européenne.

Améliorer la qualité de l’image, sans perdre de temps, tout en diminuant l’exposition des patients aux rayons X. Tels sont les défis du nouveau scanner installé au CHU de Dijon depuis le début de l’année dans le service des urgences. Un investissement d’un million d’euros pour l’établissement qui a bénéficié d’une opportunité proposée par Canon Medical au moment de la livraison de son nouveau scanner. « À la base, nous avions commandé un scanner Canon très performant – Genesis 320 barrettes – Le professionnel de l’image nous a offert l’intégration de son module d’intelligence artificielle tout juste abouti : l’AICE (Advanced intelligence clear IQ engine)»,explique le professeur Frédéric Ricolfi, chef du service de radiologie, ravi de cette nouvelle acquisition. Un partenariat scientifique est né entre les deux entités qui souhaitent se nourrir l’une de l’autre. Pour les professionnels, cette imagerie de qualité avec une réduction considérable des bruits (granité), permet de réaliser des diagnostics rapides et précis, avec des coupes à 0,5 millimètre contre 1 à 2 millimètres auparavant. Pour les patients, les risques d’exposition sont fortement réduits, jusqu’à 40 % dans certains cas. « Ce scanner est peu irradiant. C’est comme si le patient passait une radio des poumons », compare Frédéric Ricolfi. Une technologie de pointe issue du rachat de Toshiba Medical par Canon. « C’est toute l’innovation japonaise transférée à une société experte de l’image », souligne François Vorms, directeur général de Canon Médical France. Il aura fallu presque six ans de développement pour établir l’algorithme, soumis à plus de 100.000 examens. Pour cette innovation, l’entreprise a fait également appel aux compétences de NVIDIA, bien connu dans le secteur des jeux vidéos, pour ses cartes graphiques car les données générées sont deux fois plus lourdes.

L’IA IMPACTE LE « WORKFLOW »

Concrètement, les pratiques du service ont déjà évolué. La machine n’est pas restreinte à l’analyse d’un organe, elle est capable de scanner tout le corps. Par exemple, en cas d’AVC, il est possible d’explorer le cœur et le cerveau en un seul examen et en seulement quelques secondes. Cela permet d’instituer immédiatement le traitement et d’éviter les récidives dues à l’attente d’un second examen. « Le protocole de prise en charge thérapeutique évolue grâce à l’amélioration de la qualité de l’image », constate le professeur. Cet examen rapide et précis permet de gagner du temps de qualité avec les patients. « L’intelligence artificielle a aussi un impact sur le workflow – l’organisation du service. L’idée est de confier à la machine des tâches qui ont peu de valeur ajoutée pour permettre aux professionnels d’améliorer leurs conditions de travail », précise François Vorms. Demain, le module d’intelligence artificielle intégré au scanner sera capable de réaliser les premières analyses, de hiérarchiser les informations pour prioriser le passage des patients. Prochains établissements à intégrer cette technologie : Gustave Roussy à Villejuif fin mars et le CHU de Nancy en mai.