Une conjoncture économique néfaste qui affecte l’ensemble de la profession, c’est le constat dressé par l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) de Côte-d’Or sur fond de gilets jaunes et de travail le 1er Mai.
Agacé, Jean-Virgile Crance était présent lors de l’assemblée générale de l’UMIH à Dijon, le 1er avril. Le président du Groupement National des Chaînes Hôtelières, l’un des partenaires de l’UMIH, n’a pas caché son exaspération face à un contexte qui plombe la profession hôtelière. « Quand j’entends que l’on ne nous laisse pas travailler le 1er Mai alors qu’une minorité bloque le pays sans qu’on ne puisse rien faire, je suis en colère ». En cause, d’abord, un problème conjoncturel : « Avec moins 1 % de nuitées enregistrées en Côte-d’Or en 2018, soit 8 403 chambres de moins et 2 615 couverts de moins, une moyenne de séjour en baisse de 1,5 à 1,17 nuits, la conjoncture n’est pas bonne et pèse incontestablement sur notre trésorerie alors que 2018 s’annonçait comme une très bonne année au vu des dix premiers mois », déplore Patrick Jacquier, président général de l’UMIH Côte-d’Or.
Les mouvements sociaux des gilets jaunes ternissent en effet l’image de la France auprès de la clientèle étrangère notamment, très présente sur l’hexagone et particulièrement dans la région. À cette crainte de voir fuir les touristes vers d’autres destinations, s’ajoute ce que les hôteliers qualifient de « concurrence déloyale » avec le développement de la location de logements de particuliers. « Nous ne sommes pas opposés à ces plateformes mais nous demandons à ce que les mêmes règles et traitements s’appliquent que pour les professionnels, appuie le président départemental de l’UMIH. Il existe à Dijon 4 000 chambres et selon nos estimations, 1 200 offres en BNB sur la métropole ».
Après la présentation de son rapport moral, Patrick Jacquier a demandé au maire de Dijon de rétablir cette équité. Ce à quoi l’intéressé, présent dans la salle, a répondu : « Je m’engage à prendre des mesures réglementaires rapidement. »
« RAS-LE-BOL »
Reste à trancher l’épineuse question du travail de la profession le 1er Mai. L’an dernier à Dijon, une dizaine de restaurateurs s’étaient vu contrôlés et verbalisés parce qu’ils étaient ouverts en cette journée historiquement fériée. « Sauf à prouver qu’il y a impossibilité d’interrompre le service, notamment en raison d’une proximité avec un hôtel ouvert ce jour-là ou de denrées périssables, précisait Elsa Goulleret, avocate du barreau de Dijon, le Code du Travail prévoit que le 1er Mai soit le seul jour de l’année fermé et chômé ».
« La loi n’ayant pas évolué sur ce point, a répondu la Direccte, je ne peux vous dire qu’il n’y aura pas de contrôle cette année : vous encourrez donc le risque d’être pénalisé ». Une petite mise au point qui a fait grincer des dents dans la salle et monter d’un cran le « ras-le-bol » de toute une profession. « On représente près de 8 % du PIB avec des emplois non délocalisables, a ajouté Jean-Virgile Crance. Si l’on veut être entendu, nous devons parler d’une seule voix, mettre en place des partenariats publics/privés, mener des actions de promotion. Mais dans un monde qui bouge et dans un secteur où la concurrence est internationale, il faut laisser à chacun la liberté d’entreprendre ».