L’hôtellerie retrousse les manches

Marc Bonivert, président du club hôtelier Dijon-Bourgogne. (Droits réservés)

Marc Bonivert, président du club hôtelier Dijon-Bourgogne, développe les forces et les faiblesses d’une filière particulièrement exposée au contexte économique et à ses fluctuations. Et qui multiplie les initiatives pour rebondir.

Le Journal du palais. Comment se porte l’hôtellerie en Côte-d’Or ?

Marc Bonivert. À Dijon Métropole, l’année 2018 a été marquée par une occupation en retrait de 8 403 chambres, soit -1,88 % d’occupation par rapport à l’année précédente. Ce retrait est également présent sur janvier et février 2019 avec -2 710 nuitées, soit – 4,47 % d’occupation ! Ces résultats sont préoccupants, surtout pour les hôteliers indépendants qui, quoique très bons gestionnaires, ont des structures habituellement plus fragiles aux fluctuations. Le mouvement des « Gilets Jaunes » impacte considérablement notre destination avec une chute de la clientèle nationale mais aussi et surtout étrangère (chinoise et suisse). Cette clientèle est essentielle en basse saison pour certains établissements. Ce manque de fréquentation fragilise d’autant des trésoreries qui sont déjà très tendues en basse saison. Car il y a bien une saisonnalité marquée en Côte-d’Or ! Bien entendu la « para hôtellerie » (Air B&B et autres structures d’accueil similaires à l’hôtellerie) a un impact sur les résultats. Ces lieux de résidence font maintenant partie du paysage. Il appartient aux hôteliers d’y répondre de façon constructive et concrète dans l’attente que les pouvoirs publics régularisent les différences de traitement.

Quelles sont les stratégies mises en place pour continuer à se développer ?

Les hôteliers n’ont pas attendu les pouvoir publics pour se retrousser les manches. La qualité du service et de l’accueil, dans des établissements bien entretenus et proposant des prestations répondant aux attentes des clients, est au cœur des préoccupations de chaque professionnel. Sur ces dix dernières années, les hôteliers ont joué le jeu de la destination Côte-d’Or. De très nombreux et importants agrandissements, rénovations et embellissements, ont été menés tant par les indépendants que dans les groupes. Ces investissements démontrent l’attachement et la vision prospective que ces entrepreneurs ont envers leur territoire dont ils connaissent la richesse actuelle et celle en devenir. En cela, ils sont également dans l’attente de gestes forts de la part des responsables politiques pour que ceux-ci travaillent main dans la main sur l’ensemble de la Côte-d’Or.

Peut-on dire qu’il existe une vraie stratégie globale pour porter le tourisme ?

Bien qu’il manque encore de nombreuses réalisations, force est de constater qu’il y a une vraie avancée conjointe dans la mise en valeur commune de notre destination. Côte-d’Or Tourisme joue un rôle-clé et il est remarquable de constater que la métropole de Dijon et la Région Bourgogne Franche-Comté commencent à jouer le jeu de « l’union fait la force » au travers des dernières campagnes de communication avec un plan marketing partagé. L’avenir nous dira plus précisément ce qu’il en sera du réel contenu de structures aussi déterminantes que la « Cité de la Gastronomie et duVin » de Dijon, et la « Cité du Vin de Bourgogne » à Beaune. De même, la promotion de nos destinations par le biais de l’accueil de congrès, expositions, évènements… est et reste une priorité car ces manifestations peuvent se dérouler aussi en basse saison.

Le recrutement et la difficulté de trouver du personnel fait partie des grands défis pour la profession. Quelles solutions faut-il mettre en place ?

Pour la première fois, les clubs hôteliers de Dijon et de Beaune ont réalisé le 25 mars, un Job Dating. Des dizaines de postes étaient à pouvoir en CDD et CDI mais aussi des places pour des apprentis ou des stagiaires. Sous le mot « Hôtellerie » se cachent de nombreux métiers aussi différents que technicien de maintenance, femme de chambre ou gouvernante, réceptionniste ou responsable hébergement, barman, responsable petit-déjeuner…Il y en a pour tous les profils et les possibilités d’ascension hiérarchique sont réelles. Bien entendu, nous travaillons pour fournir à nos clients un service de qualité. C’est-à-dire que nous travaillons lorsqu’ils se reposent, qu’ils font la fête… De nombreux métiers, même dans la fonction publique, ont maintenant des horaires qui se rapprochent des nôtres. Nous adaptons donc les horaires, et les « coupures » sont en nette diminution. Notre grille des salaires a évolué et évoluera encore comme le système des primes, nous recherchons des savoir-être et apportons le savoir et le savoir-faire au travers de formations internes ou externes, les parcours d’intégration sont importants et le tutorat plus présent. Il reste encore de nombreux chantiers à ouvrir et à concrétiser pour nous adapter aux attentes de nos collaborateurs et ainsi mieux répondre à celles de nos clients.