Un défaut d’approvisionnement dû uniquement… au souci de rentabilité des fabricants.
Toujours plus fréquentes dans les hôpitaux et les pharmacies, les ruptures de stock de médicaments représentent un risque considérable pour la santé des patients. Plusieurs associations de médecins et de pharmaciens s’inquiètent et demandent que des solutions soient mises en place au niveau européen.
Selon un sondage révélé en janvier 2019 par l’association de patients France assos santé, un Français sur quatre s’est déjà vu refuser un médicament dont il avait besoin et les conséquences sont parfois dramatiques. Pour pallier le manque, les praticiens doivent trouver des compromis et passer commande à d’autres établissements, parfois étrangers mais cela crée des ruptures de stock en cascade dans les pays voisins.
La France n’est pas le seul État concerné. Aux États- Unis et au Canada, les hôpitaux manquent régulièrement d’insuline et les patients doivent parfois parcourir des dizaines de kilomètres pour s’en procurer. En Allemagne, 225 médicaments en rupture d’approvisionnement ont été recensés par l’Institut fédéral des médicaments et des dispositifs médicaux (BfArM).
Selon une enquête réalisée par l’Association européenne des pharmaciens hospitaliers (EAHP) dans une trentaine de pays européens l’an dernier, 91 % des praticiens interrogés sont régulièrement confrontés à ces manques. Si les innovations thérapeutiques menées par les laboratoires sont épargnées, les médicaments anciens, tombés dans le domaine public, sont les plus touchés.
Un manque de rentabilité a incité de nombreuses entreprises pharmaceutiques à délocaliser leur production en dehors de l’Europe. Aujourd’hui, 80 % des principes actifs comme l’ibuprofène ou le paracétamol sont fabriqués dans des pays asiatiques, contre seulement 20% il y a 30ans.
Les praticiens demandent de rapatrier la fabrication des principes actifs et de la mise en boîte en Europe, ou encore d’imposer aux principaux laboratoires pharmaceutiques la constitution de stocks de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM). Face à une situation économique complexe guidée par le profit des laboratoires, la vice-présidente de l’EAHP prône la création d’une plateforme internationale pour suivre en temps réel les stocks et les manques de médicaments. Pour cela, un collectif de médecins et professeurs hospitaliers propose la création d’un établissement pharmaceutique à but non lucratif européen. Un modèle qui existe déjà aux États-Unis, au sein duquel plus de 500 établissements hospitaliers se sont réunis pour fonder une organisation achetant et produisant des médicaments passés dans le domaine public.