En signant à Auxerre le premier contrat d’achat de trains à hydrogène, la région Bourgogne Franche-Comté lance le coup d’envoi d’une nouvelle ère industrielle française.
Trois grands patrons, deux ministres, un maire et une présidente de région heureux : l’image est assez insolite en temps de crise pour mériter un détour par Auxerre. C’est devant un parterre d’élus, de journalistes et de personnalités triées sur le volet que Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué en charge des Transports, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé du Tourisme, Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne Franche Comté, Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, Henri Poupart-Lafarge, PDG de Alstom, Jean-Bernard Lévy, PDG de EDF, et Crescent Marault, maire d’Auxerre et président de la communauté de l’Auxerrois, ont dévoilé le premier contrat d’achat de trois trains à hydrogène qui circuleront dès 2024 entre Laroche-Migennes et Auxerre. Marie-Guite Dufay n’a d’ailleurs pas manqué de remercier le ministre : « La Bourgogne est la première région à investir 52 millions d’euros et l’État a été au rendez-vous pour qu’elle ne porte pas seule cette rupture technologique ».
L’AVENIR SE DESSINE EN BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ
La région Bourgogne Franche-Comté n’a pourtant pas attendu le plan gouvernemental de relance dans l’hydrogène – « 7,2 milliards d’euros que la France engage dès aujourd’hui, dont deux d’ici 2022, avec l’objectif d’atteindre plusieurs centaines de rames ferroviaires à l’hydrogène à l’horizon 2030 », a rappelé le ministre des Transports – pour s’engager dans cette voie, en votant notamment un investissement de 90 millions d’euros d’ici à 2030 avec l’objectif de faire de la région (labellisée “Territoire à hydrogène” en 2016) un territoire positif d’ici 2050 pour atteindre une indépendance énergétique à hauteur de 78 %. Marie-Guite Dufay a ainsi souligné « le travail en commun d’acteurs du développement qui n’avaient jamais travaillé ensemble » qui a permis « de répondre en six mois à l’appel du Président de la République » pour bâtir « un projet d’avenir extraordinaire et fédérateur dans une région qui travaille sur l’hydrogène depuis 1998 à travers la pile à combustible développée par l’université de Belfort-Montbéliard ou le Fuel Cell Lab (FC Lab) de Belfort, aujourd’hui l’un des principaux centres de recherches sur l’hydrogène au niveau européen ». Le PDG d’Alstom se félicite lui de proposer aux usagers « une nouvelle expérience unique de transport propre, silencieux, confortable » et le fruit de « l’excellence industrielle française ».
AUXERRE ACCUEILLERA LE PREMIER ÉCOSYSTÈME HYDROGÈNE
Auxerre sera ainsi la première ville de France à accueillir un écosystème territorial hydrogène, une station de production locale d’hydrogène vert par électrolyse, réalisée et exploitée par Hynamics, filiale du groupe EDF. Cet écosystème permettra d’alimenter les trains, mais aussi les flottes utilitaires privées et publiques, les bateaux, ou les équipements industriels. Comme l’a rappelé le maire d’Auxerre : « C’est le résultat de l’engagement de la nouvelle municipalité à convertir sa flotte de bus à l’hydrogène (cinq en 2021) », projet qui a reçu le soutien d’une quarantaine d’entreprises qui s’engagent à se mobiliser en faveur de l’hydrogène (emplois, formation, soutien aux start-up). Pour le PDG de la SNCF, il s’agit d’acter « la nouvelle stratégie de la SNCF de proposer une mobilité durable en faveur du climat, de la qualité de l’air et de la maîtrise de l’énergie ». Ancien sénateur de l’Yonne, Jean-Baptiste Lemoyne s’est plu à rappeler que l’Yonne était une terre d’inventeurs, « la terre de Jean Bertin qui inventa l’aérotrain, ancêtre de l’hyperloop, le Turboclair qui permettait de réchauffer les pistes d’atterrissage… » sans oublier que c’est à Chagny en Saône-et-Loire qu’est né Jean Chalant, plusieurs fois ministre des Transports étroitement lié au développement du TGV, du Concorde ou encore d’Airbus. Le secrétaire d’État concluant « que les petites lignes sont vitales et essentielles, assurant l’attractivité et la vie économique des territoires ».
RELANCER LA FRANCE DANS LA COURSE À L’INNOVATION
Le mot de la fin est revenu au ministre des Transports qui a salué le travail coopératif des industries et des élus de la région Bourgogne Franche-Comté et rappelé que l’émergence de nouvelles mobilités « c’est aussi porter l’avenir et l’excellence de la France pour plusieurs décennies à travers le développement territorialisé de la filiale hydrogène ». À plus grande échelle, il s’agit avant tout pour notre pays de construire une nouvelle souveraineté énergétique et la décarbonation des transports. Et preuve que la transition est possible, les mêmes invités étaient en fin de semaine à Belfort pour l’inauguration des TGV du futur. Une double bonne nouvelle : pour l’industrie belfortine mais aussi pour le projet de ligne à grande vitesse Paris-Orléans-Clermont via Nevers qui, selon nos informations reste d’actualité… mais pas dans l’immédiat.