Philippe Ropers.L’excellence au service du réel

L’Irtess, que dirige Philipe Ropers, accueille un peu plus de 600 étudiants à l’année, auxquels s’ajoutent des personnes en formation continue. Au total, 3.000 stagiaires sont accueillis chaque année. Le directeur, passionné de géopolitique, qui est finalement la science de l’appréhension des territoires, a réalisé en 2015 un mémoire sur l’importance pour une association d’aide à domicile, d’être en veille sur son environnement.

À la tête de l’Institut régional supérieur du travail éducatif et social (Irtess) à Dijon, il s’appuie sur 30 ans d’expérience de travailleur social pour accompagner son établissement dans le contexte d’une réforme de la formation professionnelle qui vise une professionnalisation accrue. Le tout avec un sens aiguisé du lien avec le réel

Une professionnalisation toujours plus forte : c’est l’un des constats marquants que Philippe Ropers fait, après plus de 30 ans passés dans ce qu’on nomme un peu rapidement le « social ». Le directeur de l’Institut régional supérieur du travail éducatif et social (Irtess) de Dijon a derrière lui un parcours complet dans ce domaine, à différents échelons de responsabilité. Ce domaine l’a conduit à assumer de nombreux rôles dans le cadre de l’action sociale. Il a été éducateur pendant une douzaine d’années, dès l’âge de 19 ans, en établissements, mais aussi comme éducateur de rue en région parisienne, à Cergy-Pontoise, précisément. Son parcours professionnel le conduit ensuite à devenir formateur dans un organisme nommé Buc Ressources, dans les Yvelines, organisme dont il assume, au bout de quelques temps la direction adjointe. Son premier passage en Bourgogne remonte à sa prise de fonction au sein de l’association Sauvegarde 71, en Saône-et-Loire, qui œuvre dans la protection de l’enfance. Il assumera la direction générale de l’association de 2008 à 2012. Il prend un poste similaire à la tête de la Sauvegarde 49, dans le Maine-et-Loire jusqu’en 2015 avant d’embrayer sur la direction d’une troisième association, cette fois-ci basée dans la Sarthe, au Mans. « Mon travail, précise-t-il, a alors consisté à redresser cette structure qui était en grande difficultés. Je travaillais en lien avec des administrateurs judiciaires».

PAR LA PORTE DU SPORT

C’est au terme de ce parcours riche qu’il prend la direction de l’Institut supérieur du travail éducatif et social (Irstess) à Dijon, à la fin de l’été 2016. Après un bac obtenu à 17 ans, il était parti faire son service militaire, puis avait entamé rapidement sa carrière d’éducateur. « J’ai toujours fait beaucoup de sport, rappelle-t-
il, et mon intérêt pour le travail d’éducateur est un peu parti de cela : des activités sportives que l’on pouvait proposer dans ce cadre ». L’Irtess n’était pas totalement une structure inconnue pour lui. Lorsqu’il avait occupé la fonction de directeur général de la Sauvegarde 71, il était également membre du conseil d’administration de l’institut. « À mon arrivée en 2016, je n’étais donc pas en terrain totalement inconnu. Ce qui m’a paru prioritaire, c’était de mener à bien un travail de structuration de la démarche qualité, la mise en place de procédures, des mesures qui sont propres à tous les organismes de formation professionnelle ». Ce d’autant plus que l’Irtess n’échappe pas aux évolutions en cours dans le cadre de la réforme de cette formation professionnelle. « Un certain nombre de chantiers sont à l’œuvre depuis plu- sieurs années dans toute la filière, remarque-t-il. Pour ce qui nous concerne, il y a notamment le passage des formations en travail social qui passent du niveau 3 au niveau 2 (de bac +2 à bac +3 ou 4 NDLR). Ces réformes, il faut les accompagner avec une équipe, à la fois très compétente et motivée ». L’Irtess, membre de l’Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociales (Unaforis) forme à cinq diplômes d’État. Depuis 2015, une réflexion de fond est menée afin que les formations en travail social soient décloisonnées, dans la perspective de créer un tronc commun et des spécificités. L’Irtess y a pris une part active. « En parallèle, poursuit Philippe Ropers, nous avons aussi dû obtenir une accréditation auprès de l’université de Bourgogne, pour être habilité à délivrer des formations de niveau 2. Là encore, un gros travail de réflexion a été mené à son terme et a débouché sur une convention ». Philippe Ropers a donc pris la direction d’un établissement qui était déjà engagé dans un vaste processus d’évolution sur de multiples plans. L’évaluation de la qualité, notamment, aura constitué un vaste chantier. D’autant plus que l’institut dijonnais ne se cantonne pas au cinq diplômes d’État (Éducateur de jeunes enfants (EJE), Éducateur spécialisé (ES), Éducateur technique spécialisé (ETS), Assistant de service social (ASS), Conseiller en économie sociale et familiale (CESF)).

Il forme aussi au Certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale (Cafdes), au Certificat d’aptitude aux fonctions de responsable d’unité et d’intervention sociale (Caferuis) ainsi qu’au diplôme d’État d’ingénierie sociale. Le catalogue ne serait pas complet si on oubliait de citer la recherche et la formation permanente.

« Même si la recherche a toujours été une composante de cet institut, poursuit son directeur, j’ai voulu faire porter un effort particulier dans le cadre de notre partenariat avec l’université qui devient, en quelque sorte, garante d’une qualité de pointe en matière d’enseignement. De plus, tous les organismes de formation ont vocation à développer la recherche, pour une raison simple : cela permet de développer une culture propre à l’établissement de formation, qui interroge les savoirs acquis mais invite également à explorer des connaissances nouvelles et on ne peut concevoir de la connaissance de qualité s’il n’y a pas cet effort là ».

L’effort se traduit notamment dans les recrutements de l’établissement, avec des exigences accrues en termes de qualification, a minima, avec le grade de master, et jusqu’au doctorat. « L’Irtess, à l’instar des autres organismes de formation en travail social, a vocation à prendre une vraie place dans l’enseignement supérieur, ce qui est très intéressant ». Ce n’est finalement là qu’une autre traduction de la professionnalisation croissante que Philippe Ropers remarquait au début de ce portrait. « La réforme des diplômes est aussi porteuse d’une valorisation des professions, souligne-t-il. Il y a une vraie reconnaissance des pouvoirs publics, notamment sur le rôle social qu’on attend des acteurs de terrain. Je constate aussi une véritable ouverture du travail social aux sciences sociales. Être travailleur social, c’est aussi être capable de s’interroger sur tout ce qui concerne la bonne connaissance du fonctionnement de l’être humain, notamment au niveau neurologique, cognitif. On doit s’interroger sur la manière dont on accompagne les gens au quotidien (handicapés, fragilisés socialement…) pour qu’ils puissent être pleinement des citoyens. C’est un des enjeux majeurs de notre action ».

Le directeur souhaite inscrire son institut sur le terrain du développement territorial et de la connaissance tout-public. Plus globalement, un établissement qui forme des personnes appelées à travailler sur les fragilités sociales ne peut s’abstraire totalement de la réalité du moment, et notamment de la crise des gilets jaunes. « L’Irtess, conclut Philippe Ropers, ne peut être déconnecté du terrain. Dernièrement, nous avons mené un travail sur les ruptures territoriales entre l’urbain et le rural. Nous sommes toujours confrontés aux questions d’accès au droit, de citoyenneté ». Signe des temps : l’Irtess accueillera le 11 mars une séquence du grand débat national entre les administrateurs de l’Irtess, les équipes et les étudiants, sur la question de la démocratie et de la citoyenneté.

Parcours

1966 Naissance, le 7 septembre à Paris.
1986 Il devient éducateur.
2008 Devient directeur général de l’association Sauvegarde 71 en Saône- et-Loire, jusqu’en 2012.
2016 Directeur de l’Irtess de Dijon en septembre.