L’horizon s’assombrit pour les entreprises en quête de solutions

Les responsables économiques aubois interrogent régulièrement les chefs d’entreprise du département pour cerner l’évolution de la situation économique dans le département.

Malgré des effets de rattrapage depuis le mois de juin, les carnets de commande s’essoufflent.

Pour beaucoup d’entreprises auboises, le plus difficile reste encore à venir. Le point d’étape de la conjoncture économique dans l’Aube à la mi-2020, dressé conjointement par la CCI de Troyes, la Banque de France de l’Aube et l’Ordre des experts-comptables de Champagne laisse pourtant apparaître une situation qui s’est redressée à partir de juin et jusqu’à fin août. « Il y a même eu des effets de rattrapage pour certains professionnels comme les libraires et les fleuristes qui ont connu un surcroît d’activité de plus de 30 % en juin par rapport à juin 2019 », constate Virginie Vellut, présidente de l’Ordre des experts- comptables de Champagne.

La hausse d’activité ne suffit pas à compenser les pertes essuyées pendant le confinement et bon nombre de petites d’entreprises ont subi un recul de chiffre d’affaires de 10 % à 20 % pour le premier semestre de l’année. Pour les cafés, hôtels et restaurants, où restrictions et fermetures se succèdent, le recul est nettement plus important. « Dans le Grand Est, grâce à une reprise vigoureuse de l’activité à partir de juin, les capacités de production industrielle ont atteint 73 %, en léger recul par rapport à la moyenne habituelle qui est de 76 % », constate Gilles Duquenois, directeur de la Banque de France de l’Aube.

« Il faut y voir surtout une activité liée à des commandes qui n’avaient pas pu être réalisées pendant le confinement alors que les perspectives semblent plus pessimistes pour le troisième trimestre, comme dans le BTP par exemple », poursuit-il.

LE TEMPS DU REMBOURSEMENT

Les multiples dispositifs d’aides ont été largement utilisés par les entreprises auboises. Elles étaient 5 130 à avoir eu recours au chômage partiel pour près de 54 000 salariés et 5 472 à obtenir l’aide du Fonds de solidarité. Dans le Département, 2 334 prêts garantis par l’Etat ont été accordés pour un total de 407 millions d’euros. Mais les incertitudes liées à la durée de la crise sanitaire et à l’atonie des carnets de commandes depuis la rentrée minent le moral des chefs d’entreprise. « Avec une note de prévision d’activité donnée par les chefs d’entreprises aubois de 9,2 sur 20, nous atteignons un niveau historiquement bas, inférieur même à celui de 2008 », constate Sylvain Convers, le président de la CCI de Troyes. Alors que tous les voyants étaient au vert en 2019 dans l’Aube, les nuages s’accumulent à l’horizon. « Il faudra être très vigilant car au-delà du chiffre d’affaires, c’est surtout la rentabilité des entreprises qui se dégrade sérieusement alors même qu’il leur faudra rembourser les prêts et les reports de charges dans quelques mois », prévient Virginie Vellut.

Pour prévenir ces difficultés, des dispositions ont été accordées, comme la possibilité de remboursement du PGE (Prêt Garanti par l’Etat) sur six ans avec des taux encadrés. C’est surtout la fin de la crise sanitaire que les chefs d’entreprise guettent. L’épargne « forcée » des ménages français – 100 milliards d’euros pour 2020 – pourrait alors servir à relancer la consommation et l’activité économique, pour peu que la confiance revienne.